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The Newsroom: La nouvelle bombe télévisuelle d’Aaron Sorkin

Publié le 22 septembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

The Newsroom: La nouvelle bombe télévisuelle d’Aaron Sorkin

Création: Aaron Sorkin
Genre: Drame
Durée: 55 minutes
Chaine: HBO
Avec: Jeff Daniels, Emily Mortimer, Alison Pill, John Gallagher Jr, Dev Patel, Olivia Munn et Sam Waterston

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The Newsroom raconte les coulisses d’une chaîne d’information en continu appelée ACN (Atlantic Cable News) et plus particulièrement de son émission phare du soir. On y voit évoluer toute une équipe autour de son présentateur vedette et tyrannique, Will McAvoy (Jeff Daniels): la productrice et ex de Will, Mackenzie MacHale (Emily Mortimer), ses assistants Jim (John Gallagher, Jr.), Margaret (Alison Pill), Neal (Dev Patel), le tout, sous la houlette du président un peu fou de la chaîne, Charlie Skinner (Sam Waterston).

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Le Retour Gagnant d’Aaron Sorkin
Qui ne se souvient pas de la mythique série The West Wing (A La Maison Blanche) qui dévoilait les dessous de la vie quotidienne de la présidence des Etats-Unis ? Cette série à la formule si originale avec ses dialogues ping-pong dans tous les sens, le soucis des détails et ses personnages captivants. Sous ce format se trouvait Aaron Sorkin, scénariste reconnu jusqu’alors pour quelques films et séries. Pour les plus jeunes, Sorkin c’est aussi le scénariste oscarisé pour The Social Network, le film sur Facebook sorti en 2011. Pas le premier venu donc. Et encore, on n’insiste pas sur la géniale série Studio 60 on the Sunset Strip de 2006, injustement boudée par les spectateurs mais unanimement reconnue par la presse. Bref, un CV costaud pour ce génie du timing et du dialogue.
C’est en 2009 que lui est venu l’idée d’une série basée sur le monde des médias TV et sur les dessous du journalisme américain. Et après deux ans de recherche, d’écriture et de création, le projet The Newsroomest arrivé sur les bureaux de la chaine HBO, qui s’est empressé d’acheter les droits d’une probable poule aux oeufs d’or. Bingo. Le premier épisode a été l’un des pilotes les plus vus de l’histoire de la chaine qui a immédiatement reconduit la série pour une deuxième saison. Et la saison 1 s’en est tenue à une très bonne moyenne de 2 millions de téléspectateurs chaque semaine. Alors, quels sont les ingrédients d’un tel succès ?

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Une série au focus original
En allant se frotter
aux coulisses du journalisme, The Newsroom fait dans l’inédit. En effet, on est pas habitué d’aller de l’autre côté de ce monde de brutes et tout le travail effectué en amont pour assurer une heure ou moins d’antenne. On voit ici tout ce qui fait vivre une chaine d’informations. Le choix des sujets, leur traitement, le rapport à la concurrence, les conflits d’intérêts entre collègues, la préparation d’interviewes, etc etc. Tout y passe, rien est épargné et tout semble très juste. On s’imagine très bien nos chaines françaises fonctionner de cette manière, à un degré moindre certes, le traitement de l’information différant légèrement du système américain.
La série est d’ailleurs -et logiquement- très américano-centrée. Et pour les pays étrangers comme nous, il est très intéressant voire fascinant de voir comment un média américain traite un sujet à résonance internationale (la crise économique, le naufrage de la plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique, la mort de Ben Laden, la présidence d’Obama, le choix du candidat républicain) ou de découvrir des affaires nationales passées inaperçues ou presque par chez nous (l’affaire Casey Anthony, la montée dangereuse du Tea Party, …).
Ces sujets ne sont pas choisis par hasard car, en plus d’être la pleine actualité de la période 2010-2011, les retranscrire dans la série permet de pointer du doigt des dysfonctionnements ou des mensonges à leur encontre. La chaine  ne se montre guère neutre certes mais sert de miroir aux scénaristes qui s’en donnent à coeur joie pour dénoncer. On a donc le droit à une remise en cause des Etats-Unis bienvenue et plutôt rare dans les programmes américains. Il suffit de voir le monologue sublime (1) de Will McAvoy au début du pilot pour avoir une idée de la chose:

