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Un Beckett au sommet pour la rentrée de l'Oeuvre...

Publié le 04 octobre 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Le théâtre de Samuel Beckett n'est pas des plus faciles d'accès. Pour que chacun puisse en percevoir la beauté,  la poésie, en saisir la force, la profondeur et la complexité, les directeurs de salles se doivent de le mettre entre les mains des plus grands. Alors qu'il avait accueilli la prodigieuse Catherine Frot dans "Oh les Beaux Jours", merveilleusement dirigée par Marc Paquien l'an passé à la Madeleine, Frédéric Franck, désormais à la tête de l'Oeuvre, a décidé de retrouver  Alain Françon et Serge Merlin pour leur confier, après "Fin de Partie", "La Dernière Bande". Ils nous donnent à voir un travail remarquable.

critique la dernière bande théâtre de l'oeuvre alain françon ser

Ce très court texte en un acte met en scène le personnage de Krapp, vieillard solitaire alcoolique et décrépit, semblant d'écrivain vivant reclus dans un espace indéfini que l'on devine misérable. Perdu dans une obscurité quasi totale, celui-ci réécoute des bandes enregistrées il y a des décénies, journaux intimes dans lesquels il témoigne entre autre d'un amour qui n'est plus. Se raccrochant à la vie par ces souvenirs sonores qu'il commente et se passe en boucle, Krapp paraît attendre la fin avec une résistance relative assez poignante.

En véritables ascètes du théâtre, acteur et metteur en scène imposent le respect. Tout n'est qu'épure dans leurs propositions. Françon dirige son comédien avec une minutie et une précision égalant les mots et didascalies de l'auteur. Face à l'absence, face à un vide vertigineux, Serge Merlin se révèle bouleversant, maniant magistralement cette partition d'une ardente humanité et d'une difficulté saisissante, laissant transparaître solitude, nostalgie, douleur, colère et désespoir. Quelle intensité !

Applaudissons également les lumières de Joël Hourbeigt qui parvient à dompter, à sculpter scénographie et interprète dans un minimalisme de toute beauté.

Indéniablement il vous faudra être en forme pour apprécier à sa juste valeur le premier des trois spectacles que nous proposera l'Oeuvre cette saison. Car il y a plus évident. Mais croyez-nous cela en vaut la peine. 

Dans le superbe programme incluant le texte de Beckett que vous pourrez vous procurer, Frédéric Franck indique qu'il entend inscrire son action dans les pas de Georges Wilson, qui travailla à l'Oeuvre aux côtés de Georges Herbert et Pierre Franck alors directeurs, en mettant en avant avec humilité et simplicité nos poètes contemporains, portés par des artistes investis. Sa première partie de saison est une illustration exemplaire de son propos.

Bravo !

Réservez vos places en cliquant ci-contre : 

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