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Une histoire de cailloux réglée au lance pierre

Publié le 21 septembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Une histoire de cailloux réglée au lance pierre

Les îles Senkaku sont localisées au nord-est  de Taïwan et au sud-ouest d’Okinawa Hontō, dans la mer de Chine orientale. Comme on sait pertinemment que vous pionciez lourdement pendant vos cours de géo et/ou pour les plus turbulents d’entre nous que vous faisiez passer des mots pliés en douze accrochés à un surligneur rose qui ne fonctionne plus depuis au moins deux ans,  nous mettons une carte à disposition. Tout bon historien vous expliquera qu’on ne peut pas faire d’histoire sans une bonne carte. Mais encore ?

Ces îles sont revendiquées depuis la fin des années 1960 par la République Populaire de Chine (entre autres) qui les rattache à Taïwan. Les chinois ont été relativement pris au dépourvu quand la nationalisation des ces territoires par le gouvernement nippon fut venue. « L’intérêt de ces îles est économique, car en plus d’avoir des eaux très poissonneuses, elles comptent des gisements potentiels d’hydrocarbures à proximité, notamment celui de Chunxiao/Shirakaba. Elles ont également un intérêt stratégique pour la marine chinoise. » La nouvelle a déclenché des réactions violentes. Les Chinois ont appris depuis leur plus tendre et douce enfance que ces îlots faisaient partie intégrante du territoire national depuis bien avant Tintin et le Lotus Bleu. En réalité, beaucoup d’entre eux ignoraient même que ces îles étaient sous contrôle effectif des Japonais, chose pourtant reconnue par la communauté internationale qui elle aussi pionçait pendant les cours de géo (peut-être). Il s’ensuit alors une furie antijaponaise dans les grandes villes qui n’est pas sans rappeler la révolte des Boxers contre les puissances occidentales au XXème siècle. Les chinois y vont plutôt fort en patriotisme n’hésitant pas à se retourner contre le propre gouvernement et leur armée leur reprochant d’être « trop faible dans la gestion des litiges territoriaux aves d’autres pays. » Il s’agit là de vraies émeutes pour lesquelles nous pensions que seuls les banlieusards français ou anglais avaient le secret. A croire qu’aujourd’hui tout s’exporte. Les manifestations et dégradations vont bon train. Les magasins sont pillés, les voitures sont brûlées, les restaurants sont dévastés tout y passe et sans aucuns scrupules.

La Chine a dépêché six navires de surveillance maritime aux abords des Senkaku, dans les eaux territoriales japonaises. Le Quotidien du Peuple, publié par le Parti Communiste Chinois (PCC), a retransmis la nouvelle en ces termes : « nos navires ont atteint les eaux environnantes des îles Diaoyu. Nous avons défendu nos droits en faisant respecter notre loi. »

Alors qu’il est expressivement demandé à Washington de ne pas intervenir, le gouvernement chinois doit absolument se préparer, y compris militairement, à un éventuel dérapage dans le conflit qui l’oppose au Japon à propos de ce territoire. Suite aux attaques de la droite japonaise [le gouverneur de Tokyo a en particulier tenu des propos bellicistes], la crise des îles Senkoku a désormais atteint le stade d’un antagonisme sino-japonais impossible à résoudre dans l’état actuel des choses, et l’accord tacite de non-escalade conclu entre les deux parties a volé en éclats. Pour l’instant, les deux gouvernements ne peuvent reculer, et la forte hostilité entre les populations ne fait qu’aviver les tensions.

Face à ce choix difficile d’intervenir militairement ou non sur ces îles, le gouvernement chinois doit prendre en considération de multiples éléments en lien avec la société chinoise actuelle. La situation économique est en léger déclin même si la croissance du pays offre une marge de manœuvre relativement confortable. Les aspirations de ces jeunes nationalistes ne doivent pas annihiler le courant dominant de la société dans laquelle ils font partie. Il s’agit de traiter le problème avec un sang froid exemplaire et de ne pas céder aux pressions extérieures. L’issue de ce conflit fera très certainement jurisprudence en termes de relations sino-japonaises.

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