Magazine Médias

Nashville [Pilot]

Publié le 15 octobre 2012 par Lulla

20192950

Pilot // 8 930 000 tlsp.

 

61074943_bis

What About ?

Grandeur et décadence dans le milieu de la musique country à Nashville, aux cotés d'une star montante, Juliette Barnes, prête à tout pour réussir, et d'une autre au plus haut de sa carrière, Rayna James, qui sent que le vent commence à tourner pour elle...

Who's Who ?

Drama créé par Callie Khouri (Thelma et Louise). Avec Connie Britton (Friday Night Lights, American Horror Story), Hayden Panettiere (Heroes), Eric Close (FBI : portés disparus), Robert Wisdom (Sur écoute, Prison Break, Burn Notice), Charles Esten (Enlightened), Clare BowennSam PalladioJonathan JacksonPowers Boothe...

What's More ?

 L'action de la série se déroule à Nashville, comme son nom l'indique, et elle est bel et bien tournée là-bas ! L'état du Tennessee a même accordé une subvention de 7,5 millions de $ à la production pour qu'elle s'y installe puisque cela favorise la création d'emplois et valorise la ville. 

Bien que les prestations soient en playback, ce sont les vraies voix des acteurs et des actrices qui sont utilisées lors des passages chantés.

La créatrice, malgré l'Oscar qu'elle a remporté pour le scénario de Thelma et Louise en 1991, est peu prolifique. Elle a réalisé le film Mad Money en 2008 et signé quelques scénarios mais n'avait encore jamais participé à une série télévisée.

So What ?

   >> Lire la critique du script du pilote <<

   Alors que l'on croyait que Glee et Smash (et Fame et quelques autres) avaient fait le tour du genre de la série musicale, Nashville arrive à point nommé pour nous rappeler qu'aucune d'entre elles n'avait inspecté de près le monde de l'industrie du disque, qui plus est au coeur de Nashville, la capitale de la musique country aux Etats-Unis. Callie Khouri, la créatrice, était sans doute la mieux placée pour s'aventurer dans cette ambitieuse entreprise puisqu'elle partage son quotidien avec T. Bone Burnett, l'un des producteurs de country les plus célèbres, dont elle a d'ailleurs convoqué le talent pour superviser les compositions originales de la série. Pas étonnant donc que le pilote de Nashville respire à ce point l'authenticité, d'autant qu'il a été tourné sur place et que le réalisateur n'a pas hésité à poser sa caméra dans les plus beaux endroits de la ville (l'état du Tennessee n'a pas aligné les billets pour rien !). 

   En réussissant à convaincre Connie Britton d'incarner Rayna James, la papesse de la country qui doit se réinventer dans un univers de plus en plus concurrentiel et de moins en moins profitable, la créatrice a touché le jackpot ! Pas seulement parce que l'actrice était très demandée et que c'était la preuve, a priori, que son projet avait de l'intérêt -et qu'il en gagnerait du coup encore plus vu sa réputation dans le milieu- mais aussi et surtout parce qu'elle apporte au personnage une dimension et une émotion qui n'existaient pas de manière aussi prononcée sur le papier. En lisant le script, j'avais de véritables inquiètudes quant à l'attrait que pourrait avoir cette héroïne auprès du téléspectateur. Je n'en ai plus. Certes, Rayna n'est pas hyper attachante d'emblée, sachant que l'on n'a pas nécessairement envie de la plaindre alors que tout semble lui réussir sur le plan professionnel mais aussi familial et qu'elle peut parfois adopter des attitudes de diva, comme lors de la scène des répétitions. Mais on découvre petit à petit ses peurs et ses failles, notamment lorsque son père est dans les parages ou que son guitariste lui fait les yeux doux, et on tombe finalement assez rapidement amoureux d'elle. Je suis à peu près sûr que cela ne serait pas forcément arriver sans Connie Britton, en tout cas pas aussi vite. Je ne serais pas étonné le moins du monde si elle était nommée dans quelques mois aux Golden Globes (et plus tard aux Emmys, si toutefois la série tient le coup). Elle le mériterait amplement et ce ne serait que justice après avoir été trop longtemps boudée pour son interprétation de Tami Taylor dans Friday Night Lights. Cela ne risque pas d'arriver à cette chère Hayden Pannetiere, parfaite dans son rôle de peste aux dents longues mais dont on devine malgré tout les limites. Le passage où elle est au téléphone avec sa mère défoncée, cachée dans un placard -même si on a l'impression qu'elle est en train de faire caca- est très révélatrice. Elle n'est déjà pas très subtile en soi mais la jeune actrice n'aide pas à la rendre plus crédible. A l'inverse, la scène où elle est en train d'enregistrer un morceau est ridicule dans le sens où la critique du recours de plus en plus courant à l'autotune chez les jeunes artistes (et les moins jeunes aussi d'ailleurs) tombe totalement à plat puisque la Pannetiere chante parfaitement juste, contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire ! Est-ce que Juliette Barnes peut devenir attachante avec le temps ? Oui ! Elle a quand même du potentiel, soit en tant que super garce que l'on adore détester, soit en tant que jeune chanteuse qui apprend l'humilité au contact de son aînée. J'espère que l'on explorera les deux phases. 

   Mais il ne faut pas oublier l'outsider, Scarlett, le troisième personnage féminin fort qui semble totalement déconnecté du reste des intrigues tout le long du pilote, dans son café, mais qui rejoint intelligemment la partie à la toute fin. Le meilleur numéro musical de l'épisode lui revient d'ailleurs haut la main ! Ce If I Didn't Know Better est diablement enivrant, pas particulièrement commercial mais efficace dans son genre. De toute façon, le but de la série n'est clairement pas de vendre des disques et c'est très bien comme ça. Cela évitera certaines dérives et certains pièges dans lesquels Smash a pu tomber parfois. Je ne parle évidemment pas de Glee, qui assume à fond son business. Clairement, le problème de Nashville ne vient de toute façon ni de ses femmes, ni de ses musiques, mais de ses personnages masculins, caricaturaux et/ou inexistants. Eric Close a la lourde tâche de passer derrière Kyle Chandler dans le rôle du mari de Connie Britton. Il n'est pas mauvais, mais le pauvre avait de toute façon perdu la partie d'avance ! L'avenir politique de la série reposera sur ses épaules, ainsi que sur celles du père de Rayna, et je ne suis pas franchement convaincu pour le moment, tant par les interprétes que par l'intérêt que j'y trouve. En plus, je n'aime pas du tout l'opposition machiste qui est instaurée entre les hommes de pouvoir d'un coté, qu'ils fassent partie de l'industrie ou de la politique, bref ceux qui font les trucs sérieux, et les femmes de l'autre, qui sont là pour divertir, pour se montrer, pour séduire. Je suppose que c'est malheureusement une réalité et que la série ne serait pas tout à fait authentique si elle s'en éloignait... 

   Malgré un certain manque de finesse dans l'opposition entre ses deux personnages féminins principaux, qui devrait s'estomper avec le temps, le premier épisode de Nashville, prometteur, annonce un beau soap riche et intimiste sur l'industrie musicale, la célébrité, la rançon de la gloire, le poids de l'héritage familial, l'ambition politique, le temps qui passe... De quoi faire aimer la musique country même aux plus réticents en somme !

What Chance ?

 Je m'attendais vraiment à ce que Nashville démarre mieux que ça, je suis donc un peu inquiet sur l'avenir que les téléspectateurs lui réserveront. En tout cas, une chose est sûre : elle ne fera jamais le plein sur la cible des 18/49 ans ! Elle n'est pas écrite pour les draguer, ce qui est tout à son honneur mais qui pourrait aussi précipiter sa chute puisque ce sont eux qui font la loi, aussi bien dans l'industrie musicale qu'à la télévision ! Prions pour que Nashville n'arrête pas sa carrière trop tôt...

How ?

Je me demandais comment quelqu'un qui n'aime pas la country réagirait à cette univers face auquel je me sais partiale. C'est rassurant de voir que le genre musical (a fortiori méconnu en France) ne rebute pas, voire même puisse plaire (les retours que je lis également sur Twitter quant à la chanson qui conclut l'épisode sont plutôt encourageants).
Maintenant il me faut espérer que le côté "industriel" captive autant que d'autres milieux professionnels...


Retour à La Une de Logo Paperblog