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La fin, Allemagne 1944 - 1945 par Sir Ian Kershaw

Publié le 25 septembre 2012 par Mpbernet

La critique de Claude :

Ian Kershaw, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Sheffield, est l’auteur d’une biographie d’Hitler qui a fait avancer la compréhension du personnage (1999-2000). Il a publié en 2009 un essai brillant intitulé Choix fatidiques où il explique comment se sont formées, au Parlement britannique, dans l’Etat-major impérial japonais, dans l’esprit de Hitler, de Staline, ou de Mussolini, les décisions qui ont orienté le cours de la Seconde guerre mondiale.

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L’ouverture des archives que nous devons à l’effondrement du Bloc soviétique enrichit les sources des historiens : ici, ce sont une foule de rapports sur l’opinion publique dans l’Allemagne en décomposition de 44-45, les interrogatoires des généraux nazis, les échanges sur les réseaux de commandement de l’armée ou des SS, qui permettent à l’auteur de dresser un tableau fiable de l’esprit public.

 Pourquoi l’Allemagne, dont la situation était compromise dès l’été 44 (débarquement en Normandie, immenses pertes en Russie) a-t-elle tenu jusqu’en mai 45, en jetant sa jeunesse et sa population civile dans la fournaise (la moitié environ des pertes militaires, ainsi que la moitié des pertes par bombardements aériens, se situent dans cette période fatale) ?

 Le sens de l’organisation, du devoir et de la discipline n’expliquent pas tout. Kershaw appelle notre attention sur d’autres facteurs :

-   l’absence de solution négociable : aussi bien les buts de guerre nazis (domination de l’Europe, anéantissement de l’URSS) que l’accumulation des crimes (Solution finale  contre les Juifs, traitement des populations russes et des Résistances européennes) rendaient impossible et même inconcevable, de la part de tous les protagonistes, toute paix de compromis, ce que les Alliés occidentaux avaient d’ailleurs constaté, en 1943, par l’exigence d’une capitulation sans conditions ;

-  la peur multiforme : celle des Soviétiques, dont les premières exactions sur la population de Prusse Orientale confirmeront la réalité, mais aussi la peur de l’appareil nazi, organisé de main de maitre par le « quatuor » Bormann, Himmler, Goebbels, Speer, et qui pendra encore les « traitres » en avril 45, face aux lignes américaines ;

- l’espoir d’un miracle par les « armes nouvelles » et la confiance dans le charismatique Führer, qui refusait obstinément de sortir de la « guerre totale ».

Le suicide du Führer, le 30 avril 1945, viendra dénouer la situation, en permettant aux chefs militaires de négocier avec les Alliés, alors que l’Allemagne n’existe déjà plus.

Un livre passionnant pour tous ceux qu’intéresse le drame de la Seconde guerre mondiale. A noter l’effort rare, chez les éditeurs, de présentation de cartes parlantes, et d’excellentes photos.

La Fin, de Sir Ian Kershaw, traduit par Pierre Emmanuel Dauzat publié au Seuil, 665 p, 26 €


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