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La maladie…

Publié le 28 mars 2008 par Jcgbb

Seuls sans doute ceux qui sont touchés par elle peuvent en parler, ont le droit de dire ce qu’elle nous fait, de décrire la façon dont elle s’empare aussi psychologiquement d’un être et le transforme. Un discours sentencieux sur la maladie paraît immédiatement indécent, impertinent. Que peut-on donc en dire, philosophiquement ?

Mais c’est justement parce qu’elle met en jeu notre rapport à l’existence, qu’elle est à la fois intime et philosophique – si on peut dire. C’est parce qu’elle boulerverse et touche à ce qu’il y a de plus instinctif, au besoin de vivre et de ne pas souffrir, qu’elle perturbe les pensées habituelles et force à réfléchir .

Quand le corps souffre, nos idées changent. On n’est plus le même physiquement et moralement. Que se passe-t-il ? La souffrance agit comme une révélation. Les valeurs habituelles tremblent et de nouvelles évidences surgissent, édifiantes et décisives : car on aperçoit du même coup combien nos pensées sont mobiles, les perspectives relatives…

D’abord, la peine et la peur rendent animal. Il n’y a plus ni travail, ni beauté, ni morale qui tiennent. La maladie rend égoïste en torturant, et ramène à ce qui est fondamental. Quelque chose de la réalité est alors dévoilée, démystifiée : on ne rêve plus quand on a mal, et il y a tant de belles choses auxquelles on ne croit plus.

Et pourtant, simultanément, la vie est plus désirée que jamais. La maladie réapprend à vivre, à vouloir vivre. On devient soudainement plus volontaire, plus résolu, plus combattif. A la fois plus méfiant et plus résistant, amer et conquérant. La vie est laide mais on la veut.

En cessant d’être optimiste, on devient moins indifférent. On perd ses illusions, on en est fier – et on aime mieux.


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