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De l’usage (im)modéré des suites…

Par Borokoff

A propos de Jason Bourne : l’héritage de Tony Gilroy ★★☆☆☆

Jeremy Renner - Jason Bourne : l'héritage de Tony Gilroy _  Borokoff / Blog de critique cinéma

Jeremy Renner

A la fin du dernier opus de la trilogie jouée par Matt Damon, les révélations de Jason Bourne sur « Outcome », un projet gouvernemental censé remplacer « Treadstone », avaient jeté un grand froid pour ne pas dire fait souffler un vent de panique sur la CIA, incarnée par le Colonel à la retraite Eric Byer (Edward Norton). Mêlant entrainements physiques extrêmes et manipulations génétiques, pour améliorer les capacités des soldats dans des missions isolées, « Outcome » était un projet tout aussi « Top Secret » que Treadston mais bien plus radical et contestable éthiquement que ce dernier. Si les révélations de Bourne avaient laissé un « héritage » bien gênant, c’est donc tout naturellement que le Colonel Byer, appuyé par les grands chefs de la CIA, décide de supprimer purement et simplement tous les acteurs d’« Outcome », des six agents spéciaux, dont le Aaron Cross (Jeremy Renner, connu pour ses talents de Démineurs), jusqu’aux scientifiques ayant collaboré au projet, comme la délicieuse et naïve Doctoresse Marta Shearing (Rachel Weisz). Bientôt, Cross et Shearing n’auront plus qu’un seul but : sauver leur peau…

Tony Gilroy est connu pour être le scénariste des trois premiers volets de la série des Jason Bourne, succès planétaires et très lucratifs qui ont donné la fausse bonne idée à ses producteurs d’en remettre une quatrième couche.

Rachel Weisz - Jason Bourne : l'héritage de Tony Gilroy _  Borokoff / Blog de critique cinéma

Rachel Weisz

Mais plusieurs choses ont changé pour ce quatrième épisode. La première, c’est que le personnage de Bourne n’existe plus, « remplacé » » par l’agent Aaron Cross. Exit donc Matt Damon, qui déclina l’invitation lorsqu’il sut que Paul Greengrass avait lui-même refusé le projet.

Si le scénario de Jason Bourne : l’héritage (traduction exacte du titre original The Bourne legacy) est une fois de plus l’apanage de Tony Gilroy (et de son frère Dan), il n’est plus directement adapté d’un des romans de Robert Ludlum. C’est un scénario original, totalement imaginé par les frères Gilroy, mais dont le titre original reprend simplement celui du quatrième roman consacré à Bourne et écrit par Eric Van Lustbader, qui avait lui-même repris la succesion des Bourne à la mort de Ludlum, en 2001.

Alors, que dire du troisième long-métrage de Gilroy, après Duplicity (2009) et Michael Clayton (2007) ? Et comment cacher la déception que suscite Jason Bourne : l’héritage, succession sans âme de courses-poursuites et de bagarres musclées entre les Philippines et les U.S.A. ?

Jason Bourne : l'héritage de Tony Gilroy _  Borokoff / Blog de critique cinéma

Sans âme. C’est le mot qui revient sur les lèvres pour ce quatrième opus au scénario compliqué (et non complexe), à l’intrigue poussive et tirée par les cheveux. On a du mal à croire et à adhérer au principe de base qu’un chef de la CIA décide de supprimer tout un laboratoire de scientifiques sous prétexte que le projet auquel ils participent ait été éventé sur YouTube. Que le Colonel Ryer décide de faire tuer les six agents passe à la rigueur, mais le reste…

C’est la première invraisemblance du scénario, du moins une trop grosse ficelle. La seconde vient de l’étonnante naïveté dont fait preuve la Doctoresse Shearer qui ne comprend, qu’une fois qu’on veut la tuer, le but de ses recherches !

Le jeu tout en froideur aristocratique, tout en distance de la toujours aussi belle et élégante Rachel Weisz est de loin l’atout majeur du film et sa principale réussite. Car pour le reste, on repassera. Jeremy Renner n’est pas un mauvais acteur, loin de là, mais il n’a pas le même charisme que Damon, qui incarnait, on s’en souvient, un personnage poignant qui avait perdu sa femme dans un attentat qui le visait et devait faire table rase de son passé quand dans un épisode précédent, ce n’était pas la mémoire qui lui faisait au contraire cruellement défaut.

Dans Jason Bourne : l’héritage, la mise en scène est poussive et souffre de son manque d’originalité. En revisitant Paul Greengrass et Doug Liman (La mémoire dans la peau), Gilroy marche sur les plates-bandes de ses prédécesseurs mais ne parvient pas à apporter de sang neuf ni d’esprit nouveau à la série, se contentant de reprendre le style nerveux d’une mise en scène qui privilégie la caméra à l’épaule et ce fameux cadrage millimétré de l’espace. Gilroy s’est appuyé sur son autre frère John pour opérer le montage (décidément, c’est une affaire de famille) tendu du film, mais il n’a pas réussi à insuffler d’âme à ce Bourne, à le rendre aussi captivant que les précédents opus. A sa décharge, La vengeance dans le peau montrait déjà des signes d’essoufflement.

Dans Jason Bourne : l’héritage, des personnages comme Aaron Cross ont des caractères trop sommaires, et une personnalité trop vite ébauchée. On ne sait rien sur lui, rien sur son passé, sur sa vie, ce qui le rend peu attachant, Cross passant simplement pour une machine de combat. Par la distance et une certaine hauteur que Weisz parvient à instaurer chez son personnage (Shearer est à la fois terrifiée en même temps qu’elle regarde, un brin arrogante et de haut Aaron Cross), l’actrice américaine parvient quant à elle à donner un semblant de profondeur et de chair à son rôle. Mais l’ambigüité qui existe par exemple chez le Colonel Byer, qui rechigne à tuer un soldat comme Cross qu’il a côtoyé et qu’il apprécie sans doute dans le fond, aurait mérité d’être davantage fouillée et approfondie.

Alors le sentiment, au final, laissé par ce quatrième opus de Jason Bourne, est d’assister presque à un James Bond, impression que confirme la scène finale. De même que Die Hard 4 : Retour en Enfer montrait les limites d’un genre et qu’il y avait un temps pou tout, et surtout pour les séries, Jason Bourne : l’héritage sonne comme un sérieux avertissement que le compte à « rebournes » a bel et bien commencé…

http://www.youtube.com/watch?v=jMzs8Hew770

Film américain de Tony Gilroy avec Jeremy Renner, Edward Norton, Rachel Weisz… (02 h 16)

Scénario de Tony et Dan Gilroy : 

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Mise en scène : 

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Acteurs : 

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Dialogues : 

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Compositions de James Newton Howard et Richard « Moby » Hall :

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