23 octobre Et ouvre un large bec... Manuel était le roi de la blague et ses bavardages n'étaient en fait qu'une rafale d'histoires drôles. Quatre semaines s'étaient écoulées depuis le massacre d'Adèle, et Ugo n'avait pas ri une seule fois. Il avait perdu le goût de rire. Manuel pourtant, sortait le grand jeu et des blagues françaises - les blagues belges des espagnols - aux histoires de cul, plus fumeuses les unes que les autres, il se donnait un mal fou. Pas un éclat de rire pas même un sourire au point que Sergio se retenait et pouffait en silence. En fait, le plus triste était Manuel, car il avait adoré ce couple charmant et dépareillé, s'était régalé de ses engueulades diurnes et de ses cris de pleine lune, il était amoureux par procuration. C'est dire si les blagues qu'il se forçait à débiter lui arrachaient le cœur. Les clients n'avaient plus de fesses rebondies à claquer et peu à peu désertaient l'estaminet. Ils ne se posaient pas trop de questions sur la disparition de la petite, une gamine de vingt ans, ça va ça vient, d'autant qu'en leur présence rien ne laissait présager du manège des tourtereaux. C'en était au point que, entre la déprime d'Ugo et la désertion des clients, Sergio se demandait s'il n'allait pas baisser le rideau. C'était encore Manuel qui sauvait le frêle esquif du naufrage, se multipliant aux cuisines et à la salle, arrosant aux moments de creux ses deux compères, allait même jusqu'à organiser des concours de belote à trois en souvenir d'Adèle. Mais au fond de lui, il sentait bien que cela ne durerait pas la vie des geais, et qu'il allait falloir changer de cap. Peut-être s'orienter sur une enquête pour traquer les méchants. Il suggéra à Sergio épuisé de breaker une semaine et de repartir au combat comme au bon vieux temps. A ces mots Sergio ne se sent plus de joie et ouvre un large bec... A suivre... demain !
Tweeter
Suivre @blackoutedition
© Black-out