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Le trio de Sylvain Cathala de passage à l'Improviste

Publié le 24 octobre 2012 par Assurbanipal

Sylvain Cathala Trio

Paris. Péniche l’Improviste.

Samedi 20 octobre 2012 .21h

Sylvain Cathala : saxophone ténor, compositions

Sarah Murcia : contrebasse

Christophe Lavergne : batterie

Sarah Murcia

La photographie de Sarah Murcia est l'oeuvre du Vertigineux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible da sanctions civiles et pénales.

21h c’est l’heure officielle. En fait, le concert a commencé à 21h30 par «  Moonless ». Gros son de contrebasse amplifiée. Le batteur tapote de façon saccadée. Beau son plein du ténor. Ca sonne moins coulant que le trio de Lenny Popkin. Logique, c’est une autre esthétique. C’est abrupt, stimulant, plutôt réservé à un public de connaisseurs. Ils lisent la partition avec attention mais ça joue. Vu la taille de la salle, aménagée dans une péniche et fort confortable pour le public, je ne saisis pas l’intérêt de mettre des micros sur la scène. Pour la contrebasse, à la limite pour la batterie et le saxophone ténor, franchement… A moins que ce ne soit enregistré. Strawl du sax. Dialogue contrebasse/batterie aux balais. De bonnes vibrations circulent. Le contraste entre la carrure de Sarah Murcia et la puissance de son jeu de contrebasse est toujours saisissant. Jolie fin surprise.

Un morceau sans titre pour l’instant. Ca démarre entre sax et contrebasse. Les notes du sax glissent sur celles bondissantes de la contrebasse. Ce trio aime les rythmes hachés, saccadés. Un peu de liant ne ferait pas de mal. C’est l’école de Steve Coleman. Le batteur a l’air de résoudre un problème d’arithmétique lorsqu’il joue.

Le trio démarre en bloc et à bloc. Le Coltrane d’après 1965 continue de faire des ravages en 2012. Heureusement, ils baissent le volume sonore pour produire une musique plus puissante, plus intéressante. C’est plus structuré, coordonné, soudé.

Je n’ai pas saisi le titre du morceau. Une sorte de ballade. Pas moelleuse tout de même. Ils aiment l’abrupt. Gros son souple et bondissant de la contrebasse. Le batteur ponctue avec ses rythmiques bizarres que mes faibles connaissances arithmétiques ne me permettent pas de compter. Sarah travaille le son. Les notes s’allongent, s’étirent. Christophe lui répond avec les vibrations des cymbales. L’espace se dilate. Ca, c’est beau. Le batteur est aux baguettes et tapote légèrement, souplement. Le sax ténor se fait velouté avec une pointe d’acidité. Délicieux. 

« Constantine », souvenir d’un concert en Algérie je suppose. Ce n’est ni du Raï ni du Chaabi. Le trio attaque brutalement. Ah si, l’influence orientale arrive avec le son du ténor comme un appel du muezzin et de la batterie jouée à mains nues. Bonne vibration impulsée par la contrebasse, fouettée par la batterie, ventilée par le sax ténor. Le batteur a pris une puis deux baguettes. Groove oriental très spécial mais bien agréable, stimulant.

PAUSE

Une sorte de marche militaire décalée pour commencer. Ce n’est pas la « Blues March » d’Art Blakey tout de même. Encore un beau dialogue contrebasse/batterie où la batterie mène la danse. Le sax revient. Ca balance bien. Grosse vague de la rythmique. Son majestueux du ténor. C’était « Entremêlée ». 

Je n’ai pas saisi le titre du morceau. Une sorte de ballade décalée. Musique élastique qui s’étire, revient. La pulsation de la contrebasse résonne dans le ventre.

Intro en solo de contrebasse. Ca sonne oriental mais à sa façon. Ca vibre en haut du manche. Elle travaille la contrebasse au corps. Le batteur enchaîne aux balais. Le sax ténor arrive velouté, brumeux. Personne n’applaudit ce superbe solo. Le public est concentré. Le duo batteur aux balais/contrebassiste tripote bien. Bonne vibration, bonne vibration, oui. Un instant, j’ai entendu de l’oud à la place de la contrebasse. La classe. Joli solo tintinnabulant de batterie sur les cymbales puis le trio repart. Un break de batterie basé sur les tambours et ça repart. C’était « Black Dance ».

« Cinquième ballade ». Je progresse puisque je comprends les titres des morceaux. Sarah Murica joue maintenant à l’archet. Le batteur est aux maillets. Ca grince, ça gronde. Nous sommes dans un château écossais hanté par une nuit de brume glacée. Dans un film d’épouvante, ce serait parfait. Genre psychologique, pas sanglant. Le sax ténor vient se joindre à la célébration du mystère. La procession des elfes serpente dans la lande. Avec un son de tambour qui n’est pas guerrier.

Encore un titre que je n’ai pas compris. Pourtant, je suis au premier rang, à 1m de la scène. Christophe a ajouté des éléments de percussions. Solo de batterie pour introduire. Ca tinte, sonne, s’arrête, repart. Sarah vient ajouter quelques vibrations de contrebasse avec une baguette sur les cordes. C’est ludique. Ca bataille ferme entre contrebasse et batterie. Personne ne lâche l’affaire. Sarah est repartie à mains nues. Ca vibre, bondit. Le sax ténor vient se mêler à la sarabande. Batteur et sax se déchaînent alors que la contrebasse pose les bases, tranquille.

Parfois fatiguant, souvent stimulant, le trio de Sylvain Cathala ne m'a pas laissé indifférent même s'il ne m'a pas fait oublier celui de Sonny Rollins. Ce qui transpire de cette musique, c'est qu'elle est généreuse et audacieuse. Ca, ça fait du bien à l'auditeur.

Voici " Black Dance " par le trio de Sylvain Cathala lors d'un précédent concert. Bonne découverte, lectrices artistes, lecteurs danseurs.



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