Koji Wakamatsu vient de nous quitter. Ca ne vous dit peut-être rien, et il est certain que les journaux ne vont pas s’attarder sur le personnage...
"United red army" de Koji Wakamatsu
Avec : Maki Sakai, Arata, Akie Namiki Sortie le 17 novemb 2009 Distribué par Blaq Out Durée : 190 minutes Nombre de : 2 Film classé : 12 ans et plus |
Ce n’est ni Pierre Mondy , ni Claude Pinoteau. Paix à leurs âmes, mais veillons aussi sur celle de ce réalisateur de 76 ans qui il y a deux semaines pour « Petrel Hotel Blue » au Festival de Pusan, a reçu le Prix du Meilleur Cinéaste Asiatique de l’année.
Parmi les 130 films réalisés en 50 ans par Wakamatsu, j’ai envie de vous conseiller « United Red Army » qui sera l’un des films charnière de sa carrière. Par le sujet abordé, dans lequel il critique le fanatisme de l’Armée Rouge, et la répercussion au cœur de ses aficionados qui avaient jusque-là suivi le personnage qui grâce au cinéma, disait-il, pouvait enfin « tuer » l’autorité à l’écran, avec des films plus subversifs les uns que les autres, où policiers, politiques, patrons n’étaient qu’exploiteurs à éliminer par tous les moyens !
Et pourtant « United Red Army » va élargir l’audience du cinéaste qui réussit là un mélange tonitruant d’archives documentaires, de fiction, de film de genre et de film politique, cadencé par la musique hypnotique de Jim O’Rourke.
Evidemment, Wakamatsu n’a jamais bénéficié de financements publics et c’est donc tout naturellement qu’il cumulait toutes sortes de fonctions (artistiques comme techniques). Il mettait à contribution ses amis et collaborateurs dans une économie de guérilla qui allait constituer la marque de fabrique de la « méthode Wakamatsu » : tournages en 3 jours, de nuit, avec des chutes de films de commande qu’il réalisait en parallèle le jour, rémunération en nature de ses acteurs (repas, vin, alcools…), utilisation voire destruction de ses biens personnels pour les besoins d’un tournage, montage en quelques heures (puisque chaque scène faisait l’objet d’une seule prise), les exemples sont légion… Avec ses conséquences comme » Le soldat dieu » ….
Afin que ses messages politiques atteignent le plus grand nombre (c’était là tout l’intérêt du cinéma pour lui : pas une fin en soi, mais un moyen, une arme), Wakamatsu s’est réapproprié le genre pink, mélange de sexe et de violence, né au milieu des années 60 à l’initiative des studios japonais pour endiguer la désaffection des salles de cinéma face à l’avènement du téléviseur.
Cet article a été réalisé avec la complicité de Bich-Quân Tran de Dissidenz Distribution