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La mer, le matin – margaret mazzantini

Par Carnetdelecture

Cover La mer, le matin.jpgDans ce roman, ce sont deux histoires parallèles qui nous sont racontées. Nous suivons tout d’abord le petit Farid et sa maman Jamila. Alors que la guerre éclate en Libye et que son mari vient d’être tué, cette jeune mère décide de monter à bord d’une embarcation de fortune, espérant ainsi traverser la Méditerranée et rejoindre l’Italie. Mais le voyage en bateau va être difficile et long, très long… Tous leurs espoirs sont rassemblés dans cette coquille de bois où ils s’entassent avec des centaines d’autres personnes… mais arriveront-ils seulement à bon port, sur la terre ferme ?

A la même époque, en Sicile, Vito a 18 ans et vit avec sa mère Angelina. Il nous narre l’histoire familiale, depuis l’immigration de ses grands-parents à Tripoli jusqu’à leur expulsion par le régime en place. Sa mère Angelina a très mal vécu cette période et, exilée en Sicile, n’arrive toujours pas à s’acclimater, elle ne se sent pas chez elle en Italie et rêve de retourner en Libye. Mais lorsque cette possibilité lui est offerte, c’est la douche froide. Tripoli n’est plus la ville de son enfance, son meilleur ami a bien changé et elle est confrontée à une autre réalité : elle ne se sent chez elle nul part… Deux familles, deux époques mais deux destins si semblables...

Mon avis sur ce roman est mitigé.

J’ai trouvé très intéressant de se pencher sur cet épisode historique peu ou pas connu. En 1938, une vague migratoire pousse des milliers d’italiens en manque de travail vers la Libye, pays duquel ils seront expulsés dans les années 70 sous la dictature de Kadhafi. Cet exode forcé à déraciné de nombreuses familles, qui ont dû abandonner tous leurs biens pour se retrouver dans un pays inconnu, l’Italie, où l’accueil ne fut pas des plus chaleureux.

La mer, le matin est également l’occasion de revenir sur les coutumes de bédouins (ancêtres du petit Farid), sur leur sagesse face aux éléments, sur leur vie dans le désert. Pour moi, ce fut une réelle découverte, une première rencontre avec un peuple plusieurs fois rejeté.

Si ces éléments sont intéressants et nous apprennent pas mal de choses, j’ai été dérangée par la présentation qui frise par moments le manuel d’histoire, ce qui rend la lecture un peu fastidieuse. Dans ces moments-là, on perd le fil du roman, se demandant où l’auteur veut en venir.

Je me suis particulièrement attachée au petit Farid et à sa maman qui fuient la guerre par la mer, espérant une vie nouvelle en Italie. Jamila n’a plus rien, elle a donné toutes ses économies au passeur. Seule lui reste une amulette porte-bonheur qu’elle a attaché au cou de son enfant… Et c’est à travers l’œil du petit garçon que nous parcourons la mer, nous nous émerveillons avec lui face à cette étendue bleue qu’il voit pour la première fois. Mais tout n’est pas rose et nous partageons aussi avec lui la peur face aux atrocités dont il est témoin, son étonnement face aux comportements des adultes.  Cette histoire en rappelle des tas d’autres, dont les journaux font écho chaque semaine. Ce roman a le mérite de nous mettre à la place de toutes ces personnes qui s’entassent sur des barques de fortune dans l’espoir de sauver leur peau, mettant par là-même leur vie en danger. Bien installés dans notre canapé, on n’imagine pas ce qu’ils endurent et le courage (ou le désespoir) qu’il faut pour oser aller vers l’inconnu. 

Une belle lecture.

Remerciement aux Editions Robert Laffont pour cette belle découverte.

La mer, le matin – Margaret Mazzantini – Robert Laffont – 2012 


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