Magazine Culture

Bill Withers - "Live At Canergie Hall" 1973 Sussex

Publié le 25 octobre 2012 par Audiocity

      

Presque 40 ans jour pour jour nous séparent de ce concert mémorable enregistré le 6 octobre 1972 au Carnegie Hall de New York, et si la preuve devait encore être portée sur la qualité de la prestation de Bill Withers et de son groupe ce soir-là, les avocats de la défense n'auraient pas de difficultés à convaincre les auditeurs. Considéré à juste titre comme l'un des meilleurs concerts de musique soul jamais gravé, ce disque a, il est vrai, tout pour plaire. Découvert depuis peu de temps grâce au somptueux "Ain't No Sunshine", un premier succès au retentissement international immédiat datant de 1971 auquel Bill Withers lui-même ne s'attendait pas, ce live comporte les meilleurs morceaux extraits de ses 2 premiers albums parus chez Sussex Records en 1971 et 1972, "Just As I Am" et "Still Bill". Qu'importe la renommée et la reconnaissance médiatique qui s'en suivront, car cet artiste atypique et discret ne les recherche pas, pas plus qu'il ne les souhaite. Pour lui, seul compte le plaisir d'écrire des chansons en relation avec son temps. Fils d'une fraterie de 13 marmots, son  père meurt lorsqu'il a 13 ans, laissant à sa mère l'obligation d'élever seule la famille nombreuse endeuillée. A 17 ans il s'engage pour la Navy où il passera les 9 prochaines années, essentiellement en Orient. C'est lorsqu'il est encore soldat, durant ses moments de détente, qu'il écrira son futur hit "Ain't No Sunshine". Ce n'est donc pas un hasard si la plupart des thèmes abordés dans la carrière du chanteur sont sombres et parlent autant de l'infidélité, de la prostitution, du suicide, ou du milieu social dans lequel il a grandi, que de l'amour, du Tout Puissant, ou du profond respect envers sa "grandma" ("Grandma's Hands"). « Parce que la vie n'a rien de rose. C'est une combinaison cynique de patience et d'impatience, de paix, mais aussi de violence ».
Accompagné de la crème des musiciens de l'époque, Bill Withers est de la trempe d'un Ottis Reading ou d'un Sam Cook, rebelle dans l'âme et authentique dans ses propos, avec un sens du groove inné, une justesse à le faire vivre avec facilité et décontraction, et un jeu de guitare folk singulier, rarement employé par les autres groupes de soul américaine, ce qui le catalogue à la marge du genre mais permet de le différencier sans problème. Le claviériste et producteur Booker T. Jones ne s'y est d'ailleurs pas trompé lorsque Sussex lui a remis la maquette du jeune chanteur entre les mains; très vite il décide de produire un album avec lui. Mais pour l'heure Bill continue de travailler quotidiennement à l'usine Ford du coin, et le soir de chanter dans les clubs de Los Angeles, persuadé de ne pas trouver preneur pour ses chansons. Finalement, sans s'y attendre mais ravi de la situation, c'est donc à 33 ans et en compagnie des membres de Booker T & The MG's qu'il débute sa carrière avec l'enregistrement de "Just As I Am", disque majeur de l'année 1971, et comme l'avait déjà souligné Thierry sur son blog, disque majeur tout court ("Ain't No Sunshine" remporte le Grammy de la meilleure chanson R&B de l'année). La suite sera toutefois moins réjouissante, surtout une fois signé son contrat chez Columbia en 1975 avec qui il s'engage pour plusieurs albums moins réussis que du temps de chez Sussex. Finalement les années 80 auront raison de cet artiste que le public a fini par oublier doucement. Mais pour en revenir à ce très bon disque, aucun problème d'aucune sorte, vous pouvez y aller les yeux fermés. Seuls quelques arrangements de cuivres et de cordes ont été rajoutés en "overdub". Une sélection a été faite des titres à diffuser sur la galette (77 minutes tout de même), mais pour le reste, tout est authentique. L'histoire raconte qu'en ce soir d'octobre 1972 une légère pluie tombe au-dehors. A l'intérieur la salle est comble, pleine d'un public qui sort conquis et enthousiasmé par le spectacle auquel il vient d'assister autant que par la formidable prestation du groupe. 40 ans plus tard ce disque, tout comme ces chansons, n'ont pas pris une ride et sont encore, pour beaucoup, parmi les plus beaux moments de la musique moderne. Amazon iTunes

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Audiocity 526 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines