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Une vie solarisée (fin)

Publié le 21 octobre 2012 par Arsobispo

Cet article est le dernier chapitre d'une hommage à Tina modotti "une vie solarisée" commencé par "Devant l'objectif" et poursuivi par "Derrière l'objectif".

Il est bien loin ce temps où, objet de tous les regards, Tina Modotti offrait son corps au photographe. Et celui où Tina était passé de l’autre côté de l’objectif s’achevait maintenant dans le deuil de Julio Mella[1]et l’expulsion du pays électif.

Tina Modotti lors de la manifestation qui suivit le meurtre de Julio Antonio Mella, Mexico le 17 janvier 1929

Tina Modotti lors de la manifestation qui suivit le meurtre de Julio Antonio Mella, Mexico le 17 janvier 1929

Celle qui était reconnue comme une très grande photographe, célébrée en Amérique comme en Europe, n’était devenue aux yeux de ses compatriotes qu’une femme corrompue aux mœurs dissolus. Ne lui restaient que ses convictions politiques, son adhésion radicale au communisme qui, par pragmatisme, lui faisait rejeter l’art, ce palliatif inefficace dans la lutte radicale qu’elle menait désormais envers les pouvoirs politiques pervertis par l’argent. Il n’est pas étonnant de voir Tina refuser d’accoler le terme artiste sur l’affiche présentant sa dernière exposition personnelle au Mexique de décembre 1929. Mais même cela est aujourd’hui oublié. Le 5 février 1930, à la suite d’un attentat contre Pascal Ortiz Rubio, le nouveau président du Mexique, Tina est arrêtée et jetée en prison, dans une sordide cellule du « palais noir », le bâtiment des condamnés à mort.

 Tina Modotti interrogée par la police mexicaine 1929

Tina Modotti interrogée par la police mexicaine 1929

Elle va y passer treize jours ; treize jours où elle refuse de se nourrir. Les autorités la relâchent le 24 février, mais sous condition qu’elle accepte l’expulsion du Mexique. Elle est jetée dans un train pour Veracruz. Seuls, Manuel Alvaro Bravo et sa future épouse Lola se sont présentés à la gare de Mexico pour lui dire adieu. Le lendemain, elle monte à bord d’un cargo hollandais, le SS Edam avec d’autres exilés communistes. Elle veut gagner Berlin, où elle espère trouver du travail. Quelques escales plus tard, elle a la surprise de voir monter à bord Vittorio Vidali.

Vittorio Vidali sur l'Edam. Photo de Tina Modotti

Vittorio Vidali sur l'Edam. Photo de Tina Modotti

Il veut qu’elle l’accompagne à Moscou. Elle refuse. Son créneau est le combat, et non le confort au sein d’un pays ayant adopté le régime communiste.

Portrait de Vittorio Vidali sur l'Edam en 1930. Tina Modotti

Portrait de Vittorio Vidali sur l'Edam en 1930. Tina Modotti

Abandon et Dévouement

Arrivée aux Pays-Bas, des agents du OVRA, la police secrète de Mussolini, l’attendent. Heureusement des camarades du Secours Rouge International hollandais la sortent de ce mauvais pas. Elle se rend toutefois compte qu’elle est tombée dans un piège, que sa vie risque d’être une éternelle fuite contre les régimes fascistes qui gangrènent l’Europe. Elle part pour Berlin. Elle va y connaître de graves difficultés matérielles et professionnelles. Elle a beau chercher du travail auprès de ses camarades de la Ligne anti-impérialiste, elle ne trouve rien, si ce n’est quelques traductions pour les tracts du parti. Alors, elle tente de reprendre ses activités de photographe.

