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Protection, une fanfic sur la série Sherlock : chapitre 12 / 24

Par Kaeru @Kaeru
Nous sommes déjà au milieu de l'histoire. Merci à ceux qui continue de la suivre :)
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Chapitre 12
Je me retrouve dans la rue. Le bruit de la circulation parvient à mes oreilles, comme étouffé par du coton. Comme si une déflagration avait momentanément assourdi la ville, rendu mes organes incapables de fonctionner. L'image rémanente de sa silhouette élancée qui disparaît dans l'escalier. Ses pas feutrés, légers, puis le silence. Moi, planté sur le trottoir, hébété.Je me retrouve dans la rue, à marcher comme un zombi. Une seule pensée cohérente. Sherlock m'a embrassé. Je connais le chemin. Mon cerveau est off. Réfléchir plus tard. Sherlock m 'a embrassé ?!Pourquoi ? Ok, la question est idiote. Je ne suis pas idiot. Pas à ce point.Sherlock m'a embrassé ?!Vraiment embrassé.

Protection, une fanfic sur la série Sherlock : chapitre 12 / 24

I let the cat out of the bag... Illustration de Anne Jacques


Il est 18 h passées et le jour commence à décliner. Au loin, les nuages se teintent d'un rouge trop vif et le ciel se dégage par l'ouest. Quelques mouettes planent dans le ciel, elle vont probablement piquer leur pitances aux canards trop gras de Regent's Park. Il y a du monde dehors. Des gens qui rentrent chez eux, à pied, comme moi. Je croise une femme d'origine indienne, ou pakistanaise, qui accompagne une smala d'enfants bien blancs. Une nounou. Un couple âgé se chamaille gentiment devant une carte de la ville, je m'éclipse avant qu'ils me demandent leur chemin.
Sherlock m'a embrassé.
Mon sac de sport négligemment jeté sur l'épaule, j'arrive au bâtiment moderne qui abrite un complexe d'activités. C'est ici que je fais le tang soo do. J'avais envie de tester un nouvel art martial. Avec des pratiquants moins bourrins que ceux qui s'adonnent au pankras et au tae kwon do. Je n'ai plus vingt ans... Une bonne suée, voilà de quoi me changer les idées. De quoi chasser les yeux trop clairs de Sherlock. Le souvenir du contact trop bref sur mes lèvres.Il m'a embrassé.Des implications que je ne comprends pas. Que je n'ose pas déduire.
Feinter. Taper. Feinter. Taper. Se manger une bonne beigne de temps en temps. Frapper jusqu'à avoir mal aux articulations. Sentir tout son corps s'alléger, suivre. L'odeur de la transpiration pique mes narines. Après le cours, et l'entraînement en binôme, j'ai décidé de prolonger un peu la séance. Pousser le mouvement, être plus vif.Jusqu'à ce que l'entraîneur vienne me sommer d'arrêter.— Hey ! Watson, tu t'es encore fait plaquer ou quoi ?Je secoue la tête à la négative. Je reprends mon souffle. Le coup de mon pied droit me fait mal.— Juste besoin de me vider la tête...— Ça suffit pour aujourd'hui. Assez usé tes gants et tes chaussures. Va à la douche.J'acquiesce.— Je termine bientôt, ça te dis qu'on aille se vider une pinte ?Le coach est un ancien militaire. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai choisi ce club.— Merci, mais pas de pub ce soir. Je suis attendu.Je sais que j'ai un sourire con. L'eau glacée me le lave du visage avec une efficacité redoutable. Quand je sors des vestiaires, je remarque que j'ai trois appels en absence. Molly. Et un texto de Sherlock. « Achète du lait ».
Je décide de faire un détour, d'aller vérifier qui, des mouettes ou des canards, s'engraissent le plus. La nuit est tombée.Je croise quelques joggers courageux qui bravent l'air humide de cette fin septembre bien fraîche. L'automne se lit déjà dans les feuilles rabougries. L'été a été trop sec. Les plantes ont souffert. Comme à chaque canicule, Barts a eu un surcroît de patients. Je me souviens soudain que j'ai prévu de sortir avec Mike ce samedi soir. J'envoie un message pour annuler. Un banc abandonné face au lac sombre me fait de l'oeil. Je m'assieds.— Molly ? Tu as essayé de me joindre.Sa voix me paraît lointaine. Dans la rue probablement.— Oui, je voulais discuter un peu... Je voulais m'excuser en fait. Je n'ai pas eu le courage de le faire en face.Ses phrases sont entrecoupées, hachées par le raffut des klaxons et des moteurs de deux roues. Elle est sur une avenue, une artère passante. Pourtant, j'entends clairement les hésitations dans sa voix. Sa crainte aussi.— T'inquiète Molly. On aura tout le temps de discuter plus tard. Je voulais m'excuser aussi...— Hein ? Enfin, pourquoi ?— Pour ne pas t'avoir prévenu qu'il était revenu.Rapidement, parce que sinon, je n'aurai pas le courage, j'ajoute :— Je ne t'en veux pas. Tu l'as aidé quand il en avait besoin. Vu la situation, toi seule pouvais l'aider. Il m'a expliqué. Je le comprends.
Elle ne peut pas voir mon visage, soudain crispé. Mes yeux certainement brillants. La nuit est mon amie. Ma voix donne une illusion de contrôle. Pourtant, je suis sincère. Derrière Molly, j'entends d'autres voix féminines, joyeuses. Un brouhaha qui s'amplifie.— J'aurai tellement voulu te dire – une inspiration précipité et elle s'adresse aux auteurs de la conversation en fond « c'est un coup de fil important, laissez-moi deux minutes, je vous rejoins » – j'aurai vraiment voulu tout t'avouer. C'était tellement lourd. Je crois qu'il pensait qu'il mourrait vraiment. Qu'il ne pourrait pas résoudre son problème sans se sacrifier. Il voulait te protéger John. Tout ça, tous ces mensonges, c'était juste pour te protéger.— Je sais.Cette fois, ma voix vacille. Je me ressaisis, et affirme d'un ton neutre :— Le risque était réel. C'est réglé maintenant. Je suis navré, je te dérange hein ?!— Une soirée entre filles ! Si tu veux, je peux venir maintenant, pour t'expliquer et...— Non, je l'interromps avec fermenté. C'est réglé Molly. Il est de retour et tu n'as plus à... Le grand secret de la fausse mort du seul et unique génial détective consultant de la planète est révélé. Ou le sera demain, je pense, auprès de la police. Donc ce soir amuse toi ! Lestrade viendra te questionner bien assez tôt.— Tu crois que je vais avoir des ennuis ?— Non. Je suis certain que Sherlock donnera des explications satisfaisantes. Tu n'auras aucun problème !— Mon dieu. Je me sens égoïste d'un coup. Je t'ai menti, et là je...— Molly, calme toi. Tu n'as pas à t'excuser. Tu l'as aidé. Le mieux possible. Je suis content que tu sois libérée. Alors, amuse toi, profite de ta soirée. Et sois raisonnable hein. Ne brise pas trop de cœur ce soir !— Merci John.Quand elle raccroche, j'entends les larmes dans sa voix. Du soulagement. Du remord ?
Je contemple les eaux noires. Je ne ressens rien. Même plus ce sentiment très moche de trahison. Je reste un moment, les yeux rivés sur la surface parfaitement placide alors que les ténèbres de la nuit envahissent tout. La lumières orange des lampadaires donne un aspect bizarre au paysage. Il est temps de rentrer, d'affronter mon colocataire et ses douces lubies.
Retourner au 221 B Baker Street me demande un courage rare.Copyright : Marianne Ciaudo

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