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Fêtes de la toussaint ! Une omélie du Révérend Père Yves Gillot !

Publié le 01 novembre 2012 par Halleyjc

En ces jours de recueillement, comment ne pas penser à nos chers disparus ! Disparus, mais bien présents dans nos pensées, dans notre amour, dans notre amitié, dans notre affection, dans tous ces sentiments qui nous lient corps et âme à eux pour toujours. Ami visiteur je vous propose cette homélie du Révérend Père Yves Gillot qui date déjà de 2 ans. Les quelques éléments temporels se laissent facilement remplacés par les faits actuels. Bonne lecture et Joyeuse méditation !

Fêtes de la toussaint ! Une omélie du Révérend Père Yves Gillot !
Frères et sœurs,

La fête de la Toussaint nous ramène chaque année à nous poser une question importante : avons-nous un avenir ? Et si cet avenir existe, qu’est-ce qu’il est ?

Quel parent, quel éducateur n’a pas dit à un enfant un jour pour le stimuler au travail : « Mon garçon, ma fille, pense à ton avenir ». Les parents, les éducateurs sont en effet les mieux placés pour dire cela parce qu’ils aiment leur enfant, parce qu’ils ont aussi l’expérience que l’avenir, ça se prépare.

La Mère Eglise de la même manière est aussi bien placée pour nous interpeller aujourd’hui sur notre avenir. Chaque fête de la Toussaint fait rebondir cette question : quel est notre destin ?

Concernant ce destin de l’humanité, i.e l’aboutissement de notre vie, tout le monde n’est pas d’accord sur son sens et son contenu. Il y a en effet des grands courants de pensée qui traversent le monde, des grands courants de pensée qui proposent une certaine vision de l’avenir autre que celle du Christianisme. Il ne faut pas donc pas les ignorer car ces grands courants de pensée modèlent toujours des mentalités et mobilisent des énergies sociales et politiques.

Pour certains (cela peut vous étonner, mais c’est bien ainsi) le bonheur, l’avenir (j’allais dire presque le paradis) c’est tout simplement l’espoir de manger chaque jour un bol de riz ou grignoter quelques racines. Manger à sa faim pour des gens qui n’ont rien, au long des jours et des semaines, c’est un véritable rêve. L’avenir pour eux, c’est tout simplement ce qui peut exister de meilleur : pouvoir se nourrir et vivre. Et ce rêve-là les mobilise, tendus qu’ils sont de toutes leurs forces, vers la satisfaction de cette faim. Pour d’autres personnes, l’avenir c’est d’être libre. Pouvoir vivre dans la tranquillité et la paix. Des gens qui vivent chaque nuit dans la peur d’être tué ou violé, (comme par ex. ces deux journalistes séquestrés en Afghanistan depuis plus de 300 jours,) quel avenir pour eux, sinon l’espoir d’être libre, et de goûter un jour la tranquillité et la paix ?

Il y a un autre courant de pensée qu’on peut qualifier d’antihumaniste. Pour ce courant-là, l’humanité n’a pas d’avenir. Incapables de faire le bien, voués au désordre et à la pagaïe, nous courons au grand galop vers le néant. C’est un courant pessimiste. Concernant notre destin, et les réponses qu’on donne, on en est resté donc à des balbutiements, à des demi-vérités. Finalement il n’y a que Dieu qui parle bien de l’homme. Et c’est ce qu’il dit qui est l’objet de notre Foi. Or la foi chrétienne nous guérit d’un incroyable aveuglement qui consiste à confondre le bonheur de l’homme avec la possession de quelque richesse. Elle nous guérit de l’aveuglement qui donne l’illusion que le progrès a les moyens de nous donner tout ce dont aurons besoin au point de nous passer de Dieu. Et voilà, qu’avec les quelques gadgets qui nous amusent, nous avons progressé à l’envers i.e. dans l’art de nous tuer, de nous détruire. Mais nous ne sommes pas sans point de repères dans notre marche humaine. La fête de la Toussaint est pour nous chrétiens justement un point de repère. St. Jean l’Evangéliste, de l’île de Pathmos où il écrivait sa vision de l’avenir du monde et de l’Eglise, se fait notre guide sur les sentiers du futur vers lequel nous allons : « un ciel nouveau et une terre nouvelle ». La vraie dimension de notre existence est entrevue dans cette fête de tous les saints. Sans déserter nos responsabilités et nos tâches terrestres, l’Eglise nous dit : « Mon enfant pense à ton avenir ! » Le véritable but de notre vie n’est pas cantonné au présent et au matériel. L’avenir de l’homme n’est ni informatique ni médiatique. Il est auprès de Dieu.

Il y a quelques année de cela, en 1960, le Pape Paul VI pendant le Concile, s’était rendu à l’assemblée de l’ONU et disait aux chefs d’Etat : « l’Eglise est experte en humanité ». Experte pourquoi et comment ? Parce que l’Eglise a une belle parole à dire sur l’homme et sur son destin, sur sa vocation et sur sa responsabilité. Une belle parole sur l’homme, parce que la personne humaine est sacrée. L’être humain n’est pas une chose parmi les choses, n’est pas une marchandise parmi les marchandises. Le désordre qu’il y a dans le monde, il faut le chercher principalement dans le mépris de l’homme pour ses semblables, dans l’offense faite à Dieu parce que offense faite à la personne humaine, lorsque des innocents sont tués dans le ventre de leur mère, lorsque des gens meurent de faim et de violence.

L’espérance qui est au cœur de cette fête de la Toussaint s’enracine dans le temps présent. C’est le sens des béatitudes de l’évangile : « Heureux qui ont faim et soif de justice, heureux ceux qui pratiquent la miséricorde, la douceur, la paix, heureux ceux qui ont un cœur de pauvre. Qui sont-ils ces pauvres ? Sinon ceux qui n’ont pas le cœur encombré par tous ces biens de consommation qui masquent les enjeux réels de la vie, et font perdre de vue l’essentiel. A peine réveillés le matin, nous voilà sollicités par la pub qui s’efforce de nous convaincre qu’on ne peut être heureux sans la dernière marque de machine à laver, la dernière marque de lessive, ou la dernière marque de voiture. Le bonheur est à portée de votre main, nous dit-on. Il suffit d’acheter maintenant, vous paierez plus tard. « Heureux les doux ». Mais la douceur évangélique n’est pas synonyme de faiblesse et de passivité. Il faut se battre au contraire contre le stress, la déprime, le dégoût et l’agression. Le doux Jésus de nos images de 1° communion s’est fâché lorsqu’il a pris des cordes pour chasser les vendeurs du temple. Il n’a pas accepté non plus d’être giflé par le grand prêtre au cours de son procès. Au contraire il a fait remarquer à ce dernier, qui venait de lui administrer cette gifle : « si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »

Tous ces saints que nous célébrons, ils ont vécu au mieux les béatitudes de l’Evangile. Parmi eux, il y a des visages aimés, ceux de nos parents et de nos amis dont la foi et l’amour les ont portés jusqu’à Dieu. L’Eglise ne nous présentent pas les saints comme de précieuses archives. Elle nous les propose comme nos compagnons de route aujourd’hui. Prions-les donc de nous aider à entrer dans cette foule immense des bienheureux pour chanter l’amour sauveur de notre Dieu. Amen.

Fêtes de la toussaint ! Une omélie du Révérend Père Yves Gillot !
Petit cadeau : http://www.youtube.com/watch?v=wyLjbMBpGDA


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