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CLIP DU JOUR : Yan Wagner – Forty Eight Hours

Par Misteremma @misteremma

Avec un tel patronyme, Yan pouvait-il échapper à une carrière de musicien ? Belle gueule au regard pénétrant comme il s’affiche sur la pochette de son premier album, Forty Eight Hours, Yan Wagner s’est révélé, en 2010, aux critiques et au public par un single dont le titre entrait en pleine résonance avec la crise économique (Recession Song, entêtante ritournelle pop aux motifs électroniques).

De premières parties prestigieuses (Air, Goldfrapp, Hercules & Love Affair, Midnight Juggernauts, etc.) en remixes inventifs (Blackstrobe, Étienne Daho, Juveniles, Thieves Like Us, Splash Wave…), ce Franco-Américain, qui imagina un temps devenir pianiste de bar, commence à se faire un prénom dans l’Hexagone. Après une année passée à New York (dont le maxi Turmoil paru en début d’année sur le label Uno NYC est un parfait témoignage), le Parisien autodidacte compose, entre deux jobs alimentaires, une quinzaine de titres qui dessinent un univers (éclectique) et affirment une voix (blanche). Car toute la singularité de Yan Wagner tient dans sa posture d’électronicien qui chante et qui refuse de se cacher derrière ses machines. Autrement dit, un chanteur de pop électronique. En citant des références aussi diverses que D.A.F, Philip Glass ou DJ Hell, il lève seulement un pan de sa discothèque. Pour peaufiner son album, Yan Wagner doit trouver un producteur à l’écoute et à la culture large. Pionnier inclassable de la french touch, Arnaud Rebotini (Zend Avesta, Black Strobe) s’impose à lui avec son double mètre et sa mélomanie XXL. Ensemble, l’osmose est totale, le rapport fraternel et les discussions interminables au sujet de Underground Resistance, Herbie Hancock ou de Tangerine Dream.

Si la thématique temporelle du disque est déjà arrêtée – comme l’annonce l’explicite titre Forty Eight Hours, premier single choisi aux réminiscences New Order –, Yan Wagner s’en remet à l’expertise d’Arnaud Rebotini dans son studio du XVIIIe arrondissement. Là-bas, ils empilent les boîtes à rythmes (TR-808, TR-909) et les synthétiseurs vintage. Gardant à l’esprit le modèle d’Exit Planet Dust (1995) des Chemical Brothers comme premier album accompli, Yan Wagner trouve la bonne formule, entre pop mélodique et production technoïde. “Je ne voulais pas d’un son estampillé 2012 pour que mon disque puisse résister à la patine du temps”, résume-t- il. “Pour le reste, j’ai écrit les paroles en buvant du vin rouge”.

Au milieu de titres accrocheurs comme Forty Eight Hours, donc, Vanished, Elementary School et Follower, qui font parfois entendre l’influence inconsciente de Depeche Mode, des morceaux comme Le Spleen de l’officier (un slow contemplatif), Stranger In Town (un pied dans le funk) ou The Only One (un irrésistible duo bilingue avec Étienne Daho) dévoilent d’autres facettes de Yan Wagner, qui pourront surprendre ceux qui connaissent seulement le DJ nocturne en clubs.

Cette dualité trouve son prolongement dans le choix bigarré des reprises qu’il interprète en concert : Les Nuits de la pleine lune d’Elli & Jacno, Brothers de D.A.F et bientôt Some Velvet Morning de Lee Hazlewood. D’ailleurs, il va étoffer sa formule scénique, en s’entourant d’un claviériste et d’un “machiniste” pour endosser pleinement son statut de chanteur. “Ce n’est pas une fatalité d’être seul sur scène, mais c’était une nécessité d’en passer par là”, reconnaît-il.

Chaleur pop, voix sombre et moiteur dancefloor sont les maîtres mots de Yan Wagner, jeune homme moderne prêt pour le décollage.


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