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Karoo de Steve Tesich

Par Ngiroux

Karoo de Steve TesichNew-York, 1990, dernière décennie du XXe siècle, Doc Karoo, cinquantaine alarmante, divorcé ou presque, père d’un fils adoptif : je suis un rouage modeste, mais assez opérationnel de l’industrie du cinéma.  Je reprends des scénarios écrits par d’autres.  Je réécris. Je coupe et je polis.  Je coupe ce qui est en trop. Je polis ce qui reste. Je suis un écrivaillon doté d’une plume qui a fini par être considéré comme un talent. Un nègre d’Hollywood.

«Quelque chose n’allait radicalement pas chez moi, et quoi que cela pût être, ça n’allait vraiment pas du tout.  Je ne savais pas ce que c’était.  Je ne savais pas si j’étais en train de l’attraper ou si j’étais en train de le perdre, mais je savais, un peu comme les animaux savent qu’un tremblement de terre va se produire, que quelque chose d’énorme était en train d’entrer dans ma vie – ou d’en sortir. » Karoo a perdu la capacité à l’ébriété et  fuit  toute forme d’intimité, avec qui que ce soit, sa mère, son ex-femme, son fils : une monotonie aussi nouvelle qu’impitoyable pénétrait ainsi dans ma vie, et je n’étais pas du tout équipé pour affronter ça.

Un film d’un vieux maître du cinéma lui est proposé pour un réarrangement, un film qu’il juge un chef d’œuvre, l’altérer serait un sacrilège,  mais un rire, un tout petit rire dans une courte séquence du film catalyse sa morosité existentielle et le ramène bien des années dans son passé. La mère biologique de son fils adoptif.

«Mais un début aussi simple n’est en aucun cas significatif du stade final qu’une histoire initialement simple peut atteindre.  À partir du moment où une histoire devient publique, tout peut lui arriver.»

J’étais un homme aléatoire vivant dans un monde aléatoire – tout était possible.

Un coup de cœur unanime des libraires français, cet abrégé de la société américaine de fin XXe est un succès littéraire que dans sa traduction française, ce chef d’œuvre posthume de Steve Tesich, scénariste, dramaturge et romancier serbe-américain. (1942-1996)  paru deux ans après sa mort, a écrit également Rencontre d’été en 82. En dos de jaquette, un éloge approprié : C’est cynique. C’est sans pitié. C’est terriblement remuant, c’est à la fois Roth et Easton Ellis, Richard Russo et Saul Bellow.



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