Photographie de jeunes pionniers allemands. Tina Modotti. Berlin 1930

Photographie de jeunes pionniers allemands. Tina Modotti. Berlin 1930

Mais les sujets qu’elle désire aujourd’hui travailler, à forte connotation politique, sont déjà largement diffusés dans Berlin par les travaux des coopératives de « photographes ouvriers ». Elle se tourne vers Hannes Meyer, le directeur du Bauhaus, qui, en son temps, avait salué ses travaux photographiques[2]. Mais malgré toute sa bonne volonté, il ne peut rien faire pour elle. Son seul réconfort, elle le trouve auprès de sa nouvelle amie, Johanna Alexandra Jacobi plus communément appelée Lotte Jacobi, une photographe allemande issue de l’Académie de photographie de l'État bavarois à Munich. Sous son impulsion, elle se remet à la photographie, sous une forme non artistique plus journalistique, tentant d’utiliser le Leica ou l’Ermanox, plus aisés à manier dans les rues de Berlin que son énorme Graflex. Bien qu’elle ne croit plus que l’art puisse participer d’une façon ou d’une autre à la lutte sociale qu’elle a décidé d’épouser, elle accepte de monter en septembre 1930 une exposition dans le petit studio-galerie de Lotte, sans doute pour la remercier de son secours. Une sorte d’anthologie des œuvres qu’elle a conservées, et de quelques inédits réalisés à Berlin.

Couple au jardin botanique de Berlin. Photo de Tina Modotti 1930

Couple au jardin botanique de Berlin. Photo de Tina Modotti 1930

Des photos qui seront les dernières de son œuvre photographique. Elle est désormais une activiste et quitte définitivement la lumière des artistes pour l’ombre des clandestins, changeant sans cesse de résidences, disparaissant soudainement, changeant de noms. Elle s’attache alors à effacer toute trace de sa vie personnelle.

En octobre, l’ambassade soviétique lui remet un permis de séjour en URSS, valable trente jours. Elle part pour Moscou, vit à l’Hôtel Soyouznaïa, travaille – enfin - à plein temps pour le Secours rouge international. Elle parle 6 langues et est précieuse comme traductrice et lectrice de la presse étrangère. Elle accueille des délégations étrangères. Elle écrit des articles. Elle entreprend des voyages clandestins dans toute l’Europe, afin d’agir probablement en faveur des prisonniers politiques. Elle relâche totalement l’appareil photographique pour s’acharner sur une machine à écrire. Pablo Néruda, plus tard, écrira dans ses mémoires « elle jeta son appareil photographique dans la Moskwa et se jura à elle-même de consacrer sa vie aux tâches les plus humbles du parti communiste ».

Portrait de Tina lors de sons séjour à Moscou. Photo d'Angelo Masutti

Portrait de Tina lors de sons séjour à Moscou. Photo d'Angelo Masutti

Elle est alors la compagne de Vidali, plus par affinités politiques eet intellectuelles que sentimentales ou sexuelles. Un jeune italien, Angelo Masutti, la photographie. Il s’agit probablement et à ce jour des dernières images recensées de Tina…

Elle rencontre Eisenstein, renoue parfois avec le passé en rencontrant O’Higgins, puis Lotte.

Enfants d'un kolkhose sovietique. Photo de Tina Modotti en 1932

Enfants d'un kolkhoze soviétique. Photo de Tina Modotti en 1932

Entre 1933 et 1935, elle voyage beaucoup semble-t-il. Elle travaille en 1934 au bureau européen du Secours rouge à Paris, s’occupant du bureau clandestin de Vidali. Elle se lie avec Aragon et Elsa Triolet, avec Clara et André Malraux, Walter benjamin. Mais ces liens n’ont d’autres buts que la recherche de soutien dans sa mission auprès du Secours Rouge, ou dans l’organisation du Congrès des femmes anti-fascistes. En URSS commencent les premières purges. Tina continue sans doute à traverser les frontières. Elle est notamment lors de l’hiver 1935 en Asturies où s’est déroulée une répression féroce du pouvoir espagnol envers les révolutionnaires asturiens qui avaient érigé la "Commune espagnole", cette éphémère république socialiste asturienne. Elle y participe dans le cadre de l’aide qu’apporte le Secours Rouge, l’une des rares organisations internationales à aider les paysans et ouvriers asturiens.

