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Reality de Matteo Garrone

Par Catherine93

Fellini. Voilà à quel cinéaste nous pensons dès les premières images du film. Les couleurs sont outrancières, à l'image des personnages bien en chair, piailleurs, buveurs et voraces. Bienvenue à Naples, chez ce petit peuple qui vit ou survit dans des immeubles en ruine qui ont perdu depuis longtemps leur lustre d'antan. Les murs s'effritent, l'humidité s'infiltre de partout.

Premières images: une calèche amène ses passagers vers une destination inconnue. Premières images déconcertantes, kitchissimes aussi. Le ton est donné. Le couple de mariés arrive à bon port: un grand complexe hôtelier où des mariages sont célébrés, tous plus exubérants les uns que les autres. Luciano, notre héros, se déguise en drag-queen et pousse la chansonnette. Paillettes et strass, comme à l'époque carnavalesque de Berlusconi.

Premières images saisissantes d'une misère qui affleure. La fête finie, chacun rentre chez soi. Les masques tombent et révèlent des visages abîmés, fatigués. Travelling qui montre les vêtements tomber, les corps vieillis, enrobés se mouvoir dans des cuisines humides, dans des chambres au papier déteint. J'ai trouvé ce moment du film superbe.

Luciano est un poissonnier hâbleur, volontiers magouilleur: il faut bien faire vivre toute la petite famille. Ses deux filles le poussent à faire un casting pour l'émission de télé-réalité Grande Fratello. Il n'y croit pas mais finalement réussit la sélection. Il attend désormais qu'on l'appelle pour y participer. Et Luciano change. On découvre un homme dur et égoïste, obsédé par cette émission. En même temps s'installe la paranoïa. Luciano se croit observé, épié. Sa dureté à l'égard d'un mendiant le taraude jusqu'à la folie. Il finit par donner tout ce qu'il a aux pauvres au grand désespoir de sa femme et de sa famille. Il tente de vivre selon les souhaits imaginaires des gens de la télévision.

Voilà où pousse ce désir fou de notoriété de pacotille. Rien de neuf dans ce sujet. On sait tout cela. Reality oscille entre le rire et les larmes et s'inscrit dans la tradition des comédies populaires italiennes.


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