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[Critique] BE BAD !

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] BE BAD !

Titre original : Youth in Revolt

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Miguel Arteta
Distribution : Michael Cera, Portia Doubleday, Jean Smart, Steve Buscemi, Ray Liotta, Rooney Mara, Zach Galifianakis, Erik Knudsen, Adhir Kalyan, Fred Willard, Justin Long, Ari Graynor, Jade Fusco, Lise Lacasse, M. Emmet Walsh, Mary Kay Place…
Genre : Comédie
Date de sortie : 1er septembre 2010

Le Pitch :
Nick Twisp, 16 ans, craint de mourir puceau. De plus, sa vie n’a rien d’enviable, entre une mère légèrement nymphomane, un beau-père insupportable et un père à la ramasse. Tout change lorsqu’il rencontre, au cours de vacances improvisées, la belle Sheeni, coincée de son côté dans une famille bigote. Pour Nick, c’est le coup de foudre et dès lors, il n’aura plus qu’un seul objectif : conquérir Sheeni. Même si cela implique de changer du tout au tout. Pour cela, il s’invente François Dillinger, un alter-égo tête brulée qui va le guider dans sa quête de l’amour…

La Critique :
Il y a globalement deux sortes de films qui traitent de l’adolescence : les longs-métrages un peu bas du front essentiellement centrés sur les blagues salaces, et les films plus cérébraux, audacieux, décalés, qui parlent aussi de sexe, mais qui assaisonnent leur propos d’une large dose de poésie. Les deux ne sont pas foncièrement incompatible et de très bons mélanges ont vu le jour. En soi, pour résumer, un American Pie peut être très drôle, en montrant 1h30 durant des types qui cherchent à coucher avec un max de nanas, tandis qu’un autre film, comme Supergrave, peut aussi être hilarant, en traitant plus finement des tourments de l’adolescence, sans pour autant cracher sur les bonnes vannes bien vulgaires, avec une nette tendance pour celles qui tachent.

Be Bad ! se situe dans la seconde catégorie. Pour résumer, oui, on peut dire que Nick, le héros du film veut niquer. Quoi qu’il lui en coûte. Le truc, c’est qu’ici, il ne veut qu’une nana. Une blonde délurée qui aime, comme lui, la musique vintage et la culture. Avec une préférence pour tout ce qui touche à la Nouvelle Vague du cinéma français et la musique qui va avec. Comme le récent Elle s’appelle Ruby, Be Bad ! fait la part belle à la culture française, avec ses références appuyées à Belmondo et À bout de souffle et à Gainsbourg. Nick adore aussi Sinatra et la littérature. L’image qu’il se donne le situe aux antipodes de celle de son entourage. Quand il rencontre Sheeni, sa vie change et il se remet en question. Une remise en question qui prend alors l’apparence de François (prénom français donc), un type qui n’a pas froid aux yeux et qui n’hésite pas à défier la loi pour métamorphoser le gentil Nick, en bad boy sulfureux.
À l’écran, ce n’est pas un Michael Cera (vu dans Supergrave et Scott Pilgrim), mais deux qui évoluent dès lors que le héros prend les devants pour mener à bien sa quête amoureuse. Comme l’indique le titre, Nick devient mauvais. Il vole des voitures et met à feu (mais pas à sang) tout un quartier de sa bourgade. Le stratagème que le protagoniste utilise pour séduire sa belle est l’idée principale du film. Pourtant, ce n’est pas la meilleure.
Certaines séquences, où François dicte à Nick ses mots et sa conduite, sont certes savoureuses, mais là n’est pas tout le sel d’une œuvre qui brille avant tout par son décalage, propice à diffuser une émotion solide et un humour qui l’est tout autant.

Un décalage qui utilise le charisme plus costaud qu’il n’y parait d’un Michael Cera parfait. Bon, c’est certain, le jeune comédien fait ici ce qu’il fait le mieux, à savoir le type qui veut coucher sans y parvenir et qui aime à croire que son intelligence est supérieure à la moyenne. Cera traine sa démarche nonchalante tout au long du film et semble contaminer la tonalité de l’ensemble.
Les autres comédiens (la distribution est impressionnante), font également du très bon boulot, à commencer par la nouvelle et déjà très recommandable Portia Doubleday, dans le rôle de la muse du héros. Une actrice qui ne dénote pas dans un décors doux-amer, assez proche par certains aspects de celui de Napoleon Dynamite. Pour autant, jamais Be Bad ! n’ose aller aussi loin dans le décalage que Napoleon Dynamite. Il garde son identité, à mi-chemin entre le film grand public et le trip indépendant en forme de réflexion pertinente sur la quête de l’amour et plus largement, de l’adolescence. C’est très bien comme ça. À l’instar de son héros, le film ne ressemble qu’à lui même. Un réceptacle d’influences bien digérées, pas révolutionnaire, amusant, touchant et poétique par moments.
Le casting quatre étoiles constituant une belle valeur ajoutée. Steve Buscemi en père largué, Jean Smart en mère nympho, Ray Liotta en flic quetard, Zack Galifianakis en beau-père à côté de la plaque ou encore Rooney Mara en étudiante ultra-séxuée, tous semblent comprendre la démarche du film. Un film adapté du roman de C.D Payne. Payne qui était déjà l’auteur du bouquin qui avait débouché au cinéma sur Belles à mourir. Un film très sympa au demeurant. Et Miguel Arteta, qui a réalisé Be Bad !, il avait fait quoi avant ? Et bien rien de moins que l’un des meilleurs films avec Jennifer Aniston post-Friends, à savoir The Good Girl. Un type qui avait dès 2003 tenu à aller à l’encontre de l’image qui aujourd’hui encore poursuit l’ex-Rachel de la série culte. Pas étonnant que Be Bad ! cherche constamment à imposer son propre ton. Ça ne fonctionne pas tout le temps, mais suffisamment pour faire du film, un divertissement plus que recommandable, qui provoque le rire sans sonner creux.

@ Gilles Rolland

[Critique] BE BAD !

Crédits photos : Bac Films


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