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Des croyances en général, des nôtres en particulier

Publié le 23 septembre 2012 par Eldon

Nous vous faisons part d’un nouveau communiqué Avaaz  qui sera suivi de quelques observations.

Communiqué Avaaz

« Qui a peur de la “rage musulmane”?

par l’équipe d’Avaaz – publié le 20 septembre 2012 à 01:18

La Une d’un magazine américain (ci-dessous) illustre parfaitement le message ressassé par les médias ces 15 derniers jours: le monde musulman s’embraserait d’une colère anti-occidentaux en réaction à un film islamophobe, et des hordes de protestataires violents nous menaceraient tous… Mais est-ce seulement vrai? Les citoyens et les réseaux sociaux réagissent, et le site en anglais Gawker vient de publier une satire mordante de ce battage médiatique accompagnée d’images parodiant la “rage musulmane”:

 

  Sept infos sur la “rage musulmane” que vous ignoriez peut-être:

Comme tout le monde, la majorité des musulmans trouvent les 13 minutes de la vidéo islamophobe « L’Innocence des musulmans » ordurières et insultantes. Les protestations, qui se sont multipliées rapidement, sont notamment attisées par le néo-colonialisme des États-Unis et la politique étrangère occidentale au Moyen-Orient. De même, la sensibilité des croyants a aussi été piquée au vif par les représentations du Prophète Mahomet. Pourtant, la couverture médiatique a souvent éludé des informations importantes:

On estime que 0,001% à 0,007% des 1,5 milliard de musulmans dans le monde ont participé aux protestations contre le film -– soit une infime proportion des citoyens pro-démocratie qui ont défilé lors du Printemps arabe.

La grande majorité des manifestants étaient pacifiques. Les attaques visant les ambassades étrangères ont quasiment toutes été orchestrées ou appuyées par certains membres du mouvement salafiste, un groupe islamiste radical qui vise avant tout à salir la réputation de groupes islamistes modérés plus populaires.

Les hauts représentants des États-Unis et de la Libye sont divisés sur la question de savoir si l’on avait projeté d’assassiner l’ambassadeur américain en Libye le jour du 11 septembre, auquel cas sa mort serait sans lien avec le film.

Hormis des attaques de groupes radicaux en Libye et en Afghanistan, un rapport établi le 20 septembre chiffrait à zéro le nombre de victimes tuées par les manifestants.

Quasiment tous les hauts dirigeants musulmans et occidentaux ont condamné le film, et quasiment tous les responsables musulmans et occidentaux ont condamné les violences perpétrées en réaction au film.

La visite du Pape au Liban a coïncidé avec le pic des tensions. Cependant, les dirigeants du parti Hezbollah ont tenu à assister à son sermon, n’ont pas protesté contre la vidéo jusqu’à son départ et ont appelé à la tolérance religieuse. Oui, c’est bien ce qui s’est passé.

Après l’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi, des citoyens lambda se sont rendus dans les rues de Benghazi et Tripoli, avec des pancartes, souvent en anglais, pour s’excuser et dire que cette violence ne représente ni leur identité ni leur religion.

 Ajoutez à cela tous les reportages et articles importants qui ont été écartés la semaine dernière pour laisser place à la Une sur les musulmans “énervés”, et ainsi surfer sur la vague démagogue du « choc des civilisations ». En Russie, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Moscou en opposition au président Vladimir Poutine. Des centaines de milliers de Portugais et d’Espagnols se sont indignés lors de rassemblements anti-austérité; et plus d’un million de Catalans ont manifesté en faveur de l’indépendance.

 Pas une « rage musulmane », mais une stratégie salafiste

Voici Sheikh Abdallah, le présentateur de la TV salafiste qui a lancé le film. Photo: Ted Nieter

« L’Innocence des musulmans » a été repris et promu avec des sous-titres par des salafistes extrémistes — les adeptes radicaux d’un mouvement islamique soutenu depuis longtemps par l’Arabie Saoudite. Ce film était mal fagoté et faisait un bide sur YouTube, jusqu’à ce que le présentateur égyptien d’une chaîne salafiste, Sheikh Khaled Abdullah (à droite), n’en fasse la promotion auprès des téléspectateurs le 8 septembre. La plupart des musulmans insultés ont ignoré le film ou protesté pacifiquement, contrairement aux salafistes qui, reconnaissables à leur fameux drapeau noir, ont été à l’instigation des manifestations les plus agressives où les ambassades ont attaquées. Les chefs du parti salafiste égyptien ont participé aux protestations et à l’intrusion dans l’ambassade américaine au Caire.

 À l’instar des partis d’extrême droite en Europe et outre-Atlantique, la stratégie du parti salafiste consiste à séduire l’opinion publique en surfant sur des occasions de faire monter la colère des radicaux et en diabolisant leurs opposants idéologiques. Cette approche n’est pas sans rappeler celle du pasteur américain islamophobe Terry Jones (celui-là même qui a assuré la promotion du film en Occident) et d’autres extrémistes occidentaux. Quoiqu’il en soit, les modérés sont bien plus nombreux (et de loin!) que les extrémistes dans les sociétés musulmane et occidentale. Un des dirigeants des Frères Musulmans en Égypte (bien plus puissants et populaires que leurs opposants salafistes égyptiens) a écrit au New York Times: « Nous n’avons pas tenu le gouvernement ou le peuple américain pour responsables des actes de cas isolés qui ont enfreint les lois protégeant la liberté d’expression ».

 Ce qu’ont indiqué les médias sérieux

Plusieurs journalistes et chercheurs ont analysé les manifestations pour chercher à mieux en comprendre les raisons. Parmi eux figurent Hisham Matar qui a décrit l’atmosphère de tristesse à Benghazi après l’attentat contre l’ambassadeur, Barnaby Phillips qui explore comment les conservateurs islamistes ont manipulé le film à leur avantage, ou encore Cédric Baylocq, chercheur et journaliste indépendant, qui s’attache à démonter les généralisations et stéréotypes qui sévissent en Occident et dans le soi-disant « monde musulman » . Quant à Odon Vallet, spécialiste français des religions, il explore les raisons pour lesquelles de nombreux musulmans sont si sensibles aux caricatures de l’Islam. »

Nos observations

Suite à cette affaire et aux diverses réactions qui s’en suivent, nous ferons les commentaires suivants:

- La liberté d’expression est ou  n’est pas. Elle permet donc de dire des conneries. Si on devait faire taire tous ceux qui disent des conneries, le Monde serait silencieux comme le fond des océans.

- La liberté d’expression connaît des limites: interdiction de l’insulte, de la diffamation, de l’incitation à la haine… Rien de choquant.

- Certains voudraient faire du blasphème un délit. Allons bon. La croyance religieuse serait donc  un sanctuaire et tout serait possible ou devrait être autorisé dès lors que fondé sur une croyance religieuse. Et les autres n’auraient rien à dire? Exemples:

« Je pense que t’as religion n’est pas bonne »: Puni! « Ton Dieu, j’y crois pas, j’en veux pas »: Puni! « Je suis pas d’accord, Dieu n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas se marier »: Puni! « Benoît XVI a dit n’importe quoi »: Puni! « Les fatwas ça devrait être condamné »: Puni! « Le Diable n’existe pas »: Puni! « Les apôtres ont menti en affirmant que Jésus avait été tué par les juifs, il l’a été par les Romains »: Puni! « Ton Dieu, je l’emm… » Puni, Puni, Puni!!!

Ainsi une femme  peut se promener dans la rue le visage dissimulé si c’est fondé sur une religion mais un homme ne peut pas déambuler avec une cagoule sur la tête  parce qu’il en a juste envie.

Ainsi une femme chirurgien peut refuser une consultation ou opérer un homme sous prétexte que sa religion le lui interdit mais une médecin lambda ne pourra pas le faire même si le malade est un affreux criminel par exemple.

Ainsi pourra-t-on faire condamner quelqu’un qui a affirmé ne pas croire en un Dieu ou qu’il ne se comporte pas bien mais on laissera libre celui qui a affirmé qu’on a une vie de patachon , qu’on ne s’occupe pas bien de nos enfants et qu’on travaille comme un manche

Ainsi un homme pourra au nom de sa religion avoir des épouses à en veux-tu en voilà et un athée devoir se contenter de sa mégère pendant toute une vie et se voir reprocher en justice ses frasques extra-conjugales. (caricatural, on sait)

Bref, vous nous avez compris, non la religion qui n’est qu’une croyance individuelle n’est pas au-dessus de tout et une croyance ne doit pas être l’alpha et l’oméga de nos comportements.

Sans parler que risque devoir se poser la question de la définition de la croyance religieuse (titre que revendiquent d’ailleurs des sectes de toutes sortes),  du risque de devoir se déclarer un jour croyant pratiquant d’une religion pour pouvoir déroger ultérieurement au droit commun (« Ah désolé, vous deviez vous déclarer avant de refuser d’opérer ce monsieur, madame ou de refuser la transfusion sanguine à votre enfant. Remplissez le formulaire téléchargeable sur Croyant.com, une mention sera apposée sur votre carte d’identité ») avec les dangers qu’on connaît déjà.

- il existe pour nous des croyances qui sont bien plus fondamentales que les croyances religieuses: la croyance des enfants au père Noël, celle que nos enfants sont les plus beaux du Monde, et pour être moins égocentrique, qu’on a tous une place dans ce Monde, que la Société doit être juste et équitable envers tous, que la Terre doit être respectée, qu’on peut vivre ensemble malgré nos différences, que si paradis il y a, il est sur Terre… Et il y en a des milliers d’autres.

Et pourtant ces croyances, si on essaye de les faire partager et de convaincre, on ne cherche pas à les imposer à tous. Non on attaquera pas l’enseignant qui affirmera qu’il croit que le maintien ou une réorientation sont la meilleure solution pour un enfant, le médecin qui croit qu’il vaut mieux opérer, le trader qui croit que ce qui compte le plus est de s’en mettre plein les poches, ceux qui croient que les champions olympiques sont des héros,…

Croyance et opinion. La frontière est mince. Et puis de délit de blasphème à délit de non croyance, c’est encore plus tenu. Ce délit a existé chez nous il n’y a pas si longtemps que ça et existe encore ailleurs. Puis après tant qu’à faire, le délit d’opinion sortira du chapeau. La boucle sera bouclée.

- Cela dit, si une femme veut porter un foulard parce que sa religion le lui impose (une religion qui impose, c’est drôle non?) ne doit pas être plus persécutée que le landais qui porte béret, la bourgeoise avec son foulard Hermès, l’ado avec sa casquette de marque, la rombière qui se croit plus raffinée avec une peau de bête morte sur les dos. Il ne faudrait pas inverser la démarche et devoir se justifier qu’on est pas croyante dès lors qu’on porte un foulard: « Non je ne porte pas un foulard parce que je suis maghrébine et musulmane pratiquante, mais parce que j’en ai envie »

- Ne taisons pas la réalité difficile pour les musulmans laïcs ou les arabes et maghrébins athées, en raison de la pression familiale, culturelle  et religieuse . Tous les ans, on a droit  aux  inévitables reportages sur le ramadan alors que beaucoup de non pratiquants s’en fichent comme d’un guigne ou au contraire souffrent de cette pression religieuse. Mais eux on ne leur demande rien, c’est vrai que le cliché arabe=croyant=musulman=pratiquant et si commode. Alors qu’on entend pas parler du Carême  Chrétien par exemple

Bref…

Les salafistes sont des intégristes, ici en occurrence islamistes, qu’il faut  contrer et  c’est pas le navet réalisé en évidence par des abrutis sans talent qui peut expliquer la colère qui s’est manifestée ces jours-ci, et il y a bien une manipulation là- dessous de leur part.

Mais rappelons que:

- qu’il y a des intégristes dans toutes les religions y compris chez les bouddhistes, même si l’intégrisme ne découle pas de la religion elle-même mais des Hommes qui la pratiquent (ex « Le viol de Nankin » par des bouddhistes), ce qui démontre que la religion ne rend pas les Hommes meilleurs. Tiens, une croyance blasphématoire multi-religions.

- que les Salafistes sont soutenus financièrement et militairement par les dictatures du Moyen-Orient riches en pétrole, elles-même soutenues militairement et défendues politiquement par les grandes puissances occidentales.

-  qu’on peut très bien vivre sans religion, qu’on peut avoir des valeurs humaines sans être croyant, que ce sont les religions qui ce sont emparées des ces valeurs et non le contraire, que les athées et les laïcs peuvent aussi être des gens de bien, et que les religions des fois « nous les brisent menu »

Et vous que croyez-vous? (1)


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