En 1936 elle quitte l’URSS pour l’Espagne où, en février, le Front Populaire vient de remporter les élections. Elle ne retournera plus jamais à Moscou.

femmes républicaines

femmes républicaines

Le 19 Juillet 1936, alors qu’éclate la guerre civile, Tina retrouve à Madrid, Vittorio, arrivé deux jours plus tôt. Ils ont décidé d’occulter leur véritable identité. Tina commence à travailler pour le Secours rouge espagnol, sous le pseudonyme de « Maria Ruiz». Elle lie une très forte amitié avec Rubén Landa Coronado[3] qu’elle entraine dans ses différentes activités. Tina se charge de tout ce qui a trait à l’organisation de l’aide aux volontaires et de la propagande pour le Secours rouge. Elle est rédactrice en chef de « Ayuda Semanario de Solidaridad del Socorro Rojo Internacional » où elle rencontre Flor Arrones Cernuda[4] et d’autres grands intellectuels de cette époque[5]. Elle écrit également des articles qu’elle signe « María del Carmen Ruiz Sánchez »[6]. Un grand nombre d’entre eux sont consacrés au sort effroyable qu’endurent les enfants. Désespérée, elle prône une évacuation à l’étranger des enfants "puisqu'il n'y a pas un coin de l'Espagne qui peut être considéré comme sûr contre les attaques de l'aviation et de la flotte fasciste". Elle participe activement au montage du Congrès International des Femmes Antifascistes.

délégation du comité mondial des femmes antifascites

Délégation du comité mondial des femmes antifascistes

Manifestation du congrés des Femmes Antifascistes

Manifestation du congrès des Femmes Antifascistes

Ces anciens confrères, Robert Capa, Gerda Taro et David Seymour essayent de la persuader à se relancer dans le circuit du reportage photographique. Elle ne cède pas. Toutefois, la revue Ayuda publiera quelques photographies qui pourraient bien être de Tina. Elle s’enrôle dans le 5ème Régiment des Milices Populaires, commandé par le célèbre Commandante Carlos, (Carlos J. Contreras), qui n’est autre que Vittorio Vidali.

Le cinquième régiment de Vidali au centre, les bras croisés

Le cinquième régiment de Vidali

Tina est affectée au bataillon féminin chargé de l’assistance sanitaire. Elle est directement sous les ordres du docteur Planelles qui dirige alors les services de Santé à Madrid et le Secrétariat de la santé publique au ministère de l'Éducation et de la Santé. Elle intervient notamment à l’hôpital Obrero de Cuatro Caminos où fascinée, elle soignera Dolores Ibarruri, « la Passionaria », atteinte d’hépatite.

Norman bethune et l'un de ses camions

Norman bethune et l'un de ses camions

Avec le célèbre médecin canadien Norman Bethune, inventeur du système de «banque de sang mobile»[7], elle participe également à la mise en pratique, pour la première fois dans l'histoire, des transfusions sanguines en urgence, notamment sur la route reliant Malaga à Almeria où 150 000 réfugiés, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, coincés entre la mer et les falaises, ont été mitraillés et bombardés sans pitié par la marine et l’aviation au service des franquistes (février 1937).

