"Au dedans, observe ton esprit :
Même s'il capte l'attention quand on n'y prend pas garde,
A l'examen, sa nature propre est introuvable;
Un rien qui se donne pour quelque chose, vide et transparent;
On ne peut le définir en disant : "C'est cela!"
ce quasi néant bouillonnant.
Regarde ce qui vient au jour
Dans chacun des dix orients :
Quel qu'en soit l'aspect,
La Réalité, son essence,
Est la vacuité, esprit de l'abîme.
Toutes choses étant de la nature du vide,
Puisque c'est le vide qui observe le vide,
Qui se videra ce qui est à vider?
(...)
Quoi qu'on fasse, cela est permis,
Et de quelque manière que l'on repose, ce bienheureux
Délassement est la spacieuse essence de l'esprit,
L'Idée de la grande et vaste sphère;
C'est le mode d'être de toutes choses.(...)
Profonde et dénuée de proliférations discursives,
Cette claire lumière inconditionnée
Surpassant l'entendement qui n'est qu'imaginations
Est le tréfonds de l'Idée des vainqueurs;
En elle, rien à ôter,
Rien qu'il faille ajouter.
C'est tout simplement la perfection
Qui se mire dans la perfection même.(...)
La vacuité est l'unique savoir qui libère toutes choses
Le suprême remède souverain
L'ambroisie qui ne connaît point la mort
La perfection spontanée dans l'oisiveté
L'Eveil sans s'y efforcer."
Nyoshül Khen Rinpoche (1932-1999), Le Chant de l'illusion, Traduit par Stéphane Arguillère, ed. Gallimard