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Du côté des Républicains

Publié le 29 mars 2008 par Scopes
John McCain (Reuters)


A contre-courant d'obsession démocrate actuelle, InBlogWeTrust s'intéresse à John McCain, cet oublié de la campagne médiatique qui pourtant fait jeu égal dans les derniers sondages, tant avec Hillary Clinton qu'avec Barack Obama.
Alors que les démocrates n'en finissent plus de se diviser, les Républicains se sont bien installés dans une campagne d'envergure nationale. John McCain distille au compte goutte son programme, d'une orthodoxie à faire rêver Barry Goldwater ou Ronald Reagan.
En matière économique, il honore sa réputation de "straight talker" en portant le blâme de la crise actuelle (dite des subprimes) tant sur les établissements de crédit -- qui ont prêté sans compter à des clients peu solvables --que sur les ménages qui ont emprunté sans discernement afin d'honorer l'un des rêves américains: être propriétaire. Confiant dans les vertus régulatrices du marché, il refuse de trop "récompenser" par des aides fiscales fédérales des institutions (les banques) et surtout des individus (les débiteurs) qui se sont brûlés les ailes -- du fait de leur propre négligence (en fait guidés par le marketing très agressif des prêteurs) -- en vivant à crédit. Férocement attaqué par les démocrates, il a depuis adouci son discours, sans changer sa philosophie.
Dans le domaine fiscal, il satisfait les grands argentiers républicains en promettant de maintenir les déductions fiscales mises en place en 2001 par le gouvernement de George W. Bush (et qui bénéficient surtout aux entreprises et aux classes très favorisées), politique qu'il avait pourtant dénoncée comme "injuste" lors de sa mise en place. C'est que, la base évangélique de McCain étant plutôt fragile et rebutée par son côté franc-tireur, il lui fallait au moins donner des gages électoraux à ses plus fidèles partisans, la classe moyenne effrayée par le Moloch étatique, les interventions fédérales et les impositions nouvelles qu'elles requièrent.
Enfin, il a énoncé avant hier à Los Angeles les grandes lignes de sa pensée et de son action future en matière de politique étrangère. Tout en s’inscrivant dans la lignée de l’administration Bush II (maintien d’une forte présence militaire tant en Afghanistan qu’en Irak tant que la situation n’y est pas stabilisée ; renforcement des discussions avec les alliés américains – dont la France), il se démarque subtilement de son prédécesseur. Il se veut un « idéaliste réaliste » (allez comprendre…) éloigné du manichéisme monomaniaque des néo-conservateurs et cherche à faire oublier ses quelques déclarations intempestives de campagne (« bomb Iran ! »). Sa nouvelle ambition ? Réunir les démocraties, toutes les démocraties (la Russie n’en faisant explicitement pas partie) au sein d’une alliance de pays qui combattront ensemble le terrorisme, la propagation des infections/maladies et les problèmes environnementaux. En bref, un retour au pragmatisme de Bush père, avec la guerre en Irak comme croix à porter. Henri Kissinger et James Baker III (ancien Secretary of State de Bush 41), lui ont d’ailleurs donné leur onction. Tout un symbole. Le retour en grâce de la vieille garde.
Sur le plan tactique, et en dépit d’un trésor de campagne encore faible, il profite également de la focalisation de Barack Obama et d'Hillary Clinton sur la Pennsylvanie pour lancer -- ou relancer -- sa campagne. Sa première publicité diffusée à l'échelle du pays semble annoncer les thématiques de ses prochains discours.

La voix off, tout droit sortie d’une bande annonce pour film hollywoodien, plante le décors. John McCain ? Leul défenseur des « valeurs américaines ». Un « leader », un vrai, « ready on day one » (ça vous rappelle quelqu’un). Une sorte de John Wayne qui aurait échappé aux Vietcongs et non pas aux Indiens. Ce statut de héros de la guerre du Vietnam (il y fut fait prisonnier pendant cinq ans) l’un de ses arguments de campagne que les démocrates n’oseront pas attaquer. Il risque d’en abuser.
Scopes

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