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Birdy - William Wharton

Par Ivredelivres

Adversité : la nuit de l'esprit 

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Dernier de ma série c’est aussi le plus fort et le plus dérangeant. 

Le temps d’un roman, passer de l’autre côté du miroir, s’affronter à la folie, être déranger par celui qui est différent, mais avant tout éprouver une terrible empathie pour lui au point de ne plus pouvoir l’effacer de sa mémoire une fois le livre refermé.

La Pennsylvanie dans les années 30.

Al et Birdy sont amis, des amis un peu improbables car tout les sépare, la taille, la famille, mais les tours pendables qu’ils jouent à tous, les inventions qu’ils testent, les idées les plus dangereuses qui leur viennent, tout cela ils le doivent à une amitié indéfectible. 

Ils partagent leurs jeux, leur solitude, les paires de claques, et les poursuites de la maréchaussée.

Les petits boulots , le foutu vélo de Birdy et les balles de baseball que sa mère collectionne et planque tellement bien qu’elles sont introuvables, Al lorgne vers les filles « Lucy. Une pom pom grirl complétement cruche. » mais Birdy lui va employer son argent pour assouvir sa passion des oiseaux.


 

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Et quand je dis passion le mot est faible, il les observe, les nourris, les croise, les protège, leur construit une volière d’abord dans sa chambre puis sur un terrain.

Il pense oiseau, il rêve oiseau, il apprend leur langage « Après ce long roulement qu’il maintient une trentaine de secondes, il termine sur trois notes étirées, douces, mélodieuses, presque des sanglots. Trois notes à vous briser le coeur. »  il « apprend pas mal de mots canari  »
Et la suite est naturelle, Birdy veut voler comme un oiseau, d’ailleurs il s’est fabriqué un costume d’oiseaux ! 

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                         Carlo Scareni - La Chute d'Icare

Al ne participe pas vraiment à la passion de Birdy mais la respecte. 

Les enfants deviennent des adultes et la passion devient maladie. La guerre passant par là, un beau jour Al qui a été blessé gravement au combat se retrouve derrière les barreaux d’un hôpital psychiatrique. On a fait appel à lui pour tenter de renouer le contact avec Birdy qui est enfermé « accroupi par terre, toujours au même endroit, comme les pigeons après le passage du métro aérien. »

Il refuse de manger seul et « bat des ailes comme un oisillon quand on le nourrit »

Il gît là omme un oiseau blessé en cage. Seul Al peut trouver les mots pour que Birdy retrouve la sortie du tunnel dans lequel il est enfermé. Il va passer en revue leur enfance, leur amitié, tous les petits souvenirs qui pourraient être une lueur dans la nuit de Birdy.

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                             Birdy et Al dans le film d'Alan Parker 

Le livre est une tentative extraordinaire pour redonner vie à un ami. C’est l’espoir, l’amour, la patience, la compassion d’un homme qui ne démissionne pas devant l’adversité.

C’est un livre singulier et magnifique, le récit est puissant et éprouvant par moment.

La passion destructrice de Birdy et la lente remontée vers le jour sont magistralement racontées. On est par moment submergé d’émotion, fasciné par la fidélité qui unit ces deux êtres.

Il y des pages très singulières sur les oiseaux, on apprend énormément de choses et par instant on se sent un peu comme eux, prisonnier de cette histoire.

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Inspiré par une histoire d’amitié bien réelle, ce livre de William Wharton est vraiment unique en son genre.
Un film en a été tiré, réalisé par Alan Parker, depuis ma lecture j’ai acheté le DVD mais je n’ose pas le regarder par crainte d’être déçue ! 


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