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Pourquoi le coût du travail est une belle excuse

Publié le 01 novembre 2012 par Juan
Pourquoi le coût du travail est une belle excuse
Evidemment, ce n'est pas un complot. Sans doute n'est-ce qu'une coïncidence.
En ce début du mois de novembre 2012, une immense amnésie collective avait frappé la quasi-totalité du patronat, une fraction (heureusement minoritaire) de la gauche de gouvernement, et, comme souvent, quelques hordes de journalistes balbutiants.

La France de cette époque-là était toute entière stressée par son coût du travail.
Il y avait cette tribune, de 98 grands patrons de (forcément) grandes entreprises, publiée un dimanche dans l'hebdomadaire de l'un d'entre eux. Il y avait ces couvertures et grands titres du Figaro (propriété d'un autre), du Point (d'un troisième) ou de l'Express (un quatrième). D'affreuses télévisions d'information convoquaient des spécialistes pour expliquer aux masses (qui les regardaient peu) combien elles coûtaient cher. Sur Europe 1, mardi soir avant 20 heures, la station d'un autre industriel laissait trois experts éructer contre ce fichu problème de compétitivité.
Il y avait du TINA(*) dans l'air.
Le commun des salariés ne savait plus à qui il devait se comparer: les Chinois ou les Roumains ? Les Allemands étaient encore si proches. Les Marocains travaillaient plus durs en se taisant.
Puis certains d'entre nous se sont souvenus.
Le 15 septembre 2008, une banque d'affaires séculaire dénommée Lehman Brothers faisait faillite. Même en France, à l'époque baptisée Sarkofrance, notre monarque fustigea des mois durant cette finance incontrôlable qui aurait provoqué la Grande Crise. Des centaines de milliers d'emplois furent supprimées en quelques mois. Des manifestations d'angoisse obligèrent le Président des Riches de lâcher quelques assouplissements sociaux. Le même pensait encore, l'été précédent, installer rapidement des subprimes à la Française. Depuis le début de l'année 2007, cette incroyable effondrement de l'endettement spéculatif menaçait de s'effondrer mais notre ancien monarque et sa brillante équipe ne voyaient rien.
Mais ils nous parlaient déjà du coût du travail. 

En 2008 et après, les prix des matières premières, et notamment énergétiques, flambaient déjà depuis une décennie. Nulle surprise à cela. La demande, en particulier des pays émergents, explosait. Mais ces ressources, elles, étaient finies. Là encore, le coût du travail de nos pauvres salariés français n'étaient nulle envisagé, évoqué, mentionné.
Puis, nous nous sommes souvenus que les pays dits émergents n'étaient pas mieux lotis. La croissance, même au Brésil, patinait. La pauvreté, surtout en Chine, devenait endémique. Les révolutions, en Egypte ou en Tunisie, avaient marqué. Quel était donc le modèle que ces zélotes supporteurs d'un coût du travail rabougri voulaient nous voir accepter ?
La quatrième hypocrisie de ce débat sur le coût du travail, lancé à grand renfort marketing, est le timing. Pour la première fois depuis une décennie, nos députés ont voté un projet de loi qui taxe davantage et en cascade toutes ces facilités financières qui pourtant ont contribué au désastre du tout-placement-boursier: dividendes, stock options, plus-values mobilières, etc.
Et comme par hasard, voici que l'on nous explique que cet effort national, certainement incomplet, de redressement national et fiscal, sera mauvais pour le « biz-ness» puisqu'il sabrerait trop durement celles et ceux qui disposent de capital prêt à l'investissement productif.
Ben voyons.
Parfois, la ficelle est si grosse...
(*) There Is No Alternative (Il n'y a pas d'alternative)

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