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Ca va vite hein ? Oui parce qu’on ne se refait jamais vraiment, Sorkin nous sort encore ses scénarios mitraillettes. Des dialogues ping-pong maitrisés à la perfection où chacun, tel un boxeur, renvoie l’autre dans les cordes. Oui, il faut donc suivre et c’est parfois difficile mais ça évite au moins les temps morts. Et à l’évidence, on en compte très peu sur la totalité des dix épisodes qui constituent la saison.
S’il fallait en trouver, on pourrait chipoter sur toutes les histoires satellites à l’intrigue principale, souvent des histoires de coeur. Il y a celle entre McAvoy et Mackenzie, son ex devenue sa productrice exécutive pour relancer le programme, celle à trois ou quatre entre Dan en couple avec Maggie qui est amoureuse de Jim lui même amoureux de Maggie mais qui sort avec la coloc de cette dernière (vous suivez ?). On ne peut pas empêcher les scénaristes d’insérer un peu d’humain dans l’histoire mais c’est un peu trop fouilli pour le moment. Il faudra sûrement une saison supplémentaire pour que la mayonnaise prenne bien et que les noeuds se défassent.

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Un Casting Costaud
Un scénario et une trame de très haut niveau, c’est une belle base. Mais quand ils sont portés par des acteurs confirmés, c’est the cherry on the cake. The Newsroom bénéficie d’une brochette d’acteurs convaincantes, voyez vous même: Jeff Daniels tout d’abord, le protagoniste principal, acteur connu et reconnu très fort dans ce rôle de forte tête égocentrique au grand coeur. La délicieuse anglaise Emily Mortimer qui trouve dans ce personnage à 10.000 volts une façon de faire ressortir un caractère qu’on ne lui soupçonnait pas forcément dans sa filmographie. On peut aussi parler de la supra sexe Olivia Munn, du vieux briscard Sam Waterston (New-York Police Judiciaire, bitch!) et même Dave Patel, le fameux Jamal de Slumdog Millionaire, dans un rôle de geek qui lui va à ravir.
Pas de problème donc, chacun assure son rôle parfaitement et chacun en a un en particulier, ce qui est rare pour une première saison où les personnages effacés sont légions d’habitude. Pour ces acteurs souvent issus du milieu du cinéma, le format d’une heure avec un scénario fourni leur permet de passer dans la case « série » sans trop de soucis.
On attend désormais avec impatience de voir quels seront les seconds rôles guest-star qui viendront se frotter à la joyeuse bande. Jane Fonda, en boss du boss liftée et un peu pute, a été la première à se prêter au jeu avec succès.

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En seulement dix épisodes et une saison, The Newsrooma réussi à se créer une dynamique et se trouver un rythme de croisière. Peu d’artifices, tout tient dans les mains et le génie du scripte de Sorkin qui peut faire à peu près tout ce qu’il veut, sachant que son scénario sera magnifié par ses acteurs. Et si certains peuvent imaginer un essoufflement rapide dû au sujet du journalisme et à l’angle un peu moralisateur de la série, Sorkin a envoyé un message en changeant toute son équipe de co-scénariste. Maintenant on a hâte d’être à l’été prochain pour voir quels seront les grands sujets d’actualités de 2012 qui seront traités (l’élection américaine déjà!) et puis quelles vont être les évolutions pour les personnages. Laissez-vous tenter, vous ne le regretterez pas.

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The Newsroom: La nouvelle bombe télévisuelle d’Aaron Sorkin

(1): « Ce n’est pas le meilleur pays, voilà ma réponse. [...] Et vous allez vraiment dire aux étudiants que les Etats-Unis sont si géniaux qu’ils sont les seuls à être libres ? Le Canada est libre, le Japon est libre, Royaume-Uni, France, Italie, Allemagne, Espagne, Australie, Belgique, tous sont libres! 207 états souverains dans le monde dont 180 sont libres. Vous l’étudiante écervelée, si vous vous égarez un jour dans un bureau de vote, vous devez savoir une chose: il n’y a aucune preuve que nous soyons les meilleurs au monde. On est 7e en alphabétisation, 27e en calcul, 22e en sciences, 49e en espérance de vie, 178e en mortalité infantile, 3e en revenu moyen 4e en force de travail et exports. On mène dans trois domaines: nombre de citoyens incarcérés, nombre d’adultes qui croient aux anges et dépenses, plus que les 26 pays suivants réunis. Rien de cela n’est dû à une étudiante de 20 ans, vous faites cependant partie de la pire génération, et de loin. Alors quand vous demandez, pourquoi nous sommes les meilleurs, je ne vois pas de quoi vous parlez putain! »

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