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Pigeon, vole - Melinda Nadj Abonji

Par Jostein

pigeonTitre : Pigeon, vole

Auteur : Melinda Nadj Abonji

Editeur : Métailié

Nombre de pages : 237

Date de parution : 23 août 2012

Auteur :

Melinda Nadj Abonji est née en 1968 en Serbie. Elle vit actuellement en Suisse. Elle est l’auteur d’un premier roman, Im Schaufenster im Frühling, publié en 2004. En 2010 elle a reçu le Buch Price de Francfort (le Prix allemand du livre) pour Pigeon, vole.

Présentation de l'éditeur :

Née en Voïvodine (alors yougoslave, aujourd'hui en Serbie), Ildikô, double de l'auteur, a d'abord été élevée en hongrois par sa grand-mère. A six ans, elle rejoint ses parents en Suisse. Deux patries, deux langues, deux libertés. Ildikô raconte alternativement des histoires d'émigration et des anecdotes de Voïvodine : la Mercedes embourbée sur les routes défoncées de l'ex-Yougoslavie, le quotidien dans le restaurant de ses parents en Suisse où elle donne un coup de main avec sa soeur Nomi, les bouches édentées de sa famille restée au pays, les échos de la guerre à la télévision, la dure conquête de sa liberté, les confidences de Mamika, sa grand-mère... Sur un ton vif, coloré et plein d'esprit, Melinda Nadj Abonji raconte les deux faces d'une émigration et d'une intégration réussies. Elle démontre une grande virtuosité stylistique et construit une forme très musicale, jonglant avec souplesse entre les différentes langues, tout en conservant la limpidité de sa narration. Entre humour et tendresse, elle nous entraîne à la recherche du secret du grand-père et nous fait partager les aspirations des deux soeurs. Le lecteur est aussi fasciné par la vitalité et la modernité de ces jeunes femmes que par le rythme de l'écriture.

Mon avis :

Pigeon, vole est avant tout une histoire de famille, celle de Rozsa et Miklos Kocsis. Les parents quittent la région de la Voïvodine située au nord de la Yougoslavie (ou au sud de la Hongrie) pour tenter leur chance en Suisse. Après plusieurs emplois, des années de galère, ils font venir leurs filles, Idliko, la narratrice et Nomi qui étaient dans un premier temps restées avec leur grand-mère Mamika.

" Allons Rozsa, ce qu'on voulait, c'est que les enfants aient une meilleure vie que nous."

Mais le statut d'immigré est difficile, il faut s'intégrer, passer le concours de naturalisation et être accepté par la municipalité.

"ici, nous n'avons pas encore un destin digne d'un être humain, nous devons le conquérir à force de travail."

La famille réunie s'investit dans la gérance d'un café. Là se mêlent les serveurs de différentes parties des Balkans et des clients suisses. Idliko et Nomi sont maintenant de toutes jeunes femmes, elles vivent leurs expériences dans ce nouveau pays. Si Nomi est plus sociable, naturelle, Idliko perçoit davantage la difficulté de vivre l'exil. Elle pense à sa famille restée au pays en état de guerre, à ses cousins enrôlés d'office dans l'armée yougoslave,  à ses tantes et oncles qui connaissent la faim. Et elle s'éprend d'un jeune serbe, Dalibor très marqué par son exil lui aussi.

La lecture est complexe car l'auteur entremêle les paragraphes sur la vie en Suisse et les souvenirs des retours au pays pour des évènements familiaux. Chaque fois, Mamika fait découvrir aux deux filles, des épisodes de la vie de leur père, de leur grand-père. C'est une occasion pour l'auteur de décrire l'histoire du pays depuis la seconde guerre mondiale avec la période fasciste puis la période communiste et la guerre des Balkans.

Mamika joue un rôle important de transmission de la mémoire et après son décès, Idliko en parle en utilisant le "vous" qui est à la fois une marque de respect mais aussi peut-être une intention de reproche dans le fait que c'est Mamika qui les a amenées en Suisse pour rejoindre les parents.

Le style de l'auteur n'est pas forcément très fluide puisqu'elle mélange parfois dans la même phrase le déroulé des gestes et les pensées ou paroles des personnages. Se mêlent aussi les mots étrangers.

Mais l'ensemble donne une vision très pertinente sur la douleur de l'exil et les difficultés d'intégration. Si l'histoire de famille prime sur la grande histoire, l'auteur dresse tout de même un aperçu très intéressant et enrichissant de ce pays éclaté.

"Les Balkans, c'est une région où cohabitent plusieurs peuples en un même État."

" la guerre des Balkans, c'est la spécialité d'un certain peuple, un produit maison né d'un tempérament guerrier, nous parvenons parfois à tourner en dérision une formule comme " l'horreur du quotidien dans les Balkans" parce que nous voulons donner des ailes à la douleur, mais je sais qu'à partir d'aujourd'hui, tout cela va changer, je sais que je ne serais plus capable de lire une seule ligne au sujet de la guerre des Balkans sans penser à Bela."

La narratrice, Idliko est un jeune fille tiraillée entre l'amour pour son pays, ses souvenirs de famille et sa nouvelle vie en Suisse où elle découvre ses premiers émois. C'est une jeune fille sensible, qui sait nous conter les épisodes comiques comme les périodes de doute.

L'auteur confie ainsi sa propre expérience, sans exagérer les informations politiques mais en contant une histoire de famille, de sa propre famille dans un rythme personnel et  particulier.

rentrée 2012
 
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