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Le Nord, la glace et puis quoi encore ?

Publié le 30 mars 2008 par Philippe Di Folco
Le Nord, la glace et puis quoi encore ?   Insupportable cette affiche du plus mauvais road-movie de toute l’histoire du genre, Into The Wild (Sean Pean, 2008), qui encombre depuis deux mois l’une des trois salles de l’UGC Rotonde. Quand j’ai l’audace de dire tout le mal que je pense de ce navet pétri de mauvais bons sentiments, j’entends dire : « Mais ce que tu es méchant ! ». Il faut se pâmer face au stupide éternel jeune-homme en quête de père, de vraie Nature, de froidure et d’ordalie. Il faut admirer tous les films, je dis bien tous, dès qu’ils sont commis par des acteurs. Même chose pour le Boon : le seul que je puisse à la rigueur respecter dans cette grossière histoire de Ch’tis c’est le producteur. Claude Berri, on le sait trop peu, on ne le dit pas assez, aime les gens. Eh ! bien pas moi. Je n’aime pas aimer les gens, car derrière ce mot, « gens » se cachent des foules de gens. Je n’aime pas les masses. Dès qu’il y a consensus sans débat, emballement de veaux, ruées de cloportes, je détale. Au mieux, je vais voir le film, à la séance du jeudi matin, celle de 9h45 au Pathé Wepler, là je suis certain d’être seul dans la salle. Non seulement « faut aimer les gens », mais faut faire mine de cracher sur les films intellos, les auteurs complexes, etc. Faut aimer les gens et les pets, les rots, les courses au supermarché, les crédits à la conso, les deux voitures et les vacances scolaires incessantes. Faut aimer les gens. Mais les gens ça n’existent pas. Tout ça pour dire mon ras-le-bol des extases subites pour le Nord. Qu’il soit alaskien, lillois, ou islandais, oui, cette île dont les voyagistes me rabattent les yeux à coup de spams avec en prime un mini-films à la con mettant en scène deux pétasses néobabas parties en short à la conquête des geysers et d’hypothétiques vickings dégénérés et sans aucun doute impuissants puisque, c’est bien connu, là haut, ça boit cul sec et généreusement ! La Nature ça n’existe pas et l’illusion qu’il en serait une, pure, haute, marmoréenne, dans les glaces du Nord, ne m’excite pas. Pire, je crains que cette Nature-là ne cache quelques fantasmes malsains : La Nature ! Sans personne ! Alors ? On s’y retrouve comment ? faut aimer les gens qui aiment les endroits où on se fait chier parce que y’a personne et où on se les gèle ? Les Ch’tis ça n’existe pas plus et mes nombreux allés et retours entre Paris et ces régions françaises ne m’ont pas convaincu du contraire. Au cœur de la Picardie, peut-être… En Wallonie, sans aucun doute, et encore. Je préfère les limougeots, les poitevins, les amateurs de graisse de canard, et autres irréductibles Corses mais ça ne m’empêche pas de fantasmer sur une bicoque du côté de Bruay-en-Artois : pas pour le crime, juste pour la frime (et facile, la rime). Non, y’a pas à dire : je suis bien, au chaud, dans mon petit appart’, entre fissures dégoulinantes, plancher défoncé et tuyaux de plomb chantants. J’emmerde personne, pas même « les gens ».

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