Unité mobile de transfusion sanguine de Norman Bethune

Unité mobile de transfusion sanguine de Norman Bethune

Lors de la  chute de Madrid, elle gagne Barcelone et y restera jusqu’à son occupation en 1939 par les franquistes. Elle y retrouvera quelques amis, qui, petit à petit, se détourneront d’elle, tel Dos Passos. Quand il faut fuir Barcelone, elle est dans le flot des réfugiés, continuant inlassablement d’apporter un peu de réconfort physique ou moral à ses compagnons d’infortune. A Figueras, Tina échappe de peu à la mort au cours d’un bombardement. Elle franchit la frontière, apprenant avec douleur le décès, à Collioure, de son cher ami Machado. Tina est désormais une autre femme. Qui pourrait la reconnaître dans ce portrait qu’en fait Flor : "Je ne pense pas avoir jamais vu son sourire, elle était très grave, toujours vêtue totalement de noir ». Elle peut toutefois regagner Paris avec Vidali, abandonnant tous les réfugiés dans les camps de concentration que le gouvernement français a créés en Catalogne. En avril 1939, elle embarque sur le Queen Mary pour New-York. Lorsqu’elle débarque, elle est refoulée par les autorités américaines, sans doute trahie par ses propres camarades du parti. Pire, on l’expulse à destination du Mexique, là où elle ne voulait pas remettre les pieds. Là où elle s’attend à être aussitôt jetée en prison. Heureusement, son faux passeport, toujours au nom de Carmen Ruiz Sanchez, lui évite d’être reconnue. Tina, dès lors, évite ses anciens amis, sauf peut-être Manuel Alvarez bravo[8]Pourtant elle croise à nouveau Vidali, qui va la lancer à nouveau dans des missions secrètes. Mais comment retrouver la passion et l’exaltation que lui procuraient en Espagne ses activités de militante, de journaliste et d'infirmière ? Elle décide toutefois de s’occuper des réfugiés de la guerre d’Espagne, avant tout. Les dérives sordides de Staline commencent à lézarder ses convictions. Tina ne renouvelle pas sa carte de membre du parti. En août, elle exprime son opposition au pacte germano-soviétique. Elle ne veut plus se laisser mener par les arguments de Vittorio. Tina reprend son travail de traductrice : elle traduit Lénine, Varga… Dans la nuit du 5 janvier 1942, en regagnant son domicile après avoir passé la soirée chez son vieil ami Hannes Meyer, Tina Modotti décède seule dans un taxi d’une crise cardiaque. Du moins, c’est ce que l’on annonce. Mais les circonstances sont troublantes. Pour sa part, Diego Rivera était convaincu qu'elle avait été assassinée en raison de ses activités politiques.

Pierre tombale de Tina modotti

Pierre tombale de Tina modotti

Quoi qu’il en soit, les réactionnaires de tous poils exultèrent. Pablo Néruda écrivit dans ses mémoires « J’avoue que j’ai vécu » les mots suivants :

« La droite mexicaine tenta de renouveler l'infamie en couvrant sa mort de scandale comme elle avait voulu le faire au moment de celle de Mella. Carlos et moi veillions le petit cadavre. Voir souffrir un homme si fort et si courageux n'est pas un spectacle agréable. Ce lion saignait quand il recevait dans sa blessure le poison violent de l'ignominie dont on voulait salir à nouveau, dans la mort, Tina Modotti. Le Commandant Carlos rugissait, les yeux rougis de larmes; Tina restait de cire dans son petit cercueil d'exilée; et moi, je me taisais, impuissant à calmer toute la tristesse humaine de la pièce qui nous abritait.

Les journaux remplissaient des pages entières d'ordures à sensation. On appelait Tina «la femme mystérieuse de Moscou». Quelques-uns ajoutaient : «Elle est morte car elle en savait trop.» Impressionné par la douleur furieuse de Carlos, je pris une décision. J'écrivis un poème où je défiais les offenseurs de notre morte et je l'envoyai à toute la presse. Je savais qu'on ne le publierait pas. Et pourtant, ô miracle! le lendemain, au lieu des révélations fabuleuses promises la veille, mon poème indigné et désolé parut à la une de toutes les feuilles.

Il était intitulé «Tina Modotti est morte». Je le lus ce matin-là au cimetière de Mexico, où nous laissâmes son corps, qui repose pour l'éternité sous une pierre de granit mexicain où l'on a gravé mes strophes.

