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Superbe Robert Hirsch !

Publié le 08 octobre 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Deux ans après "La Serva Amorosa", Robert Hirsch, monstre sacré du théâtre, remonte sur les planches à plus de 87 printemps. Celui qui consacre sa vie à la scène depuis maintenant sept décénies, dont près de trois passées au Français, porte avec la virtuosité inégalable qu'on lui connaît la pièce que Florian Zeller a imaginée pour lui et qui s'intitule "Le Père". Si l'acteur est toujours aussi merveilleux, le texte, bien qu'habile et intelligent, se révèle rapidement écrit et manque d'intensité. Dommage.

C'est d'Alzheimer, et plus généralement des choix de vie que l'on est amené à faire pour nos aînés, dont nous parle Zeller ici. Pour cela il met en scène les difficultés d'une femme (Isabelle Gélinas) à gérer la maladie de son père (Robert Hirsch), le prenant en charge chez elle, avec son conjoint, se faisant assister d'aides à domicile  avant de décider de le placer en maison spécialisée. Au fil du script, alternent scène de vie réelles et d'autres narrées avec les yeux et le cerveau défaillant du père, reflétant les troubles dont il souffre, notamment ces crises durant lesquelles il ne reconnaît pas ses proches (données à voir sur le plateau en remplaçant un comédien par un autre pour le même rôle).

L'auteur a su saisir et décrire avec justesse les symptômes et l'évolution de ce mal terrible. Il a malheureusement à nos yeux un peu négligé la dramaturgie de son oeuvre. Car il ne suffit pas d'être dans le vrai pour que théâtralement cela fonctionne. Evitant heureusement pathos facile ou psychologie de comptoir, Florian Zeller s'appuie cependant sur des situations qui pourraient être plus fortes, plus violentes. Ses dialogues sont presque quelconques, les scènes qu'il a pensées  parfois inabouties, et ses personnages, hormis le principal, relativement incolores, à commencer par celui de la fille... Ceux-là mériteraient en effet de s'ouvrir et d'exister davantage, de gagner en profondeur, de briser la glace... Bref on reste en surface, la pièce est trop factuelle, manque cruellement de "tripes", même si, indiscutablement, elle se tient.

Ceci étant posé, Robert Hirsch, disons-le, nous fait vite oublier les faiblesses d'écriture. Du rire aux larmes, cet émouvant pantin tragique est incroyable. Il nous réjouit et paraît avoir vingt ans tandis que, virevoltant, il risque un numéro de claquettes imaginaire, nous touche quand, retrouvant le poids des ans et de son infirmité, désemparé, il ne sait plus où il se trouve, nous bouleverse alors que dans un cri de douleur déchirant il réclame sa mère. Face à sa fille, il délivre tour à tour avec maestria toute la tendresse, l'irascibilité, la vulnérabilité ou le poignant désarroi de son personnage.

Autour du "Maître", cinq comédiens talentueux tentent de nourrir des partitions, vous l'aurez compris, plus ténues. Isabelle Gélinas, toujours aussi juste, sobre, naturelle et investie donne le maximum. Patrick Catalifo, Sophie Bouilloux, Elise Diamant et Eric Boucher ne déméritent pas non plus.

Avec simplicité, élégance, et fluidité, Ladislas Chollat, metteur en scène, mène tranquillement le drame à son terme et signe là un spectacle honnête que l'on aurait rêvé plus grand.

Pour Robert Hirsch, pourtant, il faudra vous précipiter au Théâtre Hébertot.

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