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Quelques braises et du vent - Serge Bruneau

Par Venise19 @VeniseLandry
Quelques braises et du vent - Serge BruneauJe suis entrée dans cette famille de vieux père alcoolique, de sœur rebelle (Marie), de frère homosexuel instable (Karl), par une voix, celle du fils et frère, Marc, un homme dans la quarantaine. Je le dis d’entrée de jeu, car la voix narrative de Marc imprime au roman toute sa saveur.
Cette voix résonne en écho calme et posé, celui propre au recul de l'homme qui s’est retiré de la circulation. Marc ne travaille pas et est sans femme ni enfants. Depuis son accident de moto, il vit de simplicité involontaire, se demandant le plus calmement du monde, qu’est-ce que l’avenir lui réserve. Coupé d’une vie affective, se basant sur le fait que l’homme estropié qu’il est devenu, n’a pas grand chose à apporter à une femme, son énergie se canalise plutôt sur sa famille et la nature.
Marc et Marie, des jumeaux sont comme les doigts d’une seule main, si l’on en croit le narrateur, Marc. Cette étroite complicité ne m’est pas apparue si évidente, Marie ayant peu de temps à passer avec son frère dans l’histoire qui nous est proposée. J’ai cependant constaté un jumelage de dévolu qu’ils jettent chacun de leur côté ; Marc, à son père, Marie, à son frère. Et aussi intensément un que l’autre. Marc porte un infini respect à son père soûlon, au point de payer de sa poche pour ses frasques, lui dont l’avenir monétaire est précaire depuis son accident. Marie, elle, a le cœur attendri par son jeune frère à qui elle donne chance après chance. Marie déteste son père tandis que Marc est excédé par son frère. Un genre de chassé-croisé.
Une des intrigues est de s’interroger sur ce que Marie est à tramer pour venger les habitants du village qui n’ont plus droit à leur rivière à cause des riches qui s’en sont accaparés en érigeant un barrage. Cette intrigue m’a peu intriguée, un peu plus cependant sa relation amoureuse ambigüe avec son conjoint. Le fait qu’elle soit une écrivaine délinquante m’a peu convaincue. 
Ce qui m’a attachée à ma lecture est le mystère qui émanait des personnages, les non-dits, je réclamais qu’une psychologue se lève dans la salle et m’explique ces comportements surprenants. Par exemple, l’attachement de Marc pour sa sœur est excessif, l’attachement à son père aussi, pourtant le regard qu’il pose sur les gens et événements en général me semble celui d’un sage qui en a vu d’autres. Personnage difficile à cerner, ce Marc et difficile pour moi, au début, de m’y attacher. Et puis, au cours des pages, je me suis laissé gagner par ce pilier tranquille reflété par le style de Serge Bruneau.
En tous les cas, rarement ai-je senti une ambiance aussi simple et calme se dégager d’un roman. Jamais question de s’énerver, même quand c’est la débâcle. Un roman dédié à des lecteurs appréciant le calme où l’expression, laissez le temps faire son œuvre, prend tout son sens.

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