Note:
Origine : France
Réalisateurs : Géraldine Nakache, Hervé Mimran
Distribution : Leïla Bekhti, Géraldine Nakache, Manu Payet, Nader Boussandel, Baptiste Lecaplain, Marthe Villalonga, Dree Hemingway, Sienna Miller, Nicole LaLiberte…
Genre : Comédie/Drame
Date de sortie : 7 novembre 2012
Le Pitch :
Michaël, Nabil et Sylvain, trois trentenaires de Nanterre, prennent l’avion direction New York pour rejoindre leurs deux amies, Gabrielle et Samia, à l’occasion de l’anniversaire de cette dernière. Deux jeunes femmes installées dans la Grosse Pomme depuis plusieurs mois, qui tentent de vivre leur rêve américain et qui font la fierté de leurs familles. Samia travaille en tant qu’assistante d’une grande star, tandis que Gabrielle s’occupe de personnes âgées dans une maison de retraite, où elle enseigne aussi le français.
Une fois réunis, les amis profitent de leurs retrouvailles, avant de partir à la découverte de New York…
La Critique :
« Obama ! » tel est le cri de ralliement de la joyeuse troupe emmenée par Manu Payet, Leïla Bekhti et Géraldine Nakache. Car telle va la vie dans la comédie française. Il faut un gimmick à tout pris. « Obama ! » donc, mais aussi le fameux « To the », prononcé par le personnage interprété par Nader Boussandel, lorsque ce dernier veut parler anglais. C’est important les gimmicks, car ils permettent d’accrocher le public et d’identifier le film. De plus, quand on ne sait plus trop comment conclure une vanne ou carrément une scène, on fait appel à eux. Souvenez-vous du « Okay ! » des Visiteurs ou du « Yalla ! » de La Vérité si je mens ! Même salade, ça ne change pas.
Un petit détail certes insignifiant, mais pourtant symptomatique d’un long-métrage qui pêche par un manque flagrant d’idées originales.
C’est très simple : trois français rejoignent deux de leurs copines à New York. On joue à fond sur le décalage et une large partie des clichés y passe. Un peu comme dans Le Gendarme à New York, les Nike Air et les hot dogs en plus.
Pour son nouveau film, le duo Géraldine Nakache/Hervé Mimran reproduit quasiment à l’exactitude la dynamique du précédent, à savoir Tout ce qui brille. À tel point que Nous York s’impose vite comme une suite non-officielle de ce dernier.
Leïla Bekhti et Géraldine Nakache ne jouent pas les mêmes personnages (comprendre : elles ne portent pas le même nom), mais c’est du pareil au même. Inséparables, les deux amies ont quitté la France pour fuir un quotidien morose et des perspectives d’avenir limitées, et passent leur temps à se brouiller, puis à se réconcilier. Leurs potes, c’est à dire les trois mecs incarnés par Manu Payet, Baptiste Lecaplain (un échappé de Bref. qui trouve ici son premier rôle au cinéma) et Nader Boussandel, incarnent quant à un eux, le double rôle de déclencheurs de drame, en mettant en évidence ce qui cloche dans les vies américaines des filles, et celui de comiques, en enchaînant les vannes. Pas forcement désagréable, la recette sent quand même le réchauffé.
C’est après un générique travaillé, mais complètement insupportable, que débute l’odyssée de ces frenchies, perdus dans l’immensité de New York. Qui a vu la bande-annonce a tout pigé. Ça aussi c’est dommage. L’humour déçoit et tombe à plat, tandis que l’émotion rattrape le coup. Oui on rigole une fois ou deux, principalement grâce à Marthe Villalonga, qui sauve le film de nombreuses fois grâce à son énergie (la révélation ici, c’est elle) et à Manu Payet, une nouvelle fois irréprochable.
C’est dans l’émotion qu’il faut aller chercher la raison d’être de Nous York. Pas follement recherchée, elle joue sur l’éloignement qui provoque de petits drames. Les familles manquent et on se dit que finalement, la France ce n’est peut-être pas si mal. On a déjà vu ça ailleurs mille fois et en mieux.
Quelques beaux passages assez justes se détachent du lot.
Merci à Géraldine Nakache de contrebalancer une nouvelle fois le gentil cabotinage d’une Leïla Bekhti qui parle certes très bien l’anglais, mais qui nous ressort toujours le même personnage (Géraldine Nakache aussi, mais elle ne cabotine pas. Ce qui fait toute la différence).
Là est le principal problème de Nous York. Les comédiens sont naturels, mais parfois, ils oublient de jouer la comédie et on a vraiment l’impression d’assister à leurs vacances aux États-Unis. C’est cool, mais il y a de quoi se sentir peu concerné.
À noter la participation de Sienna Miller, dans le rôle de la star américaine imbuvable, qui réussit l’exploit d’être à la fois nymphomane, bipolaire, hystérique et humiliante. Bien soignée par un script très/trop léger, la pauvre Sienna tient la fonction de caution U.S., car il fallait bien au moins une comédienne populaire pour valider la démarche. Histoire que l’on sente bien que l’action se déroule à New York et non pas à Paris.
Fan depuis toujours de Manhattan de Woody Allen, le réalisateur Hervé Mimran, a peut-être voulu faire la même chose. C’est raté. Raté, car Nous York n’est pas bien écrit. On ne peux pas parler de catastrophe, mais on est encore loin du compte. Malgré toute la bonne volonté de la démarche, rien ne distingue ce film de la masse. Il se regarde et s’oublie. L’énergie charismatique de Géraldine Nakache, le jeu tout en subtilité de Manu Payet, le naturel de Baptiste Lecaplain et de Nader Boussandel et le talent de Marthe Villalonga, ou encore le beau sourire de Dree Hemingway ne suffisent pas à masquer la vacuité de l’ensemble, sans parler du côté bancal de certains détails (les montages Photoshop complètement foireux des photos de classe…). La mécanique de Tout ce qui brille, qui tournait relativement bien il y a deux ans, accuse des ratés…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Pathé