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A l'Ouest, il y a du nouveau : Alexis HK, le dernier présent

Publié le 21 septembre 2012 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde
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Alexis HK revient, avec cette voix douce si familière qui réconforte et son habileté à manier la langue française qui a fait sa réputation. En conteur doué, il livre un album plutôt sombre mais où, si le ciel semble bien bas et bien gris, percent de jolies éclaircies.

Car c'est de fin du monde dont il est question, de fin tout court d'ailleurs. De fin de parcours. Souvent.

Ainsi l'album s'ouvre sur " Que pourrais-je bien te raconter pour rassurer tes yeux ombrageux. il parait que le monde va s'arrêter sous peu, il parait que le ciel ambitieux, produirait trop de superstitieux, il parait que les hommes et les dieux ne savent plus faire l'univers heureux" (Le dernier présent).

Le ton est donné.

Car s'il est un constat que dresse Alexis HK c'est peut être celui de la bêtise de ses contemporains : de celle  des "superstitieux"  dans le dernier présent.

De l'ignorance de certains qui maltraitent les arbres centenaires (fabuleux titre que ce "César", dans lequel un arbre, donc, nous livre son histoire dans un récit à la première personne) :

"des hommes sans foi ni coeur sont venus m'arracher à la forêt, ils m'ont mis sur une place où pissent les chiens qui passent, où les pigeons sur moi se soulageaient. Ils me regardaient à peine en allant noyer leur peine dans le seul abreuvoir du quartier. J'entendais leurs cris de haine, de villageois qui se plaignent du bordel que font les étrangers".


Alexis HK : Le dernier présent par Alexis_HK_Officiel

Quand il prône l'amour avec des femmes d'un bord politique opposé au sien (l'homme a le coeur à gauche (comme tout le monde me diras-tu, mais là il est question de politique)(ceci dit, la gauche, c'est à l'ouest, hein, alors rien de bien surprenant à tout ça) c'est avec une ironie cinglante :

"Leur vision des choses un peu simpliste me fait rire et parfois m'effraie. Quand tu parles de justice sociale, je hoche la tête bêtement, quand tu dis que les chômeurs sont sales, et que les clochards sont feignants"(...).

Il conclue d'ailleurs sur la nécessité de prêcher la bonne parole à ces privilégiés "quand on est de culture populaire il faut avoir la charité d'aller apprendre les bonnes manières à ces beautés des beaux quartiers..."  ce qui m'a irrémédiablement évoqué ce film, "le nom des gens" où le personnage principal est une charmante jeune femme qui couche pour convertir des hommes à son opinion politique (jolie surprise que ce film dont je t'avais parlé ici)

La noblesse en prend un coup au passage, d'une toute autre manière ceci dit, un peu plus loin sur l'album  :

"Il se croyait noble, mais il était ignoble, il troussait toutes les gourgandes du vignoble".

Ce titre interprété façon chanson médiévale est un petit régal. Chanté à trois voix en compagnie de Benoit Dorémus et Renan Luce avec qui il a partagé la tournée "seuls, à trois", c'est le VRAI moment de fantaisie de l'opus.

Mention spéciale à "on peut apprendre", puisqu'il est question de fantaisie, car ce titre ne se défend pas mal aussi dans ce registre là  :"on n'apprend pas à un porc à cesser de se gaver quand on remet de l'or dans son écuelle d'acier" Ce titre est un prétexte pour évoquer quelques travers dont chacun a déjà pu faire l'expérience :

"On peut apprendre à un taxi à devenir aimable, je ne dis pas que c'est facile, je dis que c'est faisable, on peut apprendre à un taulier qui encaisse le pastis à ne pas dire il faut qu'j'encaisse, c'est la fin de mon service".

Et puis il y a du banjo sur ce morceau et ça, tu sais bien, c'est mon point faible. Je ne sais pas résister aux sonorités métalliques de cet instruments ce qui explique sans doute que j'aime tout particulièrement cette chanson.

"Princesse de papier" lance la charge contre la presse à scandale qui étale la vie de quelques un(e)s dans les kiosques. Récit à la première personne d'une de ces célébrités:

"C'est sur ces pages blanches, qu'on dessine les légendes et la mienne fait jacasser les curieuses langues de gueuses" (...) "Pour me remercier de te faire autant rêver tu me montres du doigt lorsque tu me vois en vrai. Il faut croire que tes parents et les magnats de la presse ont omis de t'enseigner quelques lois de politesse. C'est pour ça que je ne t'en veux pas, qu'on me livre à toi contre deux euros ou trois."

Attention pas d'amertume sur ce disque, le sens de la formule et le choix de l'angle sous lequel chaque sujet est abordé allège le propos mais n'en modifie pas le sens. Et puis Alexis HK ne se contente pas de dresser un triste bilan, il invite à se recentrer sur l'essentiel, les petits bonheurs du quotidien, les siens "je reviendrai auprès des amis et des rires, des racines et des souvenirs" ("je reviendrai").

D'ailleurs l'album s'achève sur "la fin de l'empire" (le bien nommé) qui appelle, comme on l'entend souvent sur l'album, à profiter des petits moments précieux de l'existence "la vie fut pleine de grâce et je me souviens de quelques caresses fugaces en des lieux incertains".

On écoute "Le dernier présent" avec le sentiment que l'auteur porte un regard d'une acuité toute particulière sur le monde qui l'entoure et réussit à partager ce qui lui tient à coeur, le bon comme le mauvais, avec cette plume experte qui mêle formules poétiques et expressions familières. Il laisse l'auditeur avec le sentiment réconfortant que si le monde contemporain nous conduit à la révolte, il est toujours possible de trouver refuge auprès des siens, au sens large, ceux qui partagent une sensibilité semblable à la nôtre. Plus qu'une critique acerbe du monde actuel, c'est sans doute un carpe diem déguisé, ce bel album...

Toutes les infos sur Alexis HK et en particulier les dates de sa tournée sont à retrouver par ici.


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