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Salle 5 - vitrine 4 ² : les peintures du mastaba de metchetchi - 48. fragment e 25515 : les joueuses de harpe (une introduction)

Publié le 23 octobre 2012 par Rl1948

 

    En ce qui concerne le bon et le mauvais, ils ne manifestent non plus rien de positif dans les choses, du moins considérées en elles-mêmes, et ne sont que des modes de penser, c'est-à-dire des notions que nous formons parce que nous comparons les choses entre elles.

En effet, une seule et même chose peut être, dans le même temps, bonne et mauvaise, et aussi indifférente. Par exemple, la musique est bonne pour le mélancolique, mauvaise pour qui éprouve de la peine ; mais pour le sourd, elle n'est ni bonne ni mauvaise.

SPINOZA

Éthique, IV, Préface

dans Oeuvres complètes,

Paris, Gallimard, La Pléiade,

p. 489 de mon édition de 1954

   "Ayant fin juin épuisé le premier des deux grands axes thématiques du programme iconographique de la tombe de Metchetchi, celui consacré aux rites indispensables pour que son culte funéraire soit assuré, je pus envisager les "vacances" en vous laissant en compagnie de Sinouhé ...", vous précisais-je mardi dernier, amis visiteurs, à la fin de ma table des matières reprenant le passé de nos rendez-vous devant la collection de fragments peints exposée en cette vitrine 4 ² de la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre

     Est-il besoin d'ajouter que si, thématiquement parlant, la première partie de notre étude de ces morceaux de mouna provenant de son mastaba est arrivée à son terme en juin dernier, nous pouvons à présent partir à la découverte de la seconde ? Que j'avais par ailleurs rapidement définie, le 19 novembre 2011, en soulignant qu'il s'agissait des loisirs qui furent siens de son vivant et dont il souhaitait encore bénéficier dans son éternité.

   "Loisirs", uniquement ? ...

  

   Vous vous souvenez assurément que nous avons au printemps dernier concentré notre attention plusieurs semaines consécutives au fragment E 25515 de 45 centimètres de hauteur et 81 de longueur, accroché ici devant nous.

30. Fragment E 25515 (2009)

   Si aujourd'hui je m'y attarde à nouveau, vous vous doutez évidemment que ce n'est plus pour évoquer les scènes de la naissance du veau et de la traite de la vache qui se déploient au registre inférieur, ni celle de l'ablation de la patte antérieure et son apport pour le repas funéraire de Metchetchi à droite du registre supérieur.

   Pour l'heure, je vous ai fixé ce rendez-vous afin d'aborder un thème qui, derechef, nous invitera vers d'intéressants nouveaux horizons : il s'agit de la scène peinte au-dessus, à gauche.

   Malgré l'état du fragment pour le moins discutable, auquel vient malheureusement s'ajouter la piètre qualité de mon cliché ci-après, ce qui, convenez-en, n'autorise pas vraiment une belle lecture, il ne doit se présenter aucune difficulté pour que vous distinguiez trois jeunes femmes assises, jouant de la harpe.

Joueuses-de-harpe.-Fragment-E-25515-(2009)-.JPG
   

   Il est interdit de frapper du tambour et de jouer de la harpe ou du hautbois ..., peut-on lire dans le "Décret divin" de l'Abaton gravé à Philae, au niveau du mur intérieur nord du portique du temple qu'y fit ériger l'empereur romain Hadrien ; texte dont, pour une tout autre finalité, je vous avais déjà engagé à découvrir quelques extraits le 5 juin dernier, souvenez-vous, quand nous avions évoqué le lait consacré aux libations destinées aux dieux ; à Philae en l'occurrence : à Osiris.

   Nonobstant que, comme je viens de le préciser, elle fasse à certains moments l'objet d'une proscription dans le culte divin sur l'île de Biggeh, ainsi que dans d'autres sanctuaires où avait été conservée l'une quelconque relique censée avoir appartenu à Osiris, - ce dieu qui abomine tout bruit, peut-on lire dans un des Textes des Sarcophages ou encore, tout aussi révélatrice, cette épithète qui lui est parfois associée : Seigneur du silence, - la harpe fut, tout comme le sistre d'ailleurs, l'instrument de musique qui connut, et cela dès l'Ancien Empire, une faveur insigne auprès des Égyptiens. 

   Il faut évidemment souligner que, de tous les instruments à cordes figurés sur les reliefs ou les peintures actuellement mis au jour - je pense essentiellement au luth et à la lyre - ; de tous ceux que l'on peut admirer dans les musées et, notamment ici même un peu plus loin au rez-de-chaussée, en la salle 10, elle fut la seule à connaître une origine autochtone, tous les autres ayant été importés d'Asie à des époques plus récentes. De sorte que, pour l'Ancien Empire, elle constitue l'unique exemple de cordophone - comme aiment à l'appeler les spécialistes - présent dans un ensemble musical.

     Il me faut enfin préciser - et ceci corrobore aussi cela - que la musique en général revêtit une très grande importance dans les strates aisées de la société égyptienne d'alors.

  

   Mais qu'entend-on véritablement par musique à l'époque pharaonique ?

Dans quelles circonstances était-elle pratiquée ?

Pour qui ? Par qui ?

Avec quels types d'instruments ?

   Quant à ces trois musiciennes assez effacées - au propre comme au figuré -  qui fort discrètement nous ont accompagnés ce matin, qui étaient-elles réellement ?

     A toutes ces questions, et à d'autres probablement qui surgiraient tout au long de nos rencontres, je me propose d'apporter une réponse à mon retour au pays, dès le premier mardi après les vacances de Toussaint, le 6 novembre donc, ici, devant la vitrine 4 ² de la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre.

   Avant de vous quitter, pour que vos jours à venir soient ensoleillés de poésie à chaque coin de rues, permettez-moi de vous offrir "Cinq notes" : cette portée-là ne pourra que vous séduire. Et si l'envie vous en prend, ne vous en contentez pas : partez à la découverte d'autres aussi beaux coups de coeur avec Carole

     A bientôt.

   Excellent congé à tous.

   Richard

(Emerit : 2002, 189-210 ; EAD. 2005 : 3-16 ; Loret : 1913, 23-30)


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