Ma rencontre avec John LE CARRE remonte à ma jeunesse. Son roman L’ESPION QUI VENAIT DU FROID a été l’un des premiers livres que j’ai acheté avec l’argent de mon travail. Avec ce roman, j’ai découvert que les romans d’espionnage pouvaient être des monuments littéraires.
J’ai eu l’occasion quelques années après de m’intéresser, pour des raisons personnelles à ce roman et d’en découvrir tout un côté qui m’avait échappé à la première lecture et qui tournait autour du thème “l’être et le paraître”.
Depuis, je n’ai plus lu aucun des romans de John Le Carré : l’occasion ne s’est pas présentée et l’envie non plus. De plus, j’appréhendais de ne pas retrouver l’ambiance si spéciale où évoluait ses personnages.
Par contre j’ai relu plusieurs fois, avec le même plaisir, le sinueux et tortueux cheminement des services secrets, pour lesquels la vie d’un de leurs propres agents n’a pas grande importance face aux missions fixées par les gouvernements.
Face à Alec Leamas, l’espion britannique et son aspect humain, James BOND avait pour moi des airs de héros artificiels de bande dessinée.
Et dernièrement, j’ai découvert le dernier roman de John LE CARRE paru en avril 2011 chez Le Seuil. Avec un titre comme “UN TRAITRE A NOTRE GOUT”, j’étais sûr que je retrouverai d’une certaine mesure “L’homme qui venait du froid” : la référence y était plus qu’allusive.
En effet dans ce roman, on retrouve tout ce qui avait constitué l’originalité du grand succès des années 60 : des espions “normaux”, avec leurs problèmes personnels et leurs idéaux, les personnages les plus inattendus, les intrigues autour de la trahison, un récit construit sur des flash-backs parfois déroutants, et une écriture agréable dans sa version française réalisée par Isabelle Perrin, la traductrice attitrée de John Le Carré depuis ses débuts.
La rencontre avec ” Un traître à notre goût” ressemble fort à des retrouvailles avec “L’espion que venait du froid”, avec une mise à jour du contexte historique et politique!
Si vous voulez lever une partie du voile qui recouvre les mystères de la mafia russe actuelle ou les troublantes accointances des hommes politiques avec le monde la finance véreuse, sous le regard parfois bienveillant des services secrets, n’hésitez pas une seconde.
John Le Carré ne s’est pas bonifié avec le temps : il a su rester égal à ce qu’il a été quand il était au mieux de son art de romancier.
Bonne lecture!