Il y a trop de bruit, tout le monde parle en même temps, je ne m'entends plus. Ce matin, je n'ai pas envie de descendre dans l'arène, confie le gladiateur à son maître. Je suis fatigué de cette confrontation permanente avec les autres. Je voudrais rester seul dans mon coin.
Convaincu de la vanité de toutes choses. Convaincu que je serai vaincu de toute façon. Convaincu que mes vingt ans sont loin, très loin.
Les mots ne me rassurent plus, ils enfoncent des clous dans ma peau, ils me coûtent de plus en plus cher. Les mots suivent la courbe des prix, mais ils ne rentrent pas dans le calcul de l'index. Parfois, je me réveille avec la sensation que tout va bien. Ça ne dure que quelques instants. Le choc est brutal. Comme passer d'une douche chaude à une eau très froide.
Je ne fais plus la différence entre dormir et être debout. Je suis constamment en mode veille. À l'affût de tout ce qui peut m'empêcher de respirer. L'agitation qui m'obnubile me semble dénuée de propos. Je traîne mon bagage des temps anciens. Je suis saisi d'un vertige déstabilisant, d'un noeud au coeur. Inutile d'aller voir le docteur. Le docteur ne peut plus m'aider. Il est aussi impuissant qu'une feuille d'arbre en automne. Il faut tirer seul ma charrette.