1er octobre Imperméable aux balles Il versa une larme, intérieure, un voyou ça ne pleure pas. Son oncle faisait les marchés, il vendait des bonbons. Ugo avait alors, quoi, dix ans et tonton le lâchait comme un chien fou dans un grand magasin avec un grand sac en papier kraft. Les friandises étaient stockées dans des boîtes en métal - l'humidité - et c'était la surprise à chaque fois. Caramels mous au lait à la vanille à la noisette bêtises de Cambrai multicolores crocodiles verts cent pour cent chimiques rouleaux de réglisse dragées, ça il n'aimait pas trop les dragées (prédestination ? communion mariage...) chamallows !! les chamallows ça a goût à rien mais ça vous fond dans la bouche comme un baiser malabars. Mais ses préférés c'taient les fraises tagada... Le coût et le maquillage... c'est bon ! C'est pas le moment de se laisser attendrir... Ugo entra, paisible, personne. À cette heure-ci il était probablement le premier client : - Vous avez des fraises tagada ? - No comprendo señor... Ugo braqua l'ancêtre à visage découvert le bout de bois tendu sous son blouson. - La caisse, comprendo ? Pésétas ! Le vieux manqua de tomber à la renverse - pourvu qu'il ne fasse pas une crise cardiaque - donna tous les billets en vrac, des petites coupures c'est plus facile à écouler, et s'écroula dans les crocodiles en pâte d'amande. Ugo fit le tour du comptoir - le vieillard était juste évanoui - et sortit nonchalamment de la boutique, une poignée de fraises à la main et les billets dans la poche. Lorsqu'il fut assez loin de son forfait, il compta, deux cents euros, c'est assez pour la semaine. Il alla boire son café. La sirène des flics n'est pas la même partout mais elle se reconnaît de loin. Ugo ne broncha pas, le nez dans son café. Le vieux avait dû se réveiller, l'avait-il mémorisé suffisamment ? Ugo tomba le blouson malgré le frais et le noua sur son jeans, et se frotta les cheveux. Ça paraissait symbolique, mais ce pourrait être suffisant pour duper des flics à la recherche d'un voleur de bonbons. Et de toutes façons, Adèle étant partie, Ugo pataugeait dans un blues diffus qui ne rendait imperméable aux balles. A suivre... demain !
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