Et depuis, au Mexique, jamais la presse n'a écrit une seule ligne injurieuse envers la mémoire de Tina. »

Il reste que Tina a joué un rôle exceptionnel dans l’histoire du XXe siècle, non seulement comme photographe qui fut malgré tout la première à saisir la vie quotidienne d’un pays d’Amérique du Sud, mais surtout comme un modèle d’une nouvelle féminité, non seulement engagé politiquement, mais surtout comme être libre. Libre d'agir, de décider, de suivre les besoins de sa volonté, de son corps, comme de ses opinions, sans se préoccuper de toutes les formes de préjugés, de contraintes religieuses et de règles sociales. Libre de s’engager, corps et âme, dans un destin choisi. En cela, elle fut talentueuse et visionnaire. Elle le paya très cher. Elle qui consacra une grande partie de sa vie à montrer la beauté des femmes et des enfants, ne connut jamais le bonheur de la maternité et finira seule. En ce sens, une des plus belles photos de Tina est le portrait qu'elle fit de Frida Kahlo allongée sur son lit,, handicapée, meurtrie, mais avec sa rage de créer encore et encore avec près d'elle un enfant.

Frida Kahlo par Tina Modotti

Frida Kahlo par Tina Modotti

Mon seul regret est de savoir que l'activité de Tina Modotti en Espagne républicaine n'aura pas été uniquement tournée contre les fascistes. En suivant la ligne du parti, elle aura lutté également contre le Poum, le Parti ouvrier d'unification marxiste qui avait rejeté vivement la politique de Staline, et la CNT, les anarchistes de la Confédération nationale du travail[9]. Mais, peut-être que, sans se l’avouer, le repli sur soi qu’elle montre à son retour au Mexique, est une prise de conscience, certes tardive, mais qui m’empêche de la juger.

Si son journal et nombre de sa correspondance ont été perdus, il reste toutefois à recueillir et traduire les articles qu’elle écrivit pendant la guerre civile espagnole. Ses écrits ont tout autant de valeur que ses photographies pour comprendre au-delà de tout sens artistique qui était réellement Tina Modotti.

Sur sa tombe, ces vers de Pablo Neruda :

Tina Modotti hermana,
no duermes, no, no duermes.
Tal vez tu corazón oye crecer la rosa
de ayer, la ultima rosa de ayer, la nueva rosa.
Descansa dulcemente, hermana

Puro es tu dulce nombre, pura es tu frágil vida.
De abeja, sombra, fuego, nieve, silencio, espuma,
de acero, línea, polen, se construyó tu férrea
tu delgada estructura

Vers de Néruda sur le tombe de Tina Modotti

Vers de Néruda sur le tombe de Tina Modotti

BIBLIOGRAPHIE

  • "Tina Modotti and Edward Weston : the Mexico Years", catal. expos., Barbican Center à Londres, Merrell, Londres, 2004
  • "Tina Modotti"  trad. D. Lablanche, coll. 55, Phaidon, Paris
  • Noble, "Tina Modotti": Image, Texture, Photography, University of New Mexico Press, Albuquerque
  • Edward. Weston, "Journal mexicain, 1923-1926", trad. et Préface G. Mora, coll. Fiction & Cie, Seuil, Paris
  • L. Argenteri, "Tina Modotti : Between Art and Revolution", Yale University Press, New Haven-Londres
  • M. Hooks, "Tina Modotti : amour, art et révolution", trad. B. Vierne, Anatolia, Paris
  • S. Stourdzé, P. Albers et K. Cordero Reiman,"Tina Modotti : la Renaissance mexicaine", catal. expos., Stockholm-Arles-Helsinki, trad. M. Habert, Jean-Michel Place, Paris
  • Sarah M. Lowe, "Tina Modotti and Edward Weston : the Mexico years", catal. expos., Merrell, Londres
  • Sarah M. Lowe, "Tina Modotti : une passion mexicaine", catal. expos., Instituto Cervantes, trad. É. Pommier, Union latine, Paris
  • Tina. Modotti, "Lettres à Edward Weston, 1922-1931", éd. par V. Agostinis, trad. B. Vierne, Anatolia
  • "Tina Modotti et Edward Weston, Mexican Years", introduction par Malin Barth, Throckmorton Fine Art, New York.
  • Tina Modotti, "Lettres à Edward Weston, 1922-1931", Anatolia
  • Sarah M. Lowe, "Tina Modotti, photographs", Abrams/Philadelphia Museum of Art
  • Maria Caronia et Vittorio Vidali, "Tina Modotti, photographs", Idea éditions
  • Margaret Hooks, "Tina Modotti, Amour, Art et Révolution", Anatolia
  • Riccardo Toffoleti, "Tina Modotti, une flamme pour l'eternité", Editions En Vue

