La scène du Trabendo à 19h, quelques minutes avant l’ouverture des portes
Narco Terror
Une des bonnes surprises de ce 27 septembre au Trabendo a été le concert d’ouverture des Jekyll & Hyde métallisant. Narco Terror, c’est la formule condensée, alternative, jouissive et franchement bruyante du groupe Narrow Terence (dont le set adapte de nombreux titres, augmenté de quelques compos 100% Narco). Les deux frangins n’y vont pas par quatre chemins : c’est frontal, dynamique, brut souvent, mais aussi délicat et subtil par moment… D’un côté : Antoine, l’ours hurleur derrière ses fûts. La voix est rauque, puissante, rappeuse, profonde. La frappe est lourde et le groove précis. De l’autre : Nicolas, le dandy à la guitare. Le son est chaud, vintage mais puissant, les distorsions bavent joyeusement. Le jeu plaque ça et là quelques accords mais se concentre souvent sur du gros-riff-metal-stoner-qui-tabasse-sa-mère. En 30 minutes de show, on n’a pas une seconde pour s’ennuyer. Le duo déroule un concert compacte et varié, qui va chercher des cousinages autant chez Tom Waits que chez Marilyn Manson, autant chez Queens Of The Stone Age que chez System Of A Down (version premier album) ou même les White Stripes… En somme : des gamins des années 90 qui ont grandi en redécouvrant le versant bluesy de la force. A suivre de très près.
Wovenhand
Après un faux départ pour cause de peau de grosse caisse ayant lâché dès les premières secondes de concert, le groupe refait son entrée en scène. La bande enregistrée d’introduction, ses percussions tribales amérindiennes et ses psalmodies chamaniques s’effacent devant le rock du prêtre. D’emblée Wovenhand déploie un son compact, puissant, boueux et épais sur lequel vient prêcher David Eugene Edwards. Tantôt filtrée et distordue dans un vieux micro, tantôt claire et limpide, la voix transpire le mysticisme légendaire du chanteur. Les titres s’enchaînent, l’énergie ne faiblit pas, même pendant les titres ou David Eugene Edwards officie sur un banjo. Il faut dire que ça envoie sévèrement derrière. A la batterie de Ordy Garrison, seul membre historique dans cette nouvelle mouture de Wovenhand, répond puissamment la basse de Gregory Garcia Jr. Les enluminures guitaristiques de Chuck French viennent quand à elles mettre la petite dose de sel qui relève parfaitement la soupe, lui ajoutant de la brillance et un tantinet de hargne. Le show est maîtrisé, mature, assez précis. On sent le groupe en pleine maîtrise de son sujet et on se prend au jeu, on se laisse happer par la transe rock, hypnotisé par l’atmosphère sombre et mystérieuse. On note ça et là des traits mélodique intéressants, très orientaux. Ils enrichissent le groove global qui poursuit les élans chamaniques de l’intro tout au long du concert (un charley qui bas la mesure en croches, des toms lourds et roulant).
On en oublierait presque le texte, dont on perçoit ça et là le sens. Faiblesse de l’Homme, aspiration à la rédemption, auto-flagellation et soumission au créateur… Les références à la Bible pleuvent et ne sont pas dénuées, à la longue, de cet effet lourdaud et bas du front propre aux prosélytes de toutes chapelles. Mais personne ne nous a obligé à venir et on doit bien reconnaître que le mysticisme de David Eugene Edwards est tellement la clef de voûte de l’édifice Wovenhand qu’on ne peut avoir, chez lui, l’un sans l’autre. Il faudra donc faire avec. Mais un sentiment de malaise perdure malgré tout.
Narco Terror
Antoine (Narco Terror)
Wovenhand
[+]