Sur la banalité écrite, que
c’est facile vous dites de dire les choses dans une lettre simplement,
l’accident, comment la voiture a rencontré le train, faites un dessin au
passage à niveau, j’ai rencontré le train, le conducteur à cet instant ne
regardait pas la voie ferrée, le passage était ouvert et j’écoutais de la
musique, un casque sur les oreilles, tout est allé très vite, je vous écris de
la part du conducteur qui n’a pas survécu, le train ne s’est pas arrêté, il
faisait nuit, mais j’insiste le passage était ouvert ou n’avait pas de
barrière, il faisait nuit et la route à cet endroit n’était pas éclairée, Margó
ouvre et ferme sa boucle d’oreille et cherche à la mettre sur le nez, écoute le
bruit que fait la pince en se fermant, et n’arrive pas à l’accrocher au bout du
nez, passer la pince dans la narine, votre femme n’écoute pas souvent de la
musique, et ce petit orchestre de la boucle d’oreille, c’est frappant, depuis
dix minutes, le bruit de la boucle dans la narine, toute cette manœuvre en
fermant les yeux, vous n’avez pas sommeil, il faudra dicter si vous ne voyez
plus les lignes, je n’ai jamais su dicter une lettre, ou peu d’occasions dans
votre vie professionnelle, ou ferait semblant de dicter comme Margó fait
semblant de s’accrocher la boucle au museau, vous avez déjà parlé du Salon de
l’Agriculture, et le temps qu’il faudra passer à recopier à la machine ce qu’il
n’arrive pas à déchiffrer alors écrivez proprement, ce serait facile de
s’enfoncer la pince dans le bord de la narine, mais c’est pour entendre le
bruit et le refaire et le refaire.
épisodes précédents : 1
(avec présentation du feuilleton), 2,
3, 4,
5, 6,
7,
8,
9,
10,
11,
prochain épisode lundi 24 septembre 2012
Poezibao rappelle que les éditions
Les Petits Matins ont publié il y a quelques mois 478 Jours naturels (16,25€) et en
2010 un premier ensemble extrait des cahiers de Bernard Collin, Vingt-deux lignes cahier 100
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