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Interview de civil civic : « sad party music »

Publié le 15 octobre 2012 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Je suis au Fort de Saint-Père-Marc-En-Poulet, accompagnée de ma copine Lucie. Les Civil Civic sont des australiens souriants et sympas, et on commence direct à enchaîner les boutades. Nous avons en face de nous Aaron, le guitariste ténébreux ; et Ben, le bassiste fou qui a l’allure d’un surfer bien bronzé.

civil civic 906x1024 INTERVIEW DE CIVIL CIVIC : SAD PARTY MUSIC

Salut ! On a su il y a une heure qu’on devait vous interviewer donc c’est un peu la panique (rires). Mais ne vous en faites pas, on a tout préparé !
Ben : Ah oui, vous avez fait des recherches ! Oh mon dieu, who the fuck are they ? Civil quoi ?

Ouais mais vous inquiétez pas, j’ai bien écouté votre musique, y’a un pote qui m’a harcelé pour que je vous écoute !
Ben : Aha, je l’aime bien lui !
Aaron : Aahhh, tu as des amis cools. Lui, c’est un mec cool.

Du coup, vous vous sentez comment pour ce soir ? Ready ?
Aaron : Euuhhh un peu nerveux.
Ben : Ouais, c’est un gros truc pour nous la Route du Rock.

Vous voulez dire le fait de jouer en France ?
Ben : Nan, pas vraiment, on a déjà joué pas mal en France. Mais tu vois, tout le monde parle de la Route Du Rock. Les gens sont super impressionnés quand tu dis que tu joues là bas ! Du coup si on fait de la merde ça va être horrible !

Vous devriez juste mettre votre CD pour le concert.
Ben : Ahhh oui Voilà (ndlr : en français !) Comme ça on pourra se bourrer la gueule. Et puis on pourra peut-être mettre quelqu’un d’autre à jouer à notre place ? Personne ne s’en rendra compte !

(là on s’est tous mis à parler en même temps très bruyamment donc je ne comprends plus rien)

Du coup, vous jouez ce soir à la nuit tombée, est ce que vous avez un light show particulier ?
Ben : Euh, oui, on a des lumières. Mais en fait on n’est que deux, et au milieu de la scène on a une boîte à rythme (qui se présente sous la forme d’une vraie « boîte ») et cette machine a des lumières. Du coup on a notre propre petit jeu de lumières !
Aaron : Oui, la grosse caisse s’allume en rouge, la caisse claire est jaune…

AH OUI ?
Aaron : les percussions, c’est vert… et ça s’allume en fonction du rythme de la batterie.

Et c’est votre concept ??
Ben : Oui, c’est son concept  (il pointe Aaron du doigt) ! Et il l’a fabriqué, avec ses propres mains aussi.

Du coup, votre truc à vous, les gars, c’est de faire de la musique à distance. L’un de vous vit à Barcelone (je regarde le plus bronzé) et l’autre à Londres (tout le monde se tourne vers Aaron, qui est un peu pale) c’est ça ?
Ben : Oui, en fait, il y a un moment… Tu sais, il y a ce truc que l’on appelle « Internet ». (rires général)
Aaron : Ouais, sérieux tu devrais essayer.
Ben : Bref, on s’envoie des fichiers mp3 par mails. Et puis avant de faire des concerts, je viens à Londres pour répéter un peu.

Et du coup, quand vous échangez des fichiers, c’est genre des embryons d’idée ou des chansons plus abouties ?
Ben : Non, c’est plus des chansons. Après, on en discute…

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Et vous pensez que vous pourriez travailler dans la même ville ou bien c’est justement le moteur du groupe, cette distance ?
Non. (gros blanc)

(rires)

Ben : Ouais nan en fait on s’entend pas très bien, je suis même pas sûr qu’on soit amis (ils se tapent sur l’épaule mutuellement). « Oh, encore toi… aaaahhhh ». Non mais sérieusement, ça serait juste différent. Tu vois, quand tu te retrouves une fois par semaine dans un studio de répétition pour partager des idées, c’est vraiment super différent. La distance, c’est juste notre manière de travailler.
Aaron : En fait le groupe entier est basé sur ce concept, c’est comme ça qu’il marche, et on a commencé le groupe en vivant dans des villes différentes.

