
Lacan © La boîte à bulles – 2007
« Un homme entre dans un hôtel miteux pour prendre une chambre qu’il a réservée. Toutes les chambres sont encore occupées, mais notre gars conserve son calme, il n’est pas pressé. S’il est venu dans cet hôtel, ce n’est pas pour dormir, mais tout simplement pour accomplir son devoir de citoyen en se suicidant. Alors quelques minutes à attendre…
A quelques pages de là, deux scientifiques rentrent dans l’hémicycle de l’assemblée nationale pour se mettre sur la gueule. Les astrophysiciens et les chercheurs en biologie moléculaire ne peuvent pas tous bénéficier d’un budget cette année… Alors quelle meilleure manière pour se départager ?
Et pour véhiculer tout ce beau monde, quoi de mieux qu’un moyen de transport unique, surpuissant, qui permette de déplacer d’un coup tous les habitants d’une ville ? Et si ce moyen de transport écrase de temps en temps un étourdi qui ne connaît pas les horaires par cœur, la faute à qui ?
Se basant sur des articles (Le Monde, Marianne, Le point, L’Express, etc.), Patrick Lacan anticipe notre futur avec cynisme et humour. Dans un style graphique énergique et spontané, l’auteur donne à notre conception urbaine de l’avenir une dimension à la fois luxuriante…et cohérente…
Le lecteur se retrouve plongé dans un avenir inquiétant, mais aussi (espérons-le) farfelu » (synopsis éditeur).
-
… un monde farfelu oui, car tel est bien le cas. Nous nous retrouvons confrontés à des « codes » sociaux, des valeurs collectives, totalement déformés. Le ton est grinçant mais une fois de plus, Patrick Lacan utilise une pointe d’humour sarcastique qui soulage le propos et, aussi étonnant soit-il, donne un coté pétillant à ce tableau de société pourtant très noir.
La preuve en est, 10 nouvelles au cynisme évident qui abordent différents thèmes de société. Le regard est décalé, les travers de nos sociétés sont exacerbés. Le vote des budgets à l’Assemblée se décide sur un ring, le suicide est élevé au rang d’acte civique, les nouveaux transports en commun sont totalement inadaptés à la géographie urbaine… Le recueil aborde également d’autres thèmes comme l’immobilier, le réchauffement climatique, les émeutes (de 2005 revues et corrigées)… Bref, la crise en général.

Chaque nouvelle débute de manière identique : un court pitch humoristique sous forme de citation et une coupure de presse situent le contexte. On se laisse ensuite rapidement prendre par le tourbillon, aidé en cela par un dessin leste et nerveux. Patrick Lacan extrapole et imagine les scenarii les plus fous. Dans cette société légèrement futuriste, l’auteur invente des situations qui, à bien y regarder, ne semblent pas si absurdes que cela ! Il va jusqu’à l’extrême, fouille les moindres recoins et pointe les dysfonctionnements mais toujours, son regard inquisiteur accompagne le lecteur amusé. Si déjantées soient les visions de Lacan, elles ne sont malheureusement pas si éloignées de notre quotidien…

Une lecture absurde des problématiques sociales actuelles… Absurde mais non dénuée d’intérêt !! Pourtant peu amatrice des récits humoristiques, je réitère le constat que je faisais il y a quelques mois suite à la lecture de Brèves insolations : un plaisir non dissimulé à la lecture, un auteur que je vous invite à découvrir.
Une interview de l’auteur sur Scifi-universe.
Les chroniques de Wade Wilson, Seiji et Sbuoro.
Tristes utopiques
One shot
Éditeur : La Boîte à bulles
Collection : Contre-pied
Dessinateur / Scénariste : Patrick LACAN
Dépôt légal : juin 2007
ISBN : 978-2-84953-050-4
Bulles bulles bulles…
éé
Ce diaporama nécessite JavaScript.
©îà–