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[Critique Bluray] Le Quai des brumes

Par Gicquel

[Critique Bluray] Le Quai des brumes

Un déserteur, Jean arrive au Havre dans l’espoir de quitter la France. En attendant , il trouve refuge dans une baraque autour de laquelle gravitent plusieurs marginaux. Il y fait la rencontre de Nelly, une belle et mystérieuse jeune femme, qui vit dans la terreur de son tuteur, Jean se mêle à ses affaires et met les pieds dans un engrenage périlleux…

[Critique Bluray] Le Quai des brumes
"Le Quai des brumes [Blu-ray]" de Marcel Carne

Avec : Jean Gabin, Michel Simon, Michelle Morgan

Sortie le 23 octobre /201

Distribué par StudioCanal

Durée : 92 minutes

Nombre de : 1

Film classé : Tous publics

Le film :

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Les bonus :

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« T’as de beaux yeux, tu sais ». La réplique, célèbre, a fondu le film dans l’or du cinéma français. L’œuvre est devenue indestructible, et respectueusement,  je n’en gâcherais que le vernis. Pour conserver le souvenir d’un film fortement marqué par les décors de Trauner, sur lesquels Marcel Carné posera des scènes d’atmosphère.
Atmosphère, atmosphère… Le réalisateur signe alors l’une des œuvres majeures du réalisme poétique au cinéma.
 Le noir et blanc de l’époque n’est pas très fameux, mais la grisaille portuaire s’en accommode pour dessiner des ombres furtives et des âmes en peine. Un artiste à la dérive, un poivrot, des gangsters de pacotille, et cette jeune fille bien mystérieuse, apeurée, fuyante.

C’est la rencontre d’un célèbre couple du cinéma français, Morgan-Gabin qui donnera aussi à ce film, ses lettres de noblesse.
Elle joue bien, très bien même, alors que le maître me paraît ici en dessous de sa réputation. Il s’en contente, probablement, et suit une direction d’acteurs plutôt raplapla. L’heure est au réalisme, à la déprime, à l’abandon.
C’est le fond du problème que les dialogues de Prévert tournent et retournent avec une délectation appuyée sur les lèvres des protagonistes. A la conscience sociale se mêle une romance de fleur de pavé. On y parle d’amitié, et de solidarité : la scène dans le bouge de Panama aurait pu inspirer Brassens. Mais « L’Auvergnat » n’était pas encore né…

LES SUPPLEMENTS

  • « Sur les quais » (44 mn)

Beaucoup d’intervenants (Jean-Pierre Jeunet, Claude Lelouch, Michèle Morgan… par téléphone) pour nous raconter l’histoire extraordinaire d’un film qui devait d’abord être tourné à Berlin dans les studios de la UFA. Quand les autorités allemandes découvrent l’attachement de Carné au Front populaire, ils mettent leur veto. La firme, contrôlée à l’époque par Goebbels, juge par ailleurs le projet trop « décadent ».
« Le Quai des brumes » est finalement tourné au Havre et en studio. Le scénario est contrôlé par l’armée avant le tournage et le film est ensuite coupé par le producteur, Grégor Rabinovitch, qui demande à Marcel Carné d’enlever tout ce qui est « sale ». La mise en scène d’un soldat déserteur dans une ville sombre est particulièrement mal vue en ces temps de pré-guerre.

[Critique Bluray] Le Quai des brumes

Le film qui sort en 1938 et qui est très bien accueilli par le public connaît les foudres des gouvernants de l’époque qui souhaitent insuffler une dose d’optimiste plus éclatante que celle que le film procure. Et à la déclaration de guerre, en septembre 1939, il est interdit des écrans car jugé « immoral, déprimant et fâcheux pour la jeunesse ». Deux ans plus tard, il reviendra sur les écrans.

  • La restauration (35 mn)

La directrice des collections Film de la Cinémathèque française, Camille Blot-Wellens raconte par le détail tout le travail qui a été engagé pour remettre d’aplomb une pellicule bien mal en point. Ca pourrait paraître assez technique, mais des illustrations des propos viennent éclairer les néophytes que nous sommes, et personnellement j’ai trouvé ça très passionnant.
Je vous donne un exemple : pour retrouver la version la plus fidèle possible au souhait de Carné, il a fallu effectuer un long travail de comparaison entre les différents éléments conservés par Studiocanal (négatifs image et son nitrate, lavande nitrate et copie nitrate) et par la Cinémathèque française (copie nitrate qui n’a pu être datée mais qui pourrait correspondre à la ressortie du film en 1941).
 Le négatif image nitrate était très abîmé : rayé, avec des perforations très endommagées et de nombreuses collures nécessitant d’être renforcées. Réparé, il en sera fait un autre tirage de préservation, appelé le marron. Après une comparaison plan par plan du négatif avec le marron de 1938, les parties manquantes dans le négatif ont été scannées du marron 1938 afin d’être réintégrées dans le nouveau montage.

En bref

Le film

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Encore un grand classique qui me passe au-dessus. Il me semble désormais appartenir aux indéboulonnables du septième art, page d’histoire indispensable pour mieux édifier les cinéphiles et autres amateurs de cette époque qui vit naître au cinéma le réalisme poétique.

Les bonus

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On apprend beaucoup dans ses bonus sur l’histoire d’un film qui ne fut pas simple à réaliser, puis à distribuer. Et sa restauration est du même tonneau : c’est à voir et à entendre.


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