Nous allons à l’abîme.
Pourtant,
nous vivons
et même, nous sommes vivants.
En vie encore.
Or le vivant défie tout,
il défie le destin, il défie le pronostic,
il défie Dieu.
Le vivant, c’est celui qui tente L’Impossible.
Avec ces mots de Michel Butel, qui appelle à « la venue d’une interruption », s’ouvre le numéro 6 de L’impossible.
Sélim Nassib rencontre à Paris Samar Yasbek, par qui on comprend que tous les Alaouites ne sont pas pro-Bachar el Assad. Pour l’intimider, on l’envoie dans les sous-sols : « Juste pour m’intimider et que je laisse tomber. Mais ça n’a pas marché. » Quelques photos accompagnent cet entretien. Je le lisais dans le RER. Je lève les yeux : j’ai l’impression que cette femme, debout près de la porte, c’est celle dont je lis les mots. Mais non, bien sûr, cette impression me fait seulement penser que la violence qui se déchaîne en Syrie n’est pas si éloignée.
Deux textes de Jean-Christophe Bailly nous font dépasser les ruines de « ce monde-ci empiré », pour tenter d’imaginer l’utopie. « Il y a des ruines, des chevaux, les chevaux sont dans les ruines, ils se déplacent lentement, c’est tout ce qui reste… »
Avital Ronell, en direct de New York New York, évoque la Gay Pride, regrette de ne pas y voir « un char nietzschéen, Le Gai Savoir », et se demande, à la fin : « On fête quoi, au juste ? »
Avec Yves Berger, on retrouve le travail agricole et celui du peintre, parmi les vaches et au milieu du verger.