C’est aujourd’hui le
premier anniversaire de la mort d’Andrea Zanzotto. Philippe di Meo le rappelle
à Poezibao et lui envoie ce poème.
ÉCOUTANT DEPUIS LE PRÉ
Sur la touche, le doigt anéanti insiste
sur une note toujours ratée
et pourtant inhumainement juste
au-delà de tout exemple
réussie
Une note, jusqu’à ce que sang soit le doigt,
puis il s’estropie, en un mouvement
de trille raté
au-delà de tout exemple
néanmoins reréussi
Rayonnant depuis toute chose, une offre infinie
parvient sur cette note, sur ce doigt
énervé, et d’ailleurs depuis longtemps anéanti,
qui veut prendre en charge, donner crédit
à une partition universelle
possible
déverser d’une bande
enregistrée
dans un autre
non moins mythique instrument
Une adresse ou une déclaration d’expéditeur
insistante comme bec de pic-vert,
c’est sur ce doigt que tape l’offre,
sienne-unique, de-rien-du-tout, qui n’allèche rien,
et toujours la ratant, dans la
déserte
réalité, qui par ailleurs
s’affine comme matin,
son obstination contre tout pourquoi,
son inépuisable ni existible pour qui, pour quoi
ajuste, devine
Andrea Zanzotto, Idiome, Traduit de
l’italien et présenté par Philippe Di Meo, José Corti, 2006
ACOLTANDO DAL PRATO
Insiste il dito annichilito sul tasto
in una nota sempre sbagliata
eppure disumanamente giusta
al di là di ogni esempio
azzeccata
Una nota fino a che sangue è il dito
e poi si azzoppa in uno sbagliato
movimento di trillo
al di là di ogni esempio
tuttavia riazzeccato
Un’infinita, irraggiante da tutto, offerta
arriva su quella nota, su quel dito
innervosito, anzi da tempo annichilito,
che vuol farsene carico, dar credito
a un possibile universale
spartito
riversare da un nastro registrato
a un altro
non meno mitico instrumento
Un indirizzo o una dichiarazione di
mittente
come becco di picchio insistito
è in quel dito che batte l’offerta
sua-unica, da-nulla, che
nulla alletta
e che scavando per sempre in quel tasto
e sbagliando sempre, nella deserta
realtà che per altro come mattina s’affina,
la sua ostinazione contro ogni perché,
il suo per chi per che che non mai esauribile
né esistibile assesta, indovina
Andrea Zanzotto, Idioma, Mondadori,
1986
dans Poezibao
note
bio-bibliographique, extrait 1, extrait 2, extrait 3, ext. 4, En
mémoire d’Andrea Zanzotto (par
Martin Rueff)