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Tosca a bastille

Publié le 26 octobre 2012 par Popov

TOSCA A BASTILLE

Elle est un peu isolée Martina Serafin, la Tosca (deux fois diva) qui arpente l’immense plateau de Bastille. Le livret de Victorien Sardou  situe l’histoire à San Andrea delle Valle mais ce pourrait être   tout aussi bien San Clemente ou Santa Maria in Domenica. Une vieille croûte tagguée à la va –vite  a été plantée sur un praticable devant lequel évolue un Mario en léger surpoids sur fond noir d’où surgit un conspirateur (le noir sera toujours la couleur des comploteurs).

Pour cette reprise  de la mise en scène  du cinéaste  allemand Werner Schroeter (aujourd’hui décédé) sous le règne de l’Empereur Hugues Gall, nous sommes dans la ville éternelle où le Palais Farnèse ressemble à  un bureau de l’ex-Stasi et il Castello San Angelo à une piscine municipale avec plongeoire de dix mètres surplombant le Tibre. Le décor pourrait resservir presque intact  pour une Manon de Coline Serreau ou quelque bizarrerie sanitaire avant-gardiste. 

A force d’user de métonymies, l’imagination du spectateur travaille comme dans un rêve où condensations et déplacements disjoncteraient en permanence. Difficile donc pour  Martina Serafin, la Tosca du moment,  belle et grande voix assurément d’être tout à fait à l’aise dans ce décor de « parties pour le tout » aux côtés d’un Mario (Marco Berti) un peu pâlot même si on l’entend de loin et que sa voix toujours le précède. 

En matière de ténor « ténorisant » - je veux dire dans le genre belcantiste-  on a entendu mieux. Idem côté baryton où dans le rôle de Scarpia (Serguei Murzaev) semble confit en perversion et peine à trouver ses marques d’infamie pour interpréter l’ignoble « satyre bigot ». En dépit de cela, l’orchestre sous la direction d’un chef tendu comme un câble (Paolo Carignani) mais qui sait donner l’allure orchestrale (un rythme quasi cinématographique)  et nécessaire à cette œuvre à la deuxième partie  au chromatisme magnifique réconforte l’amateur d’un compositeur étonnamment moderne et qui sut en son temps  séduire les oreilles les plus avisées de Schoenberg ou même d’Anton Webern, grand amateur de « fiancée de l’Ouest ».


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