Paris à la fin des années 1920 est une ville aux visages multiples, ô combien vivante. On y arrive en péniche, par les canaux qui rejoignent la Seine et où s’acharnent des milliers d’ouvriers. De l’Opéra à la butte Montmartre, au rythme des monuments historiques, la traversée de la capitale donne à voir une foule changeante…
"Études sur Paris" de Andre Sauvage
Avec : Sortie le 10 octobre 2012 Distribué par Carlotta Films Durée : 80 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
On va parler de nostalgie, de sépia, d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. On va surtout parler de cet extraordinaire film qui entre le documentaire et le reportage, témoigne un siècle après, déjà, de la vitalité parisienne. André Sauvage que je découvre se révèle à mon inculture sous la forme d’un formidable dénicheur d’images, qui vous racontent des histoires, sans le moindre commentaire. Un ethnologue, qui de l’Opéra à la butte Montmartre, via ses canaux et son fleuve, sur lequel naviguent des péniches d’un autre temps, révèle le quotidien des gens ordinaires.
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Un artiste aussi en quête d’émotions primitives, sensuelles ou naturelles, pour un cordage distendu, un hydravion de pacotille. Il leur donne une âme, une raison d’être dans ce Paris des années folles, où son regard capte à la façon du photographe (j’ai beaucoup pensé à Doisneau) le cadre inédit, vital, celui que l’on ne voit pas forcément. Sauvage est là pour nous mettre rétrospectivement le nez dehors, et nous dire de sentir autant que de regarder. Toute cette fumée, qui dans le noir et blanc de sa caméra, s’égaie en un joli panache !
La musique spécialement composée pour cette édition est signée Jeff Mills (on lui doit une bande-son pour le « Metropolis « de Fritz Lang) et le Quatuor Prima Vista, spécialiste du ciné concert. Depuis « Le mecano de la general » enregistré en 1999, l’ensemble enfile de jolies perles.
LES SUPPLEMENTS
Six films produits et réalisés par André Sauvage : rien que de grands moments !
« La traversée du Grépon » (Rushes – 1923 – N & B – 7 mn)
André Sauvage et ses compagnons partent à l’assaut de l’aiguille du Grépon dans les Alpes. Ahurissant de voir l’équipement des alpinistes et celui du cinéaste. Tout le monde doit rivaliser d’audace pour atteindre le pic. Un petit docu fabuleux
. Portrait de la Grèce (Coupes – 1927 – N & B – 30 mn)
Un périple dans la Grèce des années 1920, des ruines de la Grèce antique jusqu’aux îles de la mer Égée. Remontage des coupes subsistantes, le film ayant disparu. Mais là encore le témoignage dépasse la technique et les dégâts du temps.
. Édouard Goerg à Cély (1928 – N & B – 15 mn)
Lors d’une visite de la famille Sauvage au peintre et graveur Édouard Goerg (1893-1969), André Sauvage réalise et interprète ce petit film de fiction. A voir, c’est une évidence
Essais sonores d’André Sauvage pour « Pivoine déménage » (1929 – N & B – 1 mn)
Face à la caméra, à 30 centimètres du micro, André Sauvage lit un texte sur le nouveau règlement concernant les passages cloutés à Paris. Il teste cette nouvelle technique qu’est la pratique sonore….
« Pivoine déménage » (1929 – N & B – 17 mn)
avec Michel Simon, Line Noro et René Lefebvre
Pivoine, un clochard, vit sur les quais près de Notre-Dame. Macaroni et Georgette sont ses compagnons d’infortune. Ne pouvant plus supporter les insultes des passants et les jets de pierres des enfants, Pivoine décide de déménager… Savoureux et Michel Simon dans un personnage qu’il a plusieurs fois interprété, d’une façon ou d’une autre.
. Film de la famille Sauvage : « rue du pré aux clercs » (1930 – N & B – 3 mn)
Images de la famille Sauvage : la communion solennelle de la jeune Agnès ; l’ami Édouard Goerg ; les enfants Agnès et Antoine jouant à la balançoire ou arrosant la cour. Plus anecdotique, mais sympathique.
19.99 €
En bref
Le film
Je ne connais rien de Sauvage, dont j’ai parfois entendu parlé, mais rien que ce regard sur Paris, il y a un siècle, confirme le talent de ce grand cinéaste, un artiste du documentaire, un reporter du tout-venant qu’il transcende, par la magie d’un simple regard, hors du cadre. Car un peu à la façon de Doisneau, Sauvage nous donne l’impression d’avoir tout vu, tout compris. Il ne nous rend pas forcément plus intelligent, mais assurément, moins bête.
Les bonus
Rien que pour ces petits bouts de pellicule , échappés de la destruction et de l'oubli , ces bonus valent de l'or ...