Créé en 2001, Charity Navigator est devenu la référence dans l’évaluation des œuvres caritatives américaines. Son succès repose sur sa simplicité.
Le Navigator analyse les documents émis par les ONG et les Fondations auprès des autorités fiscales (IRS) ou utilise des questionnaires. Ainsi les donateurs disposent d’un maximum d’éléments avant de soutenir une cause.
Le site attire 3,3 millions de visiteurs uniques. Il aurait généré un volume global de dons de 10 milliards de dollars, soit 20 fois plus qu’en 2003.
Le système de notation se veut sans biais. Actuellement, plus de 5.700 organisations sont passées régulièrement au crible. Figurent dans son radar les organisations de type 501(c)(3), qui remplissent le formulaire Form 990s. Ce qui exclue les associations plus modestes (Form 990-EZ) ou à caractère religieux (comme pour le Comité de la Charte).
Ses recherches portent notamment sur la santé financière de ces organisations et sur leur transparence (accountability and transparency). Certains aspects délicats sont aussi étudiés, comme l’existence d’éventuels conflits d’intérêt et la Whistleblower’s policy (procédure protégeant les lanceurs d’alerte au sein des organisations). Ce dispositif va être étendu prochainement à l’évaluation du reporting de leur impact. L’intérêt de la démarche est de faire monter progressivement en gamme le secteur associatif américain vers une meilleure gestion et une bonne gouvernance. A la fois arbitre et bon samaritain, le Charity Navigator contribue à faire bouger les lignes.
Un dispositif plébiscité
Ce rater online a remporté de nombreux prix, comme celui du Kiplinger's Financial Magazine ("One of the Best Services to Make Life Easier»).
L’influence du Charity Navigator est en outre renforcée par des partenariats média, comme celui de CNN. De même avec Foundation Source, qui fournit des données aux Fondations.
Le Navigator collabore également avec GreatNonprofits. Créé en 2007, ce dernier diffuse des jugements émis par les Internautes, qui relatent leurs expériences personnelles avec les ONG. GreatNonprofits fonctionne comme d’autres sites participatifs comme Epinions, Zagats, ou encore TripAdvisor. Les personnes qui y témoignent sont des volontaires, des donateurs ou encore des bénéficiaires. 1,2 million d’associations américaines y sont recensées. Le site aurait entre 1 et 2,3 millions de visiteurs uniques par jour.
Base de la confiance, Charity Navigator n’accepte pas d’argent des organismes qu’il note.
Charity Navigator est lui-même un non-profit 501, qui vit des donations des particuliers, des entreprises ou des Fondations. Lors de sa création, la charity rater était financé exclusivement par 2 philanthropes de New York, John and Marion Dugan. John P. Dugan a été reconnu par Ethisphere en 2010 comme faisant partie des «100 Most Influential People in Business Ethics». Il était auparavant fondateur et Chairman de PDI, Inc., une entreprise qui fournit des services dans le domaine des laboratoires pharmaceutiques avant de prendre sa retraite en avril 2010.
Le photographe Américain John Barett Reed, qui a lance la plateforme solidaire Nuru , qui a pour vocation à financer le travail des photoreporters, mais aussi à soutenir certaines causes. Il utilise le Charity Navigator pour sélectionner les bénéficiaires jugés comme très efficaces comme Kiva, Acumen Found ou Malaria no more. Comme il le confiait au journal suisse Le Temps le 8 octobre dernier
C’est extrêmement compliqué pour nous de savoir comment l’argent doit être utilisé, sur quoi mettre l’accent et qui aider en priorité. Nous sommes des experts en reportage et non en gestion humanitaire, dès lors nous nous reposons sur nos partenaires existants et sur des services comme Charity Navigator.
Une ambition croissante
Le budget actuel du Navigator dépasse 1 M$. Il devrait doubler dans les prochaines années en visant 9 millions de donateurs en 2015.
10.000 associations et charities américaines devraient être prochainement évaluées.
La notation finale est simple à comprendre, comprise entre 0 et 4 étoiles. Elle résulte du cumul d’une batterie de critères évalués chacun une échelle de 1 à 10, concernant la bonne santé financière et la gouvernance/transparence. Les données chiffrées sont comparées à d’autres associations du même domaine pour plus de cohérence. Les ONG les mieux notées en font part en général sur la première page de leurs sites internet, avec possibilité de lire le rapport d’un clic et de faire un don.
Les dérives du fundraising dans le collimateur La collecte de fonds est parfois pratiquée par des voyous. Les frais pris par certaines agences spécialisées sont si élevés, qu’il ne reste dans certains cas que la portion congrue à l’ONG. Comme le montre cette vidéo du Better Business Bureau, un concurrent du Navigator.
Le dispositif mis en place par Charity Navigator semble bien répondre à de véritables besoins. Néanmoins, il est sans doute encore perfectible :
- Pour Ms. McCurdy, International Partner dans le cabinet d’avocats Locke Lord Bissell and Liddell LLP, il ne prend pas en compte la diversité dans son rating. De plus, il ne compte qu’une femme à son board sur 10 personnes, même si son advisory panel comprend 6 femmes sur 26 membres.