Une vie solarisée (fin)


[1] Qui reste encore aujourd’hui un mystère, même si certains ont de profondes convictions. Diégo Rivera, en artiste de génie, avait anticipé le drame du couple dans la fresque « distribution des armes » de l’Arsenal à Mexico. Sur la droite, de profil, Tina en rouge (bien sûr) fait face à Mella coiffé d’un chapeau. Derrière, sombre et inquiétant, apparait Vidali, surveillant le couple. Pour accentuer le drame, on a l’impression que l’artiste lui fait même tenir une longue lame. On a souvent décrit cette partie du tableau « le triangle amoureux » en sachant à posteriori que Vidali allait devenir l’amant de Tina. Mais ce n’était le cas en 1928, au moment où Ribera réalisait cette fresque !

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[2] Meyer sera l’un des rares à lui conserver son amitié. Communiste et militant d’une architecture et d’un urbanisme marxistes, il émigrera en 1930 à Moscou où il la retrouvera. Correspondant en Suisse du « Taller de Grafico Popular », l’atelier des graveurs révolutionnaires mexicains, il sera appelé en 1939 par le gouvernement mexicain pour diriger l' Instituto del Urbanismo Planificación. En 1942, il deviendra directeur du Estampa Mexicana, la maison d'édition du « Taller de Grafico Popular . C’est chez Mayer, que Tina passera, agréablement, sa dernière soirée avant sa mort (5 et 6 Janvier 1942).

[3] Plus connue sous le nom de Matilde Landa, elle sera jetée en prison par les troupes franquistes. Refusant de se renier, elle sera condamnée à l’exécution capitale, avant de voir le verdict commué à 30 ans de prison. Elle fut transférée à la prison de Palma de Mallorca administrée par les sœurs de Santa Cruz et réputée comme étant la plus horrible. Famine, surpopulation et terreur étaient le quotidien des malheureuses incarcérées. Elle aide et soutient ses compagnes de geôles tout en organisant des actes de résistance. Les autorités annonceront en 1942 son suicide. Elle se serait jetée du haut de la galerie de la prison. On peut en douter.

[4] Un autre martyre des geôles franquistes, dont je recommande aux hispaniques la poignante interview dans ce reportage extraordinaire de Javi Larrauri (2010) sur les femmes républicaines

[5] Notamment Maria Teresa Leon, Julio Alvarez del Vayo, Rafael Alberti, Maria Martinez Sierra, Javier Bueno, Dolores Ibarruri, Ramon J. Sender, Luis Araquistain, Antonio Machado, Margarita Nelken, Isidoro Acevedo, Juan Ramón Jiménez, Matilde de la Torre, etc ....,

[6] Elle signait ses articles María ou Carmen Ruiz Sánchez, mais d’après Christiane Barckhausen-Canale, il est probable également que les notes en provenance d’Espagne signées Vera Martini que recevaient Moscou était de sa main.

[7]Le médecin britannique Reginald Saxton avait mis en pratique de son côté le recueil de sang sur les cadavres encore frais de soldats tués au combat. De là, le sang était stocké dans des véhicules et amené aussitôt sur les lieux de combats.

Saxon réalisant une transfusion sanguine près de Falset Bisbal (Catalogne) en Juillet 1938.

Saxon réalisant une transfusion sanguine près de Falset Bisbal (Catalogne) en Juillet 1938.

[8] Bravo, par son surréalisme mais aussi ses soucis de témoignage d’une rude réalité sociale et de conservation d’une culture mexicaine déclinante, a repris le flambeau qu’elle a abandonnné avec son exil européen. A noter, que d’ailleurs le Musée du Jeu de Paume de Paris lui consacre une exposition actuellement, jusqu’au 20 janvier 2013.

[9] Voir à ce propos l’article éclairant d’Edward Waintrop dans le journal Libération


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