Mais du coup, vous avez commencé le groupe, vous vous connaissiez…

Aaron : Non, on ne s’est jamais vu d’ailleurs. Non, non.
Ben : C’était un peu comme les couples qui se rencontrent sur Internet. On avait juste des amis en communs et on est tous de la même ville, Melbourne en Australie.
Aaron : Ouais, je le connaissais de vue à l’école, du coup je lui ai écrit un e-mail pour lui demander s’il voulait faire de la musique avec moi.
Ben : Il m’a envoyé quelques démos. Genre « ça, c’est le groupe, ça sonne comme ça. Tu veux faire partie du groupe ? » Et j’ai dit OK. Et après, quand j’ai accepté, il a dit « bon, je viens m’installer chez toi trois semaines ». Genre, ce gars, je l’avais jamais rencontré et paf il était là à m’attendre à l’aéroport de Barcelone ! Et on a vécu ensemble ces trois semaines, on a « fait » le groupe du coup. C’est stupide et ça a marché !

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Et j’ai vu que vous n’aviez pas de label pour votre album, c’est un choix ?
Ben : non, on n’a pas choisi de ne pas signer. Personne ne s’intéresse à nous! Sérieusement, on est pas le genre de groupe à se faire approcher par des labels et à refuser une signature genre « oh, on est teeeellement indés et underground que vous pouvez aller vous faire foutre ». En fait on voulait juste faire quelque chose, sortir un album, et s’il n’y a personne pour nous signer et bien Fuck it.
Aaron : De nos jours les gens des labels sont assez frileux, ils ne veulent pas tellement prendre de risques. Tu vois, notre musique ne peut pas vraiment être catégorisée. Pour une maison de disque, tu dois correspondre à un genre. Mais du coup les gens ne s’occupent plus de savoir si le groupe est bon ou pas !

Lucie : Mais vous avez déjà sorti un single sur « Too Pure » ?
Ben : Oui ils nous ont invité à faire un seul single pour une sorte de « singles club » avec des gens qui s’inscrivent et qui reçoivent par exemple un single tous les mois. Nan, c’est super cool comme concept. En plus ils ont pris en charge la fabrication des CD et un peu de promotion autour. En plus, on l’a masterisé à Abbey Road Studio ! (concert de « oohhh » et de « aaahhhh »). Et à un moment, Lady Gaga était dans la pièce d’à côté.

Vous l’avez vue ?
Non… Il y avait des gardes sécurité super baraques un peu partout !

Mais du coup, pour sortir votre album sans label, vous aviez quand même des gens pour vous entourer ?
Aaron : Oui, on avait une attachée de presse, un tourneur. Et puis une bonne fanbase, grâce à des blogs qui ont écrit sur nous etc… Et puis l’album était déjà payé par les fans ! On a utilisé une plateforme de crowdfunding qui s’appelle Indiegogo (ndlr : c’est comme Ulule).
Ben : Voilà (Il nous sort son français affuté).
Aaron : Avec des fans comme ça, tu n’as plus besoin de maison de disque.
Ben : Ouais, fuck that shit. (rire)

Du coup, vous faites de la musique instrumentale… de l’électro… rock…
Ben : Ouais… (l’air peu convaincu)

Enfin, c’est votre son quoi.
Aaron : Correct.

Je me demandais ce que vous aviez envie de dire aux gens, sans paroles ?
Ben : On a juste envie de dire aux gens de prendre du bon temps, tu vois.
Aaron : C’est de la musique pour faire la fête.
Ben : C’est sensé être assez émotionnel comme musique. Il faut que les gens soient touchés par nos chansons. En écoutant notre musique, il faudrait avoir les larmes aux yeux en poussant des cris de joie, tu vois. C’est comme de la musique de boîte de nuit, mais un peu triste. De la musique de clubbing mais mélancolique. (« sad party music »). Et tout le monde est invité.

Lucie : des fois, quand j’écoute vos chansons, j’ai l’impression qu’il y a une histoire derrière. J’ai comme un film qui se dessine, mais ça reste un peu flou.
Ben : En fait, ce qui est bien, c’est de stimuler l’imagination des gens et que eux-même créent leurs propres images d’une chanson.
Aaron : En fait tout le monde a une idée différente d’une chanson. Mais à la base, une chanson plante un décor. C’est comme un très très grande photo qui représente l’environnement dans lequel elle a été créée. C’est comme un paysage. Par exemple, tu pourrais avoir une chanson qui représente une jolie vallée. Et puis, dans ce paysage, il pourrait y avoir un McDonald. Ce qui donnerait une chanson-McDonald, tu vois.
Ben : Je suis impressionné, très impressionné. C’est la première fois que tu utilises ce genre de métaphore.
Aaron : Mais on n’a pas encore essayé de mettre de McDonald dans nos chansons.

(rire général)

Je suis vraiment contente que vous jouiez la nuit, parce que je n’imagine pas vraiment votre musique en plein jour !
Ben : Ouais, c’est cool aussi que l’on joue sur la petite scène, vue qu’on est que deux… sur la grande scène on serait un peu perdu !

Et vous courez partout sur scène ou quoi ?
Ben : Ouais il y a un peu de ça. On essaye juste d’être enthousiaste. Si tu n’es pas enthousiaste, le public ne le sera pas. Parce que si on a l’air de se faire chier comme si on faisait la vaisselle… why should anyone fucking care ?
Aaron : Je pense que si on faisait la vaisselle sur scène, ça serait assez cool.

Ça serait une performance artistique.
Aaron : Mais vu qu’on répète jamais, on sait pas trop comment l’autre se comporte sur scène. Ben me file des coups de pieds au cul par surprise des fois.
Ben : Ouais, je le fais à chaque concert ! Mais des fois il vient aussi m’emmerder de « mon » côté, alors je lui dis de dégager et de retourner de son côté de la scène !
Nan mais de toute façon ça va être cool ce soir, parce que c’est vraiment un bon environnement pour ce que l’on fait, on est tellement content de jouer à La Route, tout le monde parle de ce festival autour de nous…

Lucie : Du coup, la Route Du Rock fait aussi du booking, vous avez fait quelques concerts grace à eux, un à Nantes je crois ? Est ce que vous vous sentez vraiment soutenus par toute cette équipe autour du festival, du booking…

Ben : Oui, absolument. On est proche de Pierre Templé, qui fait du booking pour nous et qui fait une partie de la programmation de la Route. Ça fait deux ans qu’on le tanne « Pierre, on veut jouer à la Route Du Rock, Pierre… On veut jouer à la Route Du Rock… » et il nous disait « ouais mais non… C’est pas le bon moment… blablabla ». Et du coup, cette année – on ne sait pas trop pourquoi  – il a dit « Bam ! Vous jouez à la Route Du Rock. » C’est vraiment excitant.

Est ce que vous avez un autre album en route ?
Ben : Ouais… On va sortir un autre album mais il n’est pas encore écrit. Là cette année on a tourné un peu, mais là on doit se remettre à écrire. Ça fait un an et demi qu’on tourne avec les mêmes chansons. Ici c’est ok parce que les gens nous voient en live pour la première fois, donc les chansons sont nouvelles pour eux. Mais bon genre à Bordeaux on a joué plusieurs fois le même set, et pour les gens qui nous ont déjà vu ils doivent se dire « bon allez les gars… ». Donc là on va arrêter de tourner et se remettre à écrire.

En général ça accroche bien avec le public français ?
Ben : Ouaiiis. Franchement. France et Italie. En ce qui me concerne, le reste du monde peut aller se faire foutre. (rire général)

Hahaha cool ! En tout cas j’ai hâte de vous voir vous avez l’air très excités de jouer !

Et tout est bien qui finit bien, dans la joie et la bonne humeur. Et leur concert a déchiré, bien sûr (cf. mon live report). Mon prochain challenge sera de faire un article-portrait sur Johnny Jewel qui permettrait de résumer les 50 minutes de conversations que j’ai eu avec lui…


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