- La trésorerie (Working Capital Ratio) des ONG est analysée comme un facteur de stabilité, la meilleure note étant systématiquement attribuée à partir de 250 M$. Néanmoins, le Navigator ne semble pas regarder dans le détail la qualité et la diversification de ces actifs.
- Tant que les impacts des ONG sur le terrain ne seront pas pris en compte, les indicateurs de santé financière risquent d’être surestimés dans la note totale. Le ratio frais de siège/ fonds levés notamment souvent considéré à tort comme le meilleur indicateur de la performance d’une ONG.
The lessons of Madoff have not been learned. The overwhelming majority of boards do not take their responsibilities seriously and many operate like social clubs. Investments are not managed as thoughtfully as they should be—very conservatively and with great care. If the board is asleep at the switch with respect to investments, trust me, they are not minding the store in other areas. Especially in the current economic environment with less government support for charitable causes, squandering precious charitable dollars is unforgivable and is, unfortunately, leading to donor fatigue.
Effet pervers du système
Certaines ONG manipulent le montant des dons en nature (in-kind). Notamment la valeur ou l’estimation du prix des médicaments reçus (et parfois même achetés), pour améliorer le ratio dépenses dans des programmes/budget total. Certains transferts de dons ressemblerait à de la cavalerie, un même don circulant entre plusieurs charities.
L’association de consommateur Call 12 for Action a mis en avant certains travers de Food for the Hungry et la Breast Cancer Society. Comme le souligne The Republic | azcentral.com dans son post “ Call 12: Two Arizona charities face scrutiny”
The amount of donations made by charities is critical to their bottom line. The more a charity claims that it gives, the more it can spend on salaries and other expenses, such as travel and conferences, without raising red flags among groups that rate non-profits based on administrative-expense ratios.C’est ainsi que l’association Islamic Relief USA se serait hissée dans le club des 200 plus grosses charities.
Pourtant, le Charity Navigator serait plutôt moins exigeant que les médias français sur le niveau des frais administratifs, sauf dans le cas des banques alimentaires, qui auraient des structures plus légères et qui auraient moins besoin de manipuler du cash.
Selon ses statistiques, 7 charities sur 10 dépensent ainsi moins de 25% de leur budget en frais administratifs, et même 9 sur 10 moins de 35%, les plus dépensiers étant les musées.
Le Navigator dans l’actualité
Le rating 4 étoiles de la Lance Armstrong Foundation considérée comme bien gérée.
Et Invisible Children. Cette association ne s’est vue accorder que 2 étoiles en Accountability & Transparency, car elle ne fait appel à moins de 5 administrateurs indépendants, soit moins de la majorité du Board.
Encore récemment, The Andre Agassi Foundation for Education, créée en 1994, a été mal notée par le Navigator en raison du coût de la collecte et d’un manque relatif de transparence. Pour le champion, le programme éducatif de la Fondation ne sera jamais bien noté par Charity Navigator, car ce dernier est incapable de juger son originalité. Elle devrait selon lui être appréciée selon d’autres méthodes.
La célébrité permettrait-elle d’échapper à la redevabilité ? Selon la presse, les anciens sportifs les plus populaires des Etats-Unis arrivent mieux que les autres à capter les fonds publics.
Pour aller plus loin
Charity Navigator, America's largest independent charity evaluator
http://www.charitynavigator.org/
La Mie de Pain/ Comité de la Charte 4.12.2010
http://ong-entreprise.blogspot.fr/2010/12/la-mie-de-pain-est-le-64eme-association.htmlRevue Capital; Décembre2010
http://ong-entreprise.blogspot.fr/2010/12/capital-fait-la-pluie-et-le-beau-temps.htmlGlobal Impact soigne son apparence.
Mars 2010http://ong-entreprise.blogspot.fr/2010/03/long-global-impact-se-fait-belle-pour.html
Breast cancer charity accused of fraud. Juillet 2011 http://www.newsnet5.com/dpp/money/consumer/dont_waste_your_money/breast-cancer-charity-accused-of-fraud-wcpo
Forbes. 21/06/2012 Charities No Better At Investing Since Madoff http://www.forbes.com/sites/edwardsiedle/2012/06/21/charities-no-better-at-investing-since-madoff/
The Pittsburgh Tribune-Review. 7/10/2012
Athletes seem to have an advantage when competing for tax dollars. http://www.menafn.com/menafn/e111b58c-9aea-4629-b476-817344f34961/Athletes-seem-to-have-an-advantage-when-competing-for-tax-dollars?src=main
TribLive. 17/10/2012
Agassi doesn’t discuss getting tax money
http://triblive.com/news/allegheny/2780054-74/agassi-charity-foundation-money-charter-million-navigator-star-john-andre#axzz2AEDALFo0