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Patrick Timsit, un Zweig appliqué, impliqué et plutôt convaincant...

Publié le 15 octobre 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Pas si longtemps que l'auteur du "Joueur d'Echecs" nous était apparu sur les planches. La saison passée, c'est Didier Sandre qui l'incarnait dans "Collaboration" de Ronald Harwood, superbe pièce relatant l'histoire d'amitié compliquée entre le compositeur Richard  Strauss et l'écrivain (de retour dès janvier à la Madeleine). Au Théâtre Antoine, Patrick Timsit prend la relève  dans "Les derniers jours de Stefan Zweig", une adaptation par Laurent Seksik de son roman à succès éponyme.

 C'est un Zweig ne supportant plus sa vie de juif exilé, fuyant le régime nazi depuis 1933 (nous sommes en 1941), et décidant d'y mettre un terme que l'acteur compose ici. Aux côtés d'Elsa Zylberstein jouant Lotte, sa seconde femme qui le suivit au nom de l'amour éternel dans son funeste dessein, il nous offre un spectacle touchant, conduit avec subtilité, gravité, pudeur et élégance par Gérard Gélas.

L'action démarre tandis que les deux époux défont leurs malles à Pétropolis, Brésil, arrivant des Etats-Unis après avoir quitté l'Europe. Terriblement pessimiste sur l'avenir du monde (l'Allemagne envahit chaque jour de nouveaux territoires), loin de son Autriche natale, de ses amis, de sa culture, Zweig sombre dans une profonde dépression et produit des textes reflétant la noirceur de son âme. Il se surprend lui même à parler avec les morts et craint de basculer dans la folie. Il ne sort pas, ne reçoit pour seules visites que celles de son ami Ernst Feder, exilé au même endroit. Lotte, jeune femme à la joie de vivre éclatante malgré la maladie (elle souffre d'un asthme prononcé), tente de plus en plus vainement d'égayer ses pensées, leurs journées, leur vie, depuis deux ans qu'il sont mariés

Cette vie, cet amour, ce quotidien de moins en moins envisageables aux yeux de Zweig, l'idée puis l'organisation de ce double suicide, Laurent Seksik nous les donne à voir en douceur, simplement, au fil de courtes scènes davantage dialoguées dans un souci d'authenticité que d'efficacité pure, même si théâtralement cela fonctionne.  L'empathie saisit le spectateur comme elle sut probablement saisir le lecteur (nous confesserons ici n'avoir pas lu le roman originel), le fait s'interroger sur le sens de l'existence, avant de laisser place à l'émotion. 

S'il n'a pas l'intensité d'un Didier Sandre que nous évoquions en début d'article, Patrick Timsit fait preuve d'une belle sincérité et se glisse avec conviction et sobriété dans les habits de son personnage. Le travail est indéniablement de qualité. Elsa Zylberstein est une Lotte  passionnée, lumineuse, entière, pleine de jeunesse, d'énergie. Epatante et émouvante. Le couple nous émeut. Jacky Nercessian campe pour sa part un Ernst Feder confident d'une justesse et d'une finesse remarquables. S'appuyant sur des partitions nettement plus accessoires, Bernadette Rollin (truculente et odieuse logeuse) et Gyselle Soares (charmante domestique)  ne déméritent pas.

Un spectacle de belle facture à voir jusqu'au 22 décembre.

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Photo : Bernard RICHEBE


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