Magazine Cinéma

Du très bon Bond (entre MacGyver et Jason Bourne, l’humour en plus)

Par Borokoff

A propos de Skyfall de Sam Mendes ★★★½☆

Daniel Craig - Skyfall de Sam Mendes - Borokoff / blog de critique cinéma

Daniel Craig

Rien ne va plus au MI6. Après que la dernière mission de James Bond (Daniel Craig) a échoué à Istanbul, plusieurs agents du Service de renseignements britanniques se retrouvent dangereusement exposés dans le monde entier. Dans la foulée, Silva (Javier Bardem), un mystérieux « hacker », fait sauter le siège du MI6, obligeant M (Judi Dench) à relocaliser l’agence dans des bureaux souterrains et cachés de Londres. Alors que Silva semble en vouloir tout particulièrement à M, l’autorité de cette dernière est remise en question comme son poste directement menacé par Mallory (Ralph Fiennes), le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. M n’a alors plus d’autre choix que de se tourner vers son vieil ami Bond, lequel a mal digéré une décision qu’elle a prise, le concernant, en Turquie…

23ème épisode de la célèbre série d’espionnage créée par l’écrivain britannique Ian Fleming (1908-1954), Skyfall permet surtout à Bond de souffler ses cinquante bougies. Pour cet anniversaire, et pas des moindres, le gâteau a été confié à Sam Mendes (American Beauty, 1999, Les Noces Rebelles, 2009) qui, sans aller par quatre chemins, s’en tire plutôt très bien. Jouant avec ironie sur l’exceptionnelle longévité de l’agent secret le plus populaire au monde, Mendes, que l’on n’attendait pas dans un tel registre (même s’il a confié que réaliser un James Bond était un rêve qu’il avait depuis son plus jeune âge) manie l’humour avec un art de la mise en scène assez maîtrisé pour rendre savoureux ce Bond, interprété pour la troisième fois de suite par Daniel Craig après Casino Royale et Quantum of Solace.

Javier Bardem - Skyfall de Sam Mendes - Borokoff / blog de critique cinéma

Javier Bardem

Vieillissant, Bond ? Evidemment, au bout de 50 ans. Mais Mendes s’amuse justement avec la tradition d’un James Bond qui doit vivre avec son temps tout en gardant ces bonnes vieilles méthodes à l’ancienne que l’on adore. Le réalisateur anglais, qui multiplie les clins d’œil aux précédents épisodes (retour des animaux prédateurs par exemple), ne renie pas non plus la coutume des amantes éphémères de James Bond (la Française Béatrice Marlohe qui campe Séverine est un hommage à La dame de Shangaï de Welles). Il n’hésite pas surtout à écorcher le mythe de Bond voire à le tourner en dérision le plus souvent en représentant par exemple l’agent 007 sous ses plus mauvais jours, chose assez originale et inattendue pour ne pas dire « shocking ». Mal rasé parfois, un peu trop porté sur la bouteille, indigent voire incompétent dans les tests d’aptitude sportifs, Bond a du mal à encaisser le coup de M qui a failli le faire tuer involontairement à Istanbul. C’est sur cette relation privilégiée entre deux « vieux de la vieille », deux collaborateurs de longue date, que le scénario, intelligemment, s’appuie, tout en revenant à des aspects plus traditionnels mais récemment révolus des James Bond, comme ces gadgets qui ont fait le succès de la série et le retour du personnage de Q (Ben Whishaw).

Les relations ombrageuses de Bond avec M vont de pair avec la découverte d’un passé peu reluisant chez la patronne du MI6, dont certaines décisions sans gloire entachent soudain sa réputation, rendant trouble voire obscur son personnage, ajoutant à la confusion générale et au discrédit dont elle souffre déjà auprès de Mallory.

Malgré quelques longueurs, Skyfall peut s’enorgueillir de scènes de courses poursuites et de combats à mains nues tendues et de haut vol, filmées de manière très enlevée, dans des paysages aussi exceptionnels (de Shangaï à l’Irlande en passant par la reconstitution des bureaux souterrains de Londres) que les éclairages de Roger Deakins, dont la représentation de l’Enfer, tout en ciels en feu et en lumières suggestives à la fin du film, fera très certainement date. Skyfall, au-delà de sa beauté plastique (scènes sur l’eau à Shangaï et de combat sous l’eau en Irelande), au-delà d’une sophistication visuelle qui renvoie parfois aux nécessités pour un héros de s’adapter à son époque, est joué par un Daniel Craig que l’on est certes en droit d’aimer (ou pas) dans la peau de James Bond, mais dont on doit reconnaître qu’il est un acteur extraordinaire, doué d’une palette de jeu aussi riche et diverse que celle de son comparse Javier Bardem, dont la prestation mémorable ici est dans la lignée du personnage inquiétant pour ne pas dire terrifiant qu’il campait dans No Country for Old Men des frères Coen (2007). L’humour et l’auto-dérision en plus dans Skyfall

http://www.youtube.com/watch?v=TjDGBvuLDFo

Film américain, britannique de Sam mendes avec Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Naomie Harris, Ben Whishaw (02 h 25)

Scénario de Neal Purvis, Robert Wade et John Logan d’après les romans de Ian Fleming : 

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Mise en scène : 

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Acteurs : 

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Dialogues : 

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Compositions de Thomas Newman, de Paul Epworth (chansons du film) et d’Adele (interprète) 

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