
« Écriras-tu un livre sur moi ? » me demanda Marc.C’était l’heure après l’amour. Nous étions étendus dans les hautes herbes, sur le penchant de la colline, sous le soleil généreux. Le ciel, sur nos têtes, s’étirait vers un horizon sans bornes. Nous étions entourés de rocs de granit, de fougères et de myrte nain. Au pied de la colline s’étendait la mer bleue, ridée, solitaire, sans une voile dans l’infini après-midi printanier. Nous parlions calmement, détachés de nous-mêmes. Paroles prudentes, circonspectes. Nous parlions de ce qui ne nous faisait plus souffrir à ce moment-là. Lucidement, nous spéculions sur l’absence, sur notre séparation et sur nos univers qui se morcelaient en fragments de plus en plus épars. Nos voix étaient désincarnées et calmes, des voix que nous prenions seulement à l’heure qui suit l’amour.« Il se peut que j’écrive quelque chose sur toi, répondis-je, mais pas maintenant. En ce moment, je suis trop pleine de joie pour ne pas me contenter de vivre, en te sachant sans cesse présent en moi, ce qui m’emplit d’allégresse. Si tu me quittais, peut-être, ou pour quelque autre bonne raison, je pourrais écrire un livre sur toi. »