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[Critique] LE GRAND SOIR de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Par Celine_diane
[Critique] LE GRAND SOIR de Benoît Delépine et Gustave Kervern
Louise-Michel, Mammuth et maintenant Le Grand soir pourraient former une sorte de trilogie subversive, anti capitaliste, anti patronat, anti société de consommation. Une analyse punk et débridée de l’après crise française. Sous le regard du duo grolandais, joyeux lurons qui ont la provoc’ dans le sang, deux frères : l’un est le « plus vieux punk à chien d’Europe », misérable mais libre (Poelvoorde, génial) l’autre un quadra vendeur de matelas- enchaîné à son job pourri, à sa médiocrité (excellent Dupontel). Lorsque ce dernier est viré, après ce que l’on choisira d’appeler un burn out ou une prise de conscience (c’est selon), c’est le début des possibles : au-delà des emplois, des petits salaires, de la galère, il y a la vie. Le Grand soir, c’est avant toute chose un film qui dit « merde ». A l’ordre établi, aux normes sociales, à ces zones commerciales qui puent le conformisme et poussent à l’immobilisme. Des aires aux allures d’anti-rêves. Delépine et Kervern, dans un bordel à l’enthousiasme communicatif- dopé au cynisme et au désespoir- appellent à un retour à plus d’humanité et de chaleur. Personne ne regarde plus personne, disent-ils. Même pas un mec qui crie « justice » et qui s’immole dans un centre commercial, c’est dire. Les gens sont devenus des robots, des zombies avides de consommation. 
A partir de là, Not ne fait pas peur. Avec sa crête dressée sur sa tête (beau plan d’ouverture par ailleurs), il symbolise le refus d’abandonner la lutte, de baisser la tête, d’entrer dans la danse de tous ces pantins morts-vivants. « We are not dead », écrira-t-il avec des lettres volées aux enseignes des grandes chaînes commerciales. A la manière des lettres blanches d’Hollywood, comme un grand rêve de cinéma, qui dit que c’est possible. Formellement, Le Grand soir épouse le propos rebelle : on part dans tous les sens, les idées fourmillent, c’est parfois bancal. De l’horreur visuelle (une pendaison, l’esthétique monstrueuse du lieu unique de la zone commerciale), le duo tire des séquences réjouissantes. Parsemé de guest stars de luxe (Yolande Moreau, Brigitte Fontaine, les Wampas, ou encore une apparition hilarante de Depardieu), Le Grand soir n’est pas un film pauvre, ni pour les pauvres. C’est un film qui a du cœur et du cran, en colère, tendre, jamais résigné. Un brin naïf aussi, ce qui fait son charme. « Nous sommes tous des punks à chiens », résume Not : un beau slogan en pied-de-nez à ce monde de pub et de toc. Pas sûr que la démarche mène quelque part, mais le chemin, lui, est franchement fun
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