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Crimes à Oxford – Mathématiques, philosophie et Arabesques.

Par Bebealien

Le cinéma espagnol est en forme en ce moment (contrairement au cinéma français). Entre remakes américains, exportation des réalisateurs et petites bombes sorties à intervalles réguliers, la nouvelle vague espagnole s’installe et prouve qu’avec de bonnes idées, on fait de bons films. En attendant Rec qui sort à la fin du mois et sur lequel je reviendrai plus en détail lors de sa sortie, focus sur le nouveau rejeton de Alex de la Iglesia (Le Crime Farpait, 800 balles, Action Mutante).

Crimes à Oxford – Enquête soooo british

Martin, étudiant américain, vient à Oxford pour sa thèse qu’il rêve de voir dirigée par Arthur Seldom, sommité en mathématiques. Hébergé par une vieille femme ayant travaillé sur le décryptage de la machine Enigma (utilisée par les nazis pendant la guerre), Martin la retrouve morte un beau matin, apparemment assassinée. Avec l’aide de Seldom il va partir sur les traces d’un tueur bien étrange, utilisant logique, symboles et meurtres qui n’en sont quasiment pas….

Acteurs britanniques (sauf Elijah Wood), énigmes, décor d’Oxford… l’affiche pose bien l’ambiance

Autant le dire tout de suite, le rythme, le style et le suspens de Crimes à Oxford renvoie immédiatement à Arabesque (pourtant série américaine et non anglaise) où Angela Langsbury poursuivait vieilles dames tueuses à l’arsenic et meurtriers raffinés. Flegme britannique, décors grandioses et vieillissants, personnages british et réalisation élégante… tout dans Crimes à Oxford fait penser à cette fameuse série. Il est d’ailleurs amusant de constater que c’est finalement un réalisateur ibérique qui signe le film le plus anglais que j’ai pu voir depuis un certain temps.

On aurait pu craindre le pire, avec un script digne d’un Agatha Christie, avec un mystère un peu trop simple. En enrobant le tout d’une bonne dose de réflexions philosophique sur la réalité, la vérité et la perception des deux, d’une couche de culture mathématique et d’un soupçon de mysticisme Pythagorien la recette s’avère fort alléchante.

Leonor Watling joue une infirmière au centre d’un combat entre Martin(Wood) et Seldom(Hurt)

Déjà par son casting totalement vampirisé par John Hurt dans le rôle d’Arthur Seldom. A la fois brillant, imposant, génial et cachant finalement beaucoup de choses, ce mathématicien se retrouve toujours au milieu de l’intrigue, les pistes renvoyant incessamment vers lui. Son personnage réserve d’ailleurs quelques scènes savoureuses où il se dispute le cœur d’une jeune infirmière avec Martin (Elijah Wood), malgré la quarantaine d’années qui les sépare. Un personnage bigger than life que j’ai l’impression d’avoir déjà croisé dans ma vie de tous les jours. Bon casting de seconds rôles aussi, malgré une présence de Dominique Pinon un peu courte à l’écran, son personnage étant bâclé.

Arthur Seldom(John Hurt) déguisé en Guy Fawkes… Remember, remember the Fifth of November… c’est marrant ca me rapelle quelque chose…

Autre point fort, l’espèce de mythologie mathématique que de la Iglesia arrive à mettre en place. En situant son intrigue dans un univers de mathématiciens plus ou moins géniaux donc marginaux, on se retrouve dans un univers où les règles classiques ne s’appliquent pas. En effet comment peut-on arriver à piéger un esprit brillant qui semble toujours avoir un coup d’avance, et surtout qui commet des crimes quasiment imperceptibles, car sur des personnes sur le point de mourir ? Martin et Seldom se trouvent donc confrontés à un ennemi invisible cherchant à leur démontrer la toute puissance de sa thèse mathématique, basée sur le fait qu’un tueur à série peut tout à fait être logique et ne pas suivre d’émotions pour dicter ses choix.

Seldom donnant un cours réellement passionnant mêlant philosophie, logique et mathématiques

Sans être brillant, le film est définitivement agréable, à partir du moment où on accepte le postulat de départ délibérément anti tape-à-l’œil. Bon casting, énigme intéressante à résoudre, univers pour une fois original… reste à voir si ce film peut plaire aussi aux non mathématiciens…


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