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A paraître en novembre 2012 : Un livre sur l'invention du camouflage moderne

Par Theatrum Belli @TheatrumBelli

"Tromper l’Ennemi – L’invention du camouflage moderne en 1914-1918" met en lumière l’ingéniosité de ces artistes soldats qui ont mis leur talent au service de la France, à un des moments les plus critiques de son histoire. 300 documents rares ou inédits, des photos étonnantes illustrent le récit de Cécile Coutin et font découvrir un aspect méconnu, et passionnant, de la Grande Guerre.

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Contre toute attente, la guerre sera longue. Les troupes s’immobilisent et les tranchées se creusent pour abriter les poilus. La guerre de mouvement se mue en guerre de position. Les soldats français alors vêtus d’uniformes aux couleurs vives sont des proies faciles pour l’ennemi. Être invisible, voir sans être vu, allait s’imposer comme un enjeu vital pour les hommes en première ligne.

L’armée française est la première à créer une unité spécialisée : la section de camouflage voit le jour en février 1915 et emploie rapidement quantité de « camoufleurs » – souvent des artistes dans le civil – peindre des matériels militaires pour les rendre invisibles ou fabriquer des leurres de toute nature. Reconnue pour son efficacité, elle sera bientôt organisée de manière industrielle pour répondre aux demandes, toujours plus nombreuses, venant des unités du front. Elle compte, en 1918, 3000 soldats et près de 10 000 ouvriers – principalement des femmes et des travailleurs annamites – et joue un rôle essentiel, ses réalisations permettent de réduire le nombre de victimes, et contribuent ainsi à la victoire française.

La section de camouflage de l’Armée française regroupe des artistes de tous horizons, particulièrement des décorateurs de théâtre rompus aux effets de trompe-l’oeil, et des peintres cubistes aptes à la déformation de la réalité. Ainsi, le pastelliste Guirand de Scevola explique : "J’avais, pour déformer totalement l’objet, employé les moyens que les cubistes utilisent pour le représenter, ce qui me permit par la suite d’engager dans ma section quelques peintres aptes à dénaturer n’importe quelle forme." Les cubistes et le camouflage poursuivaient un but similaire: intégrer la figure au fond, l’objet à son environnement.

Rapidement, les uniformes passent du rouge garance et bleu roi à des tons plus neutres, le matériel militaire adopte des camaïeux naturels se fondant aux décors environnants. Les arbres abritent des observateurs, les ponts disparaissent, les villes se déplacent, les rivières s’enfouissent, des attaques sont simulées grâce à des poilus en carton-pâte… Tous ces stratagèmes étonnants sont échafaudés par cette unité pour désorienter et tromper l’ennemi !

Editions Pierre de Taillac, format 22,3 x 29.7 cm, 240 pages, 35 euros

L’auteur : Cécile Coutin est conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France, département des Arts du spectacle, où, depuis 1990, elle est responsable du fonds de maquettes de décors et costumes. Auparavant, elle a été conservateur du Musée d’Histoire contemporaine (B.D.I.C., Universités de Paris) pendant 18 ans. Elle est l’auteur d’une thèse de doctorat en histoire de l’art sur le peintre et dessinateur Jean-Louis Forain, l’un des fondateurs de la section de camouflage, et de plusieurs articles, brochures et conférences sur le camouflage en 1